Badlands hunters, Heo Myeong Haeng – 2024


Après un tremblement de terre dévastateur, la ville de Séoul n’existe plus. Dans les ruines de l’ancienne capitale coréenne, un savant fou a créé une communauté dans un immeuble qui a accès à de grandes quantités d’eau potable. Il veut ressusciter sa fille en utilisant certaines propriétés de certains lézards. Pour poursuivre ses expériences, il a besoin d’enfants et d’adolescents. Ce que lui amènent les gangs des badlands, bien contents de récupérer de grandes quantités d’eau potable. Mais un jour, les gangs kidnappent la jeune Su-Na, lançant à leurs trousses un ancien boxeur indestructible : Nam-San et son garçon boucher (amoureux de la jeune fille).

Navet.

On peut le prendre par tous les bouts, ce Mad Max coréen est un magnifique, énorme navet. Tout y est absolument, irrémédiablement, con. A commencer par le tremblement de terre qui rase littéralement la Corée du sud et la propulse dans une ère post-apocalyptique digne de George Miller. Ce serait oublier que ce pays a des alliés, notamment en « occident » (d’ailleurs la sulfureuse Turquie d’Erdogan a survécu à un énorme tremblement de terre récemment). Une fois qu’on a compris qu’on allait naviguer sur les flots d’une flamboyante série Z kimchi / kung fu / post-apocalyptique avec des ophidiens en kinder surprise, on peut regarder l’ensemble d’un œil paresseux tout en suivant ses mails sur son téléphone portable, du genre « oh, une décapitation ».

Dans ce film, le réjouissant Ma Dong-Seok s’impose comme un Sylvester Stallone coréen crédible.

L’Épée sauvage, Albert Pyun (1982)


Résumé éditeur (j’ai la flemme) :

Le tyrannique Lord Cromwell est prêt à tout pour conquérir le royaume d’Ehdan, même à  recourir à la magie noire. Avec l’appui du sorcier démoniaque Xusia de Delos, il parvient à anéantir ses ennemis et à neutraliser le roi Richard et sa famille. Seul son fils Talon réussit à échapper au massacre. Onze ans plus tard, le jeune homme, devenu un guerrier redoutable, est de retour au royaume où un complot contre Cromwell se prépare…

Mon avis :

Alors là dans le genre navet de fantasy héroïque, je pense qu’il est difficile de faire pire (n’hésitez pas à proposer des titres en commentaires). Acteurs tous mauvais (au minimum), effets spéciaux calamiteux mal cachés sous une brume artificielle, décors pourris, combats risible dignes du plus mauvais péplum philippin, problèmes de cohérence (je te transperce les deux mains avec des clous (c) Rocco Siffredi, et la scène d’après t’es tout réparé et tu te bats avec une épée de dix-sept kilos à trois lames fabriquée dans son garage par papy Wu qui aime bien traîner dans les décharges à ciel ouvert). Ce film est indubitablement extraordinaire, c’est une sorte de sous-sous-Conan le Barbare tourné en décors playmobil par un des pires réalisateurs de la planète : Albert Pyun.

A noter qu’il existe une suite, si si, qui reprend soit une partie du casting, soit une partie des personnages : Tales of an ancient empire. Eu égard à mes antécédents cardiaques, mon médecin traitant m’en a interdit le visionnage.

Pour une raison que je ne comprends pas bien, Carlotta films a sorti une édition steelbook de cette chose, à 25,00 euros quand même… alors que certains chefs d’œuvre du cinéma restent absolument introuvables en blu-ray. Pour être tout à fait sincère, j’ai voulu revoir le film avant d’investir. Verdict sans appel : je vais garder mon DVD de provenance douteuse, ça ira très bien.

Par ailleurs, je ne suis pas tout à fait sûr qu’on puisse faire une lecture féministe du film, même en ayant les idées larges.

