12e forum international de la bande-dessinée de Tétouan

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Tétouan by night. Une ville entière qui respire au rythme du match Real Madrid / Bayern de Munich. Des cafés remplis d’hommes (aucune femme) les yeux rivés sur l’écran de télévision. Dans la médina, odeurs de savon noir, d’épices, de cannelle, de café torréfié, de viande, de tannerie. Il fait 13°. Il pleuvote. On imagine les mêmes odeurs, déjà à la limite du supportable, amplifiées par la chaleur de l’été nord-africain. La ville grimpe à la montagne comme les favelas de Medellín. Les maisons andalouses ont un charme certain, avec leurs magnifiques portes. Envie de pâtisserie, de dattes. Pour boire du vin, il faut aller dans les restaurants espagnols (conseil d’un autochtone), visiblement les seuls habilités à vendre de l’alcool. Presque tout le monde s’adresse à moi en espagnol. Il faut dire que les nombreux touristes (certains emmitouflés comme aux sport d’hiver) sont quasiment tous de cette nationalité. Il est 22h15 heure locale ; la ville commence à s’apaiser un peu. L’hôtel est tellement bien insonorisé que j’ai l’impression que les murs sont en papier toilette.

Banlung et ses environs / A.K.A le Ratanakiri

Banlung est la « capitale » du Ratanakiri. Cette province, la plus au nord-est du Cambodge, au nord du Mondolkiri (et ses fameux éléphants), partage une frontière avec le Laos et une autre avec le Viêt-Nam. La ville de Banlung en elle-même a très peu d’intérêt et se révèle très peu conçue pour les touristes : quelques hôtels confortables et a prix raisonnable (comptez 15 à 20 euros pour l’équivalent d’un trois étoiles en France, avec une chambre sensiblement plus grande), quelques restos avec de la « mauvaise » cuisine occidentale (quiconque n’a jamais essayé de manger une pizza au Cambodge ignore ce qu’est l’horreur absolue), aucun magasin « touristique ». J’ai dû aller au Yeak Laom Lake pour trouver les chemises traditionnelles que m’a commandées mon fils cadet (essayage sur un enfant de la taille en dessous, pas trouvé d’enfant d’1m31 sur place).

 

yeakLaomLake

Donc Banlung, ça n’a pas grand intérêt, c’est assez moche, en dehors du quartier du lac où se trouvent certains des meilleurs hôtels et restaurants de la ville (c’est là que j’ai pris mes quartiers dans une « luxueuse » pension de famille dont je suis sensiblement le seul client depuis mon arrivée – l’électricité marche quand elle veut, pareil pour le wi-fi, et c’est pareil dans toute la ville). Une des particularités de Banlung c’est d’avoir un aéroport à l’abandon en plein centre-ville, c’est à dire une sorte d’immense terrain vague (de la taille d’un aéroport de province), juste à côté du marché central (un truc absolument impensable dans un pays d’Europe).

 

Yeak Laom Lake (aussi appelé Crater Lake)

Ce petit lac circulaire se trouve à 6 km du centre-ville de Banlung, je les ai faits à pied, mais la route n’est pas agréable (on longe la route 78 vers le Viêt-nam sur 4 bons kilomètres avant de bifurquer à droite au niveau de la « statue des éthnies » ; le carrefour s’appelle comme ça. Et visiblement il n’y a pas de route alternative.

Dans un magasin (donc un cube de béton vide dans lequel sont entreposés quelques marchandises en vrac), j’ai pu voir des « ruches artisanales », de simples seaux en plastique dans lesquels ont été placés des essaims. Les 500 ml de miel sont facturés 10 dollars, inutile de marchander, le prix est le même partout.

Ce qui m’a fasciné dans cette histoire c’est que je me suis baladé au milieu des ruches, guidé par la vendeuse de miel, et donc au milieu des abeilles sans qu’aucune vienne me piquer. Les enfants jouaient à côté, les chiens prenaient le soleil à côté. Et ça grouillait d’abeilles. Faut croire que l’abeille cambodgienne est zen ou que Maya est sa série télé préférée.