Knock at the cabin, M. Night Shyamalan (2023)


Une enfant joue dans les bois, elle attrape des papillons, des sauterelles, qu’elle met dans une grande jarre en verre. Cette gamine d’origine asiatique qui a été opérée d’un bec de lièvre s’appelle Wen. Dans la maison, ses deux papas adoptifs (hé oui), Eric et Andrew, boivent un verre en discutant. Un homme arrive pour discuter avec Wen, Leonard, une sorte de bon gros géant tatoué. Il lui dit qu’il va se passer des choses très dures, mais qu’il n’y a aucun moyen de l’empêcher, que c’est nécessaire. Le géant est alors rejoint par un autre homme et deux femmes, portant d’étranges armes dans le plus pur style new medieval castorama (je me permets de (c) l’expression). Bon, on se demande bien pourquoi la gamine flippe, les papas se barricadent. Et les quatre étrangers nous la font Home Invasion for the Dumbs. Après un peu de suspense hollywoodien, trois fois rien, je vous rassure, les méchants ligotent les gentils et leur disent : « voilà si l’un de vous ne se sacrifie pas, c’est la fin du monde. Et il doit être assassiné (celui qui se sacrifie, pas le monde) ».

M. Night Shyamalan a encore frappé, produisant un de ces navets incroyables dont il a le secret depuis à peu près… ben tout le temps, à bien y réfléchir. Comme d’habitude, il mélange de bonnes idées, de bons acteurs et des ingrédients profondément navrant, avant d’ajouter dans ce cas précis un soupçon de trahison (plutôt gros, le soupçon) du matériel littéraire d’origine.

J’ai gloussé pendant une heure et quarante minutes. On va dire que c’est thérapeutique. Rupert Grint fait très très mal le bouseux américain (faudrait qu’il y ait un permis pour ce genre de rôle : « non, Gilles Lellouche (acteur choisi au hasard), tu peux pas faire le bouseux américain, t’as pas la gueule, t’as pas l’accent. »). Tout le truc apocalyptique est à pisser de rire, comptez trois changements de caleçon minimum (et encore si vous ne buvez pas de bière pendant la projection ; évitez le jus de pomme). Étonnamment, Dave Bautista (à la voix reconnaissable entre toutes) est vraiment dans le ton. Mais cette soupe chrétienne, pleine de grumeaux malodorants, reste pour le moins en travers de la gorge. Nausées assurées.

(J’espère que Paul Tremblay a eu un très très gros chèque, avec au moins six zéro au cul du premier chiffre, parce que franchement, sinon, c’est un peu la loose).

Attention navet !

PS : Je savais bien que j’avais oublié un truc. Ce film m’en a rappelé un autre : La Septième prophétie de Carl Schultz (1988) avec Demi Moore et Michael Biehn. C’est un peu la même histoire, quand même…

The Silent Sea – série de science-fiction coréenne


La Terre se meurt.

L’eau potable est devenue la plus précieuse des ressources.

Sur la Lune, dans une station abandonnée depuis six ans après un accident nucléaire qui a tué tout le monde, se trouve peut-être la solution au problème. Alors on envoie une mission à la recherche de mystérieux échantillons.

Bon alors là, je crois qu’on a un winner total. Seule mon immense perversité m’a permis d’aller au bout. Tout est ridicule : la préparation de la mission, le matériel utilisé, la nature du secret lunaire, les liens entre les personnages. Les flash-backs. L’hommage hyperlourdingue à Aliens (détecteur de mouvement, jeune survivante de sexe féminin). J’ai failli m’étouffer avec un bretzel (ce qui est très fort parce que je n’en mange jamais) à plusieurs reprises : la trachéotomie façon tuyau d’arrosage, la scène de l’ascenseur, la scène des plantes (une plante ça n’a pas besoin que d’eau, ça a aussi besoin de lumière et de nourriture), les emprunts aux films d’horreur japonais (la fille au longs cheveux noirs qui court au plafond, bon là elle circule plutôt sur les murs façon cafard cosmique). Je ne vous parle même pas de la gestion de la gravité lunaire et de l’eau qui prolifère (à friser ?). On a l’impression que c’est un enfant de huit ans qui a écrit le scénario après avoir mal digéré son kimchi.

Comment peut-on mettre des milliards de wons pour produire ça ?

C’est sans doute le plus grand mystère de The Silent Sea.

Yummy, Lars Damoiseaux (2019)

[Facebook au temps du coronavirus.]

Alors que je cherchais un film d’Halloween pour animer le facebook d’Albin Michel Imaginaire, je me suis dit que j’allais jeter mon dévolu sur Ça d’Andy Muschietti que j’avais acheté il y a un moment en coffret blu ray et que je n’avais encore jamais regardé.