 

Il y avait de la brume sur le lac

Lac au petit matin (8h00). L’endroit, d’origine volcanique est considéré comme sacré, il faut être particulièrement respectueux.
Jusqu’à l’arrivée des bus de touristes (vers 11h00), c’est l’endroit le plus zen au monde. Après ? Il est temps de fuir, surtout quand on commence à entendre parler les gens en français qui se plaignent des lits trop durs, de la nourriture trop épicée ou « de cette putain de chaleur intolérable ».

gamine au bord du lac

Gamine du coin qui va passer son temps à plonger dans le lac depuis les arbres. Personnellement, j’ai fait trempette, mais on se fait picoter/dévorer par de minuscules crevettes d’eau douce particulièrement sous-alimentées.

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Non ce n’est pas un singe en t-shirt dans l’arbre…

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Oui, vous ne rêvez pas, elles « visent » entre les deux bouts de bois. Elles étaient trois à jouer ce jeu-là. La plus petite avait huit ans (et parlait un anglais tout à fait correct), mais elle a refusé que je la prenne en photo : dans son ethnie, on pense qu’on meurt / tombe malade quelques jours après avoir été pris en photo. C’est une croyance assez répandue dans le Ratanakiri et des villages entiers refusent les touristes car ils prennent des photos sans permission, donc sans respecter les croyances locales.
Je suis resté une bonne heure avec elles, la plus lourde devait faire 20 kilos (toute mouillée), je me suis dit au pire si elle se pète une jambe sur un des bouts de bois, je pourrais la porter jusqu’au poste de secours. Mais en fait, en discutant avec elles, j’ai compris qu’elles faisaient ça tous les jours, pour leur plaisir, avant ou après l’école. Il y a aussi des cordes à nœuds, plus loin où elle ont fait Tarzan.

 

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Hut for rent. Bord du lac. J’ai fui les touristes dès leur arrivée pour faire le tour du lac (heureusement à l’ombre la plupart du temps, car la chaleur  ce jour-là était écrasante).

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Bord du lac, suite. La promenade est très agréable. Croisé personne, les Cambodgiens ne sont pas marcheurs ; pareil pour les touristes de ce matin-là.

 

Cha Ong

La chute d’eau de Cha Ong se trouve à 12 km de Banlung, au bout d’une piste épouvantable. A la fin de la saison des pluies, c’est à dire maintenant (fin novembre), la piste n’est praticable qu’en moto. Et encore, il vaut mieux avoir une moto à vitesses.

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Cha Ong

graffiti Cha Ong

Graffitis à Cha Ong, derrière la chute d’eau.

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Graffitis (gros plan).

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Cha Ong (vue en haut des marches)

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Cha Ong (bas)

Rivière Cha Ong

Rivière a proximité de Cha Ong

Pas de pont

Problème : le pont a été emporté.

Passage à gué

Solution : on passe à gué.

 

Katieng

Katieng est une chute d’eau qui se trouve à 16km de Banlung. J’avais trouvé la route jusqu’à Cha Ong pour le moins difficile. Celle pour Katieng, inondée par les orages de la veille, s’est révélée absolument infernale ; j’ai même hésité à faire demi-tour, me croyant à un moment perdu, mais non. Même les gens du coin se plantaient dans la boue, avec femmes et enfants, plus leurs habituelles possessions enveloppées dans de fin sacs en plastique.

Piste pour Katieng

La piste (je vous promets qu’on ne se rend pas compte de son état réel sur la photo). C’est très précisément là que j’ai failli faire demi-tour. Après c’était pire, ça descendait, et même en première sur la moto, j’arrêtai pas de « partir du cul ».

Pont près de Katien

J’inspecte le pont avant de passer dessus en moto. Vu qu’il y a comme un trou…

Katieng vue d'en haut ne pas glisser

Ka Tieng, vue de dessus, ne pas glisser. Sinon game over.

escaliers Katieng

Escaliers pour Katieng : il manque des marches, le bois est trempé de boue, des clous rouillés dépassent. Je descends jusqu’à la chute d’eau en prenant tout mon temps.