Bon, après trois soirées pénibles, j’en suis venu à bout, mais j’ai plus ou moins détesté le diptyque. A mes yeux, les producteurs, les scénaristes et le réalisateur n’ont rien compris au roman de Stephen King. Ça n’est pas un roman sur un clown tueur d’enfants, mais plutôt une exploration via la métaphore fantastique de cette Amérique qui n’a pas sur devenir « la promesse » qu’elle portait en elle dans les années 60. King y reviendra à de nombreuses reprises, notamment dans Cœurs perdus en Atlantide et 11/22/63.

C’est pour ça qu’à mon sens changer les baby-boomers du roman en membres de la génération Y est un contresens [inacceptable]. Le clown tueur n’est juste qu’un moteur narratif qui permet à l’auteur de lui opposer le même groupe d’individus à 27 ans d’écart ; en lui-même le clown n’a guère d’intérêt, voire aucun.

J’ajouterai à cela une réalisation horripilante, des scènes d’action illisibles et trop sombres, des acteurs souvent à côté de la plaque ou honteusement sous-employés, une version du personnage de Beverly qui cède à la pression « politically correct » hollywoodienne qui est en train de devenir une sorte de norme déplorable, j’en passe et des meilleurs. Ça aussi c’est une forme d’infantilisation, passons…

Exit Ça.

Après, je me suis penché sur Prémonitions que je devais avoir depuis trois ans en stock, quelque chose comme ça. Bon, c’est intéressant, mais pas très Halloween, malgré une scène d’autopsie d’un enfant (voilà, vous êtes prévenus).

Donc, dernière cartouche : Yummy.

[\Facebook au temps du coronavirus.]

Une jeune femme qui subit un harcèlement de rue permanent à cause de la générosité de sa poitrine, décide de se rendre dans un pays de l’est pour une réduction mammaire bon marché. Sa mère qui a prévu tout un tas d’interventions chirurgicales inutiles (sur le plan esthétique son cas est désespéré, sauf à vouloir absolument ressembler à une vieille prostituée vitriolée) l’accompagne, ainsi que son petit copain qui a fait sa première année de médecine (et qui visiblement trouvait ses seins très biens).

Bon à moment, peu après leur arrivée à la clinique de la forêt noire un truc part en couille et des zombies débarquent.

Yummy c’est donc des gros seins, des zombies, quelques centaines d’éviscérations et un homme qui prend feu par là où il a pêché (après une augmentation pénienne, cela va de soi), franchement il vous faut quoi de plus ?

Infini, Shane Abbess (2015)

//

Après une catastrophe biologique sur la plus lointaine exploitation humaine dans l’espace, Infini, une équipe lourdement armée est envoyée pour empêcher le retour sur Terre de marchandises qui pourraient infecter notre belle planète à l’agonie. Par ailleurs, il semblerait qu’un des membres de la précédente équipe de secours ait survécu, un certain Whit Carmichael qui a toutes les raisons de ne pas finir ses jours sur Infini : madame a un polichinelle dans le tiroir.

Infini est mauvais. Les acteurs jouent mal. Les décors sont pourris. Le scénario est étiré jusqu’au point de rupture. L’influence du Aliens de James Cameron (que j’adore) est telle qu’on a parfois l’impression d’être au mieux dans un remake philippin fauché, au pire dans un plagiat italien ultrafauché.

Mais Infini n’est pas que mauvais, il est aussi sincère, c’est une lettre d’amour à The Thing de John Carpenter, à la franchise Alien et à plein d’autres trucs supers que j’ai adorés adolescent. Infini fait aussi preuve de tellement de sincérité dans son message que je me permettrais ici de ne pas le spoilier. Avec 800 000 dollars de budget, Shane Abbess a tenté l’impossible et n’est pas passé si loin de ça d’un résultat tout à fait honorable. Je ne connais pas le bonhomme, je ne l’ai jamais vu en interview ou même en photo, mais il m’est immédiatement devenu très sympathique.

(Par contre, Shane, de toi à moi, faut vraiment que tu révises ta physique : Einstein, la relativité, les trous noirs and co, parce que là, en l’état, c’est vraiment pas ça… Une petite remise à niveau en médecine et en biologie ne serait pas de trop, non plus.)