Katieng vue d'en bas

Katieng vu d’en bas – on peut se baigner dans la piscine de boue.

Rivière près de Katieng

Rivière près de Katieng.

 

Ka Chang

La chute d’eau « familiale » de Ka Chang se trouve à 12 Km de Banlung, au bout d’une route carrossable de bonne facture presque tout du long (un seul segment très court en gravier). Les environ de la chute sont très aménagés. C’est le site naturel qui a le moins de charme des trois, mais c’est celui le plus adapté pour un pique-nique.

huttes pour pique-nique Ka Chang

Aire de pique-nique – j’y étais à 12h30. Personne.

escaliers Ka Chang

Escaliers pour les chutes de Ka Chang.

pont suspendu Ka Chang1

Pont suspendu.

Pont suspendu Ka Chang 2

A mi-chemin.
Pas de photo des chutes, c’est bétonné et plein de détritus. J’ai essayé de trouvé un angle pour tricher, mais bon, pas moyen de faire une photo acceptable.

 

 

 

 

Kratie –> Stung Treng –> Banlung

Irrawaddy Dolphin, Thailand

(Photo (c) WWF, fauchée sans leur autorisation)

 

Vendredi 17 novembre je me suis levé à 6h00 pour retrouver les gens du Sorya Kayaking Tours de Kratie, où j’avais réservé ma place pour le half day dolphin trip.  Nous étions six dans le groupe du jour (deux allemandes, un allemand sans lien avec les filles, un couple d’américains de Seattle et moi-même). Je me suis logiquement retrouvé apparié avec le sympathique touriste allemand. Un guide, quatre kayaks, six clients. C’est parti.

L’aventure a commencé par un petit déjeuner léger, puis une demi-heure de camion sur l’ancienne route (défoncée) de Stung Treng avant la mise à l’eau des embarcations. Dès le départ, ça rigole pas : faut traverser le Mékong. 40 minutes d’effort vu le courant (une des deux Allemandes était une pro ; elle aurait été seule dans le kayak une place je pense qu’elle nous mettait minable pour le siècle, mais elle s’était trouvée une compagne d’aventure nettement moins aguerrie, ce qui a équilibré les forces en présence – « je l’ai un peu obligée » m’a-t-elle confié au petit-déjeuner, en parlant de son amie). Puis pause petit-déjeuner, le second de la journée, (riz gluant aux fèves de soja et fruits frais) sur une des îles du Mékong.

Ensuite nous pagayons vingt minutes pour rejoindre la piscine des dauphins où nous attendent quatre bateaux de touristes, venus comme il se doit en bateau à moteur long tail. Cinq minutes après notre arrivée nous voyons les premiers dauphins. Ça fait évidemment plaisir de les voir et en même temps on ne peut pas s’empêcher d’être triste qu’ils soient si peu nombreux (si j’ai bien compris le guide, il en reste soixante dans le Mékong avec une seule naissance répertoriée ces trois dernières années). Là il y en avait bien une dizaine. Nous sommes restés presque une heure à les observer. Après le départ du dernier bateau à moteur, nous sommes allés kayaker à leur rencontre. Il ne faut en aucun cas les toucher : ça leur crée des abcès. Quelques uns ont approché le temps d’une photo. Mais aucun n’est réellement sorti de l’eau.

Ensuite, Kayak jusqu’à une « piscine » naturelle où tout le monde s’est baigné joyeusement et où l’Américain a décide de défier le courant du Mékong à la nage (pas longtemps, ça tire fort).

Puis retraversée du fleuve, en biais, aidé par le courant, contrairement à la première fois.

J’ai trouvé le trip moins difficile que l’Ardèche (que j’ai descendue plusieurs fois dans ma vie), par contre c’est vraiment fatigant.

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L’après-midi, mini-van jusqu’à Stung Treng, que je voulais visiter. Mais le van ayant pris trois heures de retard je suis arrivé avec la nuit. J’ai mangé au bord de l’eau dans un typique restaurant flottant sur le Mékong, établissement familial doté d’une énorme carte visuelle (avec les photos de nourriture les plus ratées que j’ai vues de ma vie), mais ils avaient « rien », pas même un morceau de poulet, juste de quoi faire un lok lak. Ok pour un lok lak.

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Samedi 18 novembre : mini van pour Bang Lung.

La route est moderne, bordée de plantation d’hévéas ou de plantation de bananiers.

Arrivée à 10h30 dans cette ville si peu touristique (traversée par une énorme artère routière : la route 78) et pourtant au cœur de la région des treks : le Ratanakiri.

 

 

 

 

 

 

 

Kratie / Koh Trong

coucher de soleil

Kratie (prononcez Kratché)

… est une petite ville animée (c’est rien de le dire) sise au bord du Mékong en face de l’île de Koh Trong.

Il y a une chose à savoir sur cette honorable cité fluviale…

Si vous pensez naïvement que l’homme est au sommet de la chaîne alimentaire, c’est que vous ne connaissez pas encore Kratie où le moustique fait office de premier de cordée, de menace létale et de classe dirigeante. Donc venez équipé (votre lance-flamme ne passera pas la douane), mais les bougies à la citronnelles, les spirales, les spray, les bracelets anti-mosquito, tout ça ferait mieux de vous accompagner. Soyez intraitable, le moustique ne se mange pas, une fois mort il ne manque à personne, mais lui vous dévore vivant. La ville regorge de cliniques où les gens reçoivent leur perfusion contre la malaria/le paludisme. On voit même des gens au restaurant avec leur pied mobile et leur perf’ bien en évidence.

(Une seconde chose à savoir sur Kratie : évitez autant que possible le Santeheap hotel. De l’extérieur, il fait plutôt illusion, mais alors les chambres sont dans un état. La mienne n’a plus de plomberie et le courant ne marche que si le ventilateur boeing 747 en plein décollage du plafond est mis sur on, le wi-fi marche nulle part – revers de la médaille c’est pas cher, les gens sont adorables, le service de laundry est imbattable).

anguilles

Anguilles au marché.

MarchéKratie

Marché

 

Koh Trong

Les voitures sont interdites sur cette île et on la rejoint par bateau aléatoire (qui part quand il est plein) pour 25 cents / 1000 riels. Le bateau se prend à côté du Jasmine Boat Restaurant. On peut visiter l’île à moto (quel intérêt ?), à vélo, en carriole derrière un poney (cool avec les enfants) ou à pied. J’ai évidemment choisi cette dernière option et il m’a fallu plus de trois heures pour faire le tour de l’île, avec un détour par la plage pour essayer d’observer des tortues de Cantor (sans succès).

L’île est très chouette, mais comme Indiana Jones qui est mon maître en toutes choses (l’orthographe y compris) : I hate snakes. Et donc j’ai croisé deux fois le chemin d’une de ces magnifiques bestioles. Beurk… Y’a aussi plein de lézards, mais les lézards ça va, même les gros.

Conquêtedelouest

La conquête de l’ouest.

Boat

Fitzcarraldo.

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Les mangeurs de pastèques.

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La mangeuse de pastèque

Grillons

Le mangeur de grillons (je suis tout à fait sérieux, sa bouteille contenait deux grillons et il en cherchait d’autres. Un met très apprécié au Cambodge).

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Le voleur de bicyclette.

KohTrong

Welcome

toutlemondestlebienvenue

You’re not welcome

Maison récente - en bois

Maison récente : piliers béton, bois local + tuiles locales pour le toit.