Virus, Kinji Fukasaku (1980)

Virus_Fukasaku

 

Le film démarre en 1983 : il ne reste que huit cents soixante-trois personnes en vie sur toute la planète, dans les bases de l’antarctique. A proximité de Tokyo un sous-marin britannique récupère un échantillon d’air. Après analyse, le professeur Latour est catégorique, le virus est toujours présent dans l’atmosphère. Mais il y a peut-être moyen de faire un vaccin.

Le film va ensuite nous raconter tous les dessous de l’affaire, du vol du virus à Leipzig par un lanceur d’alertes avant l’heure, la libération accidentelle dudit virus dans l’atmosphère, son développement en Italie où il devient la « grippe italienne » (sic), puis l’annihilation quasi-totale de l’humanité. Sans oublier un tremblement de terre dans la région de Washington DC qui risque d’avoir des conséquences inattendues (bon là, il ne s’agit plus de suspendre son incrédulité, mais bien de la mettre sur orbite).

Fresque de 2h36, Virus est un film catastrophe à l’ancienne et une co-production internationale (qui accumule tous les défauts habituels de ce genre d’entreprises), d’ailleurs on y retrouve George Kennedy dans un des rôles principaux, acteur habitué aux films catastrophes s’il en est. Au casting, on repèrera aussi Edward James Olmos en erzatz de Che Guevara, Bo Svenson en soldat américain pénible, Glenn Ford dans le rôle du président des USA, Sonny Chiba en médecin japonais (qu’on reconnait à sa voix si caractéristique), Robert Vaughn en sénateur tenace.

« Les Américains n’ont pas le monopole de l’idiotie. »

Pour tout dire, le film est très intéressant (dans le contexte actuel, mais pas que) mais mauvais comme tout. Très mal écrit, il réserve deux ou trois scènes de pure sidération, notamment quand on explique aux huit femmes survivantes qu’il va falloir qu’elles aient toutes plusieurs partenaires pour la survie de la race humaine (c’est à dire le plaisir de ces messieurs), qu’évidemment il va falloir qu’elles en rabattent un peu niveau goûts personnels et intimité. Cette explication survenant juste après une affaire de viol qui va être purement et simplement passée par pertes et profits (on a bien d’autres soucis, ma petite dame). Le « bien commun » a bon dos, du moment que la femme s’y retrouve (sur le dos). Outre les passages pas du tout me too, et le manque de rigueur scientifique de l’ensemble (on va le dire comme ça), il y a quelques scènes d’un ridicule total que je ne vais malheureusement pas lister, car elles interviennent majoritairement sur la fin. On sent que ce qui intéresse avant tout Fukasaku c’est la Guerre Froide (et sa fin éventuelle). D’ailleurs, le bon Kinji cède comme souvent à son jeu de massacre préféré, l’anti-américanisme primaire, et s’en donne à cœur joie.

Le film existe en trois montages, 101 minutes (un massacre total dont il ne reste que les scènes « américaines »), 108 minutes (un massacre, aussi) et la version intégrale de 2h36, la seule qui ait à peu près un sens (la fin réussit la gageure d’être à la fois très belle et totalement ridicule sur le plan « pratique »).

Kinji Fukasaku (mort en 2003) est un réalisateur japonais important, on lui doit quelques films de yakuzas mémorables comme Combat sans code d’honneur en 1973. Il est d’ailleurs considéré comme l’inventeur du genre : « film de pègre japonais ». Le temps ayant fait son œuvre, il est maintenant surtout connu pour avoir mis en scène Battle Royale en 2000. Il a aussi réalisé quelques navets inoubliables ; je vous conseille tout particulièrement Les évadés de l’espace (1978), sa version « personnelle » de Star Wars.

 

Replicas, Jeffrey Nachmanoff (2018)

Replicas

//

[Attention critique avec spoilers.]