PointeSud

Pointe sud de l’île.

bateau

Bateau en bout de plage des tortues, aucune tortue de Cantor à l’horizon.

ghosthouse

La maison aux esprits

chedi

Chedi

Jungle

Welcome to the jungle

Lacroiseresamuse

Légende : le pilote/capitaine a treize ans, le type assis sur le moteur diesel est là pour empêcher le moteur de bouger (car l’engin n’est pas fixé, juste posé sur un cadre métallique au fond du bateau). Inutile de vous dire qu’il a chaud aux fesses. Et si vous faites remarquer au capitaine qu’il est peut-être un peu jeune pour naviguer sur le Mékong (pas le fleuve le moins dangereux au monde), surtout barrer un bateau qui contient des touristes, une moto, des étudiantes, etc. Il vous répondra qu’il a l’habitude, il fait ça depuis des années.

Phnom Penh –> Kratie

kayakakratie(Kayak à Kratie – mon prochain moyen de locomotion)

Prendre le bus au Cambodge est toujours une aventure. On sait à peu près quand on part, pour ce qui est d’arriver, c’est franchement une autre histoire.

Il y a deux jours je me suis réservé un billet pour Kratie dans une agence de voyage qui vantait le trajet en bus climatisé, confortable, moderne, siège n°15, avec la petite bouteille d’eau incluse qui le fait bien. 12 dollars (une fortune dans ce pays). Et il y avait même un signe wi-fi sur la pub (bon, j’y ai pas trop cru, mais je ne doute pas que certains bus de cette compagnie, ceux pour Siem Reap par exemple, soient réellement équipés du wi-fi). On me proposait même de me prendre à mon hôtel à 6h30 pour un départ à 7h00.

OK. Banco. J’en ai vu d’autres/je peux prendre le risque de « perdre » douze dollars.

A 6h25, je suis en effet ramassé à mon auberge de jeunesse par un tuk tuk qui m’emmène deux rues (!) plus loin et me dépose devant une supérette fermée. Le chauffeur me dit « no problem » et me laisse là avec mon sac à dos. OK. Je suis un brin dubitatif, mais comme je connais le pays, je me la joue Keanu Reeves/zen. Le gardien de nuit de la supérette s’extrait de son hamac et me tend une minuscule chaise en plastique rouge, taille basse, sur laquelle je pose mon sac à dos vu que le sol est jonché de détritus : barquettes de nourriture, bouteilles vides, PQ, épluchures (évidemment en plein Phnom Penh, au pied des tours de quarante étages des banques chinoises).

Dix minutes plus tard arrive un mini-van à moitié rempli de Cambodgiens. Aucun Blanc. Le chauffeur me demande « Kra-tché », oui oui Kratie. Il jette un coup d’œil, pas davantage, à mon billet, et embarque mon sac à dos, qu’il enfonce à coup de pieds au milieu des sacs de riz, des cartons, etc.

Le mec est un tel cliché que j’ai, par avance, honte de le décrire : tongs, short pourrav, chemise hawaï, en surpoids notable.

Je monte dans l’engin qui a bien trente ans, oui trente ans je dois pas être loin du compte (tout est pété dedans : les sièges, les ceintures, les poignées pour s’accrocher), et inutile de chercher le siège n°15 ; je m’assois là où me dit m’asseoir. Ils vous gueulent dessus, mais aucune inquiétude à avoir, ça ne surprend que la première fois.

Comme le veut la règle bien connue « aucun mini-van ne quitte Phnom Penh avec une place de libre », le chauffeur s’arrête à toutes les stations services de la route du nord en hurlant depuis sa place de conducteur, mais vers la droite, donc à travers deux voyageurs et une fenêtre fermée pour cause de climatisation : « Kra-tché ! ». Après quatre arrêts, le mini-van est plein et donc : on s’arrête. C’est logique. C’est cambodgien : le plus dur est fait, donc maintenant on va bouffer.

Restaurant sur la route. Très fier de moi, je commande en khmer une soupe de porc qu’on me « remplit » de viscères et d’abats, autant demander un bouillon… Ça a bon goût, mais je retire la « viande » morceau par morceau, surtout qu’il y a des trucs que j’identifie mal, du pancréas peut-être. Du poumon ?

A 8h00, enfin, nous quittons vraiment Phnom Penh.