 

William Foster (Keanu Reeves) travaille dans un immense laboratoire d’Arecibo, à Puerto Rico, où il essaye de télécharger la mémoire de soldats morts dans un robot humanoïde. L’expérience ne donne pas les résultats escomptés ; si Johnny Mnemonic William maîtrise bien la première partie du processus (charger la mémoire humaine d’un mort sur un support informatique – bravo quand on sait à quelle vitesse se dégrade de façon irréversible la matière cérébrale immédiatement après le décès), il n’arrive pas à downloader cette mémoire dans le robot. Il y a toujours une forme de rejet. Là (quand le film commence) c’est le robot qui entreprend de s’arracher le visage dans un accès de désespoir. William est très proche de réussir, il le sent au fond de son petit cœur mouillé de larmes de frustration, mais bon pour le moment, ça veut pas.

Un soir alors qu’il part en famille (avec sa femme et leurs trois enfants) faire du bateau, leur voiture sort de route et, grosse catastrophe, il est le seul survivant. Que croyez-vous qu’il fait : au lieu d’appeler la police, les secours ou à la rigueur Superman (pour faire tourner la Terre dans l’autre sens), il appelle son collègue de bureau, Ed (Thomas Middleditch), et ensemble ils commencent à sauvegarder la mémoire de chacun des décédés. Puis, comme il y a urgence à faire quelque chose d’intelligent, ils volent trois cuves pour développer des clones (dont on nous dit que chacune d’elles coûte 1,7 million de dollars), puis ils décident logiquement de développer trois clones : la maman et deux des trois enfants. Il faudra tirer au sort et pas de bol c’est la benjamine, Zoé, qui perd. (Quitte à ne pas ressusciter un des enfants, j’aurais choisi un des deux adolescents, mais c’est sans doute mon expérience qui parle).

Bon, à ce moment-là (quand ils volent plusieurs millions de dollars de matériel médical et l’installent dans le sous-sol du pavillon de location) le spectateur décroche (je pense que si je partais avec un des immense photocopieurs du bureau, quelqu’un finirait par s’en apercevoir) et pourtant ce n’est que le tout début du film. Le meilleur reste à venir.

Une fois les cuves installées, et qu’on nous explique que ce processus-là de clonage humain n’a jamais marché auparavant (mais eux ils sont trop balèzes, ils vont y arriver), Ed demande à William s’il a un groupe électrogène, histoire d’avoir une source de courant en cas de coupure supérieure à 7 secondes et, là, William qui est garagiste à Cincinatti en plus de père de famille, neurochirurgien et informaticien de génie à Puerto Rico entreprend de voler les batteries de voiture de tout le quartier. Le film qui était mongoloïdocyberpunk devient 12voltspunk, un nouveau genre.

Le spectateur ayant déjà décroché, il ne lui reste plus qu’à glisser lentement dans le tunnel stroboscopique et plutôt coloscopique, d’ailleurs, de la quatrième dimension : il comprend avec joie plus qu’effarement que ce film relève non seulement du portnawak total, mais qu’en plus les scénaristes ne vont même pas produire l’effort de faire semblant. C’est un peu comme si un magicien coupait une femme en deux avec une scie et alors qu’elle hurle d’arrêter, que ça pisse le sang de partout, il s’arrête de scier pour se griller une cigarette et dire : « ne vous inquiétez pas, ça fait partie du show ».

Passé le coup des batteries, Replicas continue sur la même lancée (en mieux, ou en pire, ça dépend du point de vue) : les trois clones arrivent à maturation au bout de 17 jours (oui, c’est un peu plus long qu’une pizza au micro-ondes). Et quand je dis à maturation : la maman arrive donc à l’âge de quarante-cinq ans environ, la fille est une ado, le garçon est un ado un peu plus jeune que sa sœur, tout le monde a les cheveux à la bonne longueur, etc. (c’est là qu’on voit que nos deux scientifiques sont complètement à côté de la plaque, dans notre monde on gagnerait beaucoup plus d’argent avec un procédé qui permettrait d’avoir une chevelure parfaite en 17 jours qu’avec ces histoires sordides et hasardeuses de téléchargement de mémoire). Et là, voyant sa femme toute nue sortir de sa cuve, prête à l’emploi, bingo !, éclair de génie, papa William a un doute : comment il va expliquer à Maman la tragique disparition de Zoé. Comme il est le maître de la mémoire, William décide d’effacer la gamine, dans les souvenirs de ses trois cobayes avant réimplantation, puis dans la maison, où il retire le lit superposé, les dessins, les photos… Pendant ce temps-là, le monde extérieur ne s’inquiète guère de la disparition de la mère et de ses trois enfants. Un petit mail à l’école, un autre au boulot, et le problème est réglé. Une prof zélée passe cogner à la porte (le zèle professoral à ce point-là, c’est louche), mais une excuse bidon la renvoie à sa classe.