Je vous épargne la pause-pipi au milieu des rizières inondées (ici, c’est encore la saison des pluies), où les étudiantes demandent au chauffeur en langage châtié (donc en hurlant à pleins poumons) : « Espèce de connard, où est-ce qu’on pisse, y’a pas un buisson dans lequel s’accroupir à un kilomètre à la ronde ? » C’est plutôt mimi une étudiante khmer qui gueule, surtout si elle se dandine en même temps.

Les mecs (qui pissent au bord de la route) se marrent. J’ai beaucoup de mal à garder mon impassibilité keanureevesienne (tu restes le maître absolu, Néo !).

Enfin : les filles font pareil (pissent au bord de la route).

Et on repart.

Puis on passe un pont en bois au dessus d’une méchante rivière en crue ; je sais pas vous, mais moi les ponts en bois, c’est plutôt à vélo que j’apprécie de les emprunter. En mini-van plein comme un oeuf : moins. Puis on passe deux ponts militaires qui furent mobiles, il y a fort fort longtemps. Il a plu il y a peu, tout est boueux. A un moment, le mini-van ralentit et nous longeons au pas, des bâches plastiques qui occupent la moitié de la route et sur lesquelles les gens ont mis leur riz à sécher. J’imagine bien le même truc en France sur la nationale 7, début juillet. Ils ont beaux mes melons, ils sont beaux !

Vers midi, commence la tourné UPS locale : le chauffeur fait d’incessants détours pour livrer des colis, et évidemment il gueule comme un pou dans son téléphone quand il ne trouve pas l’adresse. Le système est rôdé : on laisse son colis, souvent à la station service, avec le numéro de téléphone du receveur, le nom de son patelin, et le prix qu’il va payer pour recevoir l’objet. Une sorte de chronopost à livreurs aléatoires.

Enfin, vers midi trente, après avoir pris quelques routes pourries de chez pourries, souvent pas goudronnées, et traversé un putain de marché en pleine heure de pointe, ne me demandez pas pourquoi, on arrive à Kratie. Au bord du Mékong.

Content, en ce qui me concerne.

258 km.

Phnom Penh – dernier jour…

ImmeubleV

Immeuble violet, construit à droite de l’infamous (ce n’est pas moi qui le dis) boîte de nuit Heart of Darkness (street 51)

Petit chat

Une photo de petit chat (dans le but cynique d’attirer des visiteurs)

Statue coiffée

C’était la stone lion pride hier, je vois que ça…

MagasinsSculptures

Quartier des sculpteurs (street 178)

Graveur

Sculpteur de tortues vivantes (il les marque du nom de famille du propriétaire pour les protéger des voleurs et donc qu’elles finissent dans la soupe)

SokhaHotel

Promenade au bord du mékong.

Mékong

Mékong.

Enfants

Jeux d’enfants.

Coq

Un des nombreux coqs de Phnom Penh.

deucflicsamiami

Deux flics à Miami (le croco n’est pas loin).

Kim Hak – Left Behind

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(Photo reproduite absolument sans aucune autorisation quelconque).

En ce moment, au Bophana Center, à Phnom Penh une exposition de photos de Kim Hak « Left Behind ». Sorte d’apocalypse cambodgienne contemporaine sur la destruction d’un immeuble dans lequel  vivaient 2500 personnes. C’est incroyable de voir de telle visions de destruction, qu’on croyait réservées au genre post-apocalyptique. Toute l’histoire de cet immeuble est assez fascinante ; j’avoue avoir été particulièrement marqué par les photos de mariage / bonheur abandonnées/ piétinées.

Phnom Penh today

sokha

Retour à Phnom Penh après quelques années loin de la capitale cambodgienne.

Le chantier du Sokha (en face du Palais Royal, de l’autre côté du Mékong, est terminé – voir photo). Hier (samedi 11/11) un feu d’artifice a été tiré exactement entre l’hôtel et le Palais Royal, histoire de faire de belles photos (promotionnelles).