Bon c’est pas tout ça, comme William a récupéré les trois quarts de sa famille, il faut un élément de tension dramatique. Un méchant, quoi. C’est qui le méchant de l’histoire ? C’est un film de science-fiction, il y a forcément un méchant, non ? Donc l’ordure de service (minimum) c’est le patron de William, l’infâme Jones qui va finir par expliquer à William que si on essaye de télécharger la mémoire de soldats morts dans des robots c’est peut-être parce qu’on est financé par… des militaires. Et là, William tombe des nues, comment serait-ce possible, je ne travaille pas pour Toy’s r Us, Unilever ou le bien de l’humanité ?

Bon, sur la fin, ça manque un peu d’explosion et de fusillades, problèmes de budget, ils avaient tout foutu dans le salaire de Keanu Reeves, mais rassurez-vous toute cette histoire de fous finit plutôt bien.

Au final, Replicas ressemble à une nouvelle de Greg Egan adaptée par un des scénaristes des Simpsons un lendemain de cuite au guacamole fermenté.

Incontournable.

 

Hellboy, le reboot de la mort qui te tue…

HellboyReboot

//

Il était une fois Arthur, Excalibur, Merlin et la sorcière Vivienne Nimué (une putain de française ? avec un nom pareil, je vois que ça…). Donc Arthur galope fièrement vers l’arbre de la sorcière immigrée clandestine, Merlin lui donne un coup de main, un prêtre aussi, pendant qu’on y est. Clic-clac Kodak, avec l’aide notoire d’Excalibur, on coupe la sorcière en morceaux, on met tout ça en boîtes bento et (comme on le fera plus tard avec Voldemort) on éparpille les happy meals aux cinq coins de l’Angleterre. On est au VIe siècle, un truc comme ça, et un prêtre ne voit aucun problème à s’associer avec un magicien du nom de Merlin. Bon, il faut dire que c’est pour tuer une sorcière aux petits seins qui pointent. Nécessité fait loi.

Quelques siècles plus tard, un démon-goret manipulé par plus maligne que lui décide de ramasser les morceaux de la sorcière, de rassembler tout ça et de foutre l’apocalypse chez les Anglais (alors qu’ils ont déjà Boris Johnson, vraiment… était-ce nécessaire ?) Heureusement le BPRD veille et Hellboy va pouvoir brandir son énorme pistolet (non, ce n’est pas un symbole phallique, pas plus que les cornes cassés et limées sont symboles de castration ou une épée enfoncée bien profond dans un rocher récalcitrant est symbole de panne sexuelle royale).

Alors, comment dire… Pendant tout le film je me suis dit qu’après le suicide au cheddar de Marc Veyrat, quelqu’un avait eu la bonne idée de refiler son restaurant deux étoiles (au guide Micheline, trois qui la tiennent deux qui la…) à l’ancien gérant du McDonald’s de Palavas les flots. Guillermo Del Toro sort, Neil Marshall entre et dépense 50 millions de dollars pour pondre cette bouse hallucinante. Tout est mauvais, les acteurs qui cachetonnent, les blagues à deux balles, les effets spéciaux, le scénario (quel scénario ?). La seule chose qu’on ne peut pas reprocher à Neil, c’est une certaine constance dans la médiocrité.

Moi je veux bien qu’on me file 50 millions de dollars (même 49…) pour rebooter Star Wars, j’ai le cast ! Moderne, me too et tout et tout. Leila Bekthi dans le rôle de la princesse Leia, Léa Seydoux dans le rôle de Léa Skywalker, Sergi Lopez dans le rôle de Han Solo, Vincent Cassel dans le rôle de Dark Vador, Benoît Poelvoorde dans le rôle de Chewbacca et Isabelle Huppert dans le rôle de l’Impératrice. Putain, si ça ça envoie pas du rêve, je veux bien être castré !

(Non, peut-être pas, quand même…)