Les tours poussent à Phnom Penh comme des champignons, surtout dans le quartier des ambassades. Quand on voit certains chantiers, étayés au bois et au bambou, on se pose de sérieuses questions, surtout quand les planchers ne sont plus alignés (véridique !) arrivé au vingtième étage, cinq degrés vers le haut ici, cinq degrés vers le bas là-bas. En même temps, ce chantier-là (comme d’autres) semblait à l’abandon…

La saleté légendaire de la ville est au rendez-vous avec son lot de tragédies habituelles : gosses de rue omniprésents armés d’un sac en plastique à la recherche de détritus, absolument tout ce qui peut se monnayer. J’ai envie de dire qu’ils sont sales comme un peigne, mais franchement je n’ai jamais vu de ma vie peigne aussi sale.

Toujours ce grand écart, ce contraste bouleversant, entres les tours des banques chinoises et, dans leur ombre, ces gamins de cinq six ans livrés à eux-mêmes.

Je loge au Eighty8 Backpapckers (au nord du Wat Phnom, sur la 88e), une auberge de jeunesse qui fleure bon le repaire de gauchistes alter-mondialistes, malgré des prix un brin exagérés (mais bon, les prix ont sacrément augmenté à Phnom Penh, donc je ne sais plus ce qui est exagéré ou ne l’est pas). Mais il y a une piscine et des concerts folks live music (plus une table de billard, dont l’utilisation est gratuite – si si). J’ai choisi cet hôtel car c’est pas trop loin du Bophana Center où je dois me rendre semaine prochaine et tout près des bus pour le nord / Mondolkiri / Ratanakiri ; ça se fait à pied sans problème, même si Phnom Penh n’est pas très conçue pour la marche à pied, à l’exception notable de ses quais, envahis par les familles dès la nuit tombée. L’hôtel est plein de groupes de filles (touristes / ONG) plus tatouées que moi, qui mangent vegan pour la plupart (soupe de légume au petit-déjeuner), et sont piercées à plein d’endroits visibles (pour ne pas dire ostentatoires). Bracelets bouddhiques, vêtements locaux, tongs. Les touristes sont vêtues très très courts (pour visiter un temple ou le musée du génocide, c’est parfait), les filles des ONG portent toutes la robe longue ou le pantalon, plus respectueux des populations locales. On voit au premier coup d’oeil à quel point elles sont plus « intégrées ».

Au petit-déjeuner, tout le monde est sur son laptop et/ou son téléphone portable. Et le restau est fumeur ; c’est vrai qu’on n’est plus du tout habitué en France.

L’ambiance est sympa, le quartier est calme jusqu’au chant du coq (après, plus moyen de dormir). Le coq khmer n’a rien à envier à nos champions gaulois et/ou sportifs. Il y a aussi des singes dans le quartier, attention à la fauche et aux mâles dominants, parfois agressifs.

Bon je serai content quand j’aurais fini mes RDV à Phnom Penh, ce qui me permettra de monter dans un bus vers le nord sauvage et d’avancer sur mon scénar in situ. Le but avoué : finir (Marc Michetz étant passé en mode « samourai du dessin / Banzaï ! », le moins que je puisse dire c’est qu’il ne me facilite pas la tâche – je suis habitué à travailler avec des dessinateurs qui bossent beaucoup beaucoup moins vite que moi. Michetz n’en fait pas partie).

 

Un bon plan écossais

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Dans un pays comme l’Ecosse où la moindre chambre d’hôtel coûte 100£, où on ne trouve pas toujours de la place en B&B ou alors à des prix assez élevés (surtout en saison), on ne pense pas toujours aux campus universitaires.

Pour 35£ /jour, je loue un appartement dans l’University of Stirling, salle de bain privative, wi fi, lit double, parking gratuit, accès gratuit à la piscine et à la gym. Il y a onze restaurants différents sur le campus, un lac, un golf, des promenades en bateau, des itinéraires de marche, des cours de tennis. Etc.

Stirling est à une demi-heure de train d’Edimbourg, une demi-heure de route des Trossachs (pour les randonneurs). Il y a un célèbre château, le William Wallace Monument (l’Université se trouve juste en dessous, cf photo).