Excision, Richard Bates Jr (2012)

Pauline, 18 ans, vit dans une famille de la classe moyenne américaine. Un père un peu mou, une mère un peu trop croyante et collante, une jeune sœur mignonne comme un cœur, mais atteinte de la mucoviscidose. Fascinée par la chirurgie, Pauline vit dans une univers fantasmatique morbide où elle rêve de dissection, de nécrophilie, d’ingestion de sang, humain ou animal. Perturbée, à n’en point douter, ce que personne ne semble vraiment remarquer, comme si tous les signes, les messages qu’elle envoyait volontairement et involontairement se perdaient dans une sorte de no man’s land confortable du genre : « ne fais pas de vagues, jeune fille », « les adolescents, vous savez ce que c’est ».

Excision est le film le plus connu de Richard Bates Jr, c’est un long-métrage perturbant, choquant, sans doute un peu indéfendable, mais diablement intéressant. Il présente de nombreuses qualités, à commencer par l’interprétation assez bluffante d’AnnaLyne McCord dans le rôle de Pauline. Tracy Lords, totalement convaincante, joue la mère. John Waters, un pasteur totalement dépassé. Malcolm McDowell, un professeur de mathématiques un brin agacé. Le casting est chouette, vraiment. Certains aspects du film rappellent The Cell de Tarsem Singh (bon, pour certains ça ne sera pas un compliment), d’autres évoqueront les débuts de carrière de David Cronenberg. On pourrait trouver pires références.

La qualité principale du film, à mon sens, tient dans son glissement inéluctable vers l’horreur. On s’attache à Pauline, on a envie de défendre ses différences, mais plus le film avance, plus on comprend combien elle s’éloigne de l’humanité et de la réalité. Jusqu’au moment où ses actes deviennent totalement indéfendables.

Premier long-métrage de son réalisateur, Excision n’est pas exempt de défauts : on peut le trouver assez simpliste (j’menfoutiste) sur la détection et le traitement de la maladie mentale ; certaines scènes gore sont un peu forcées.

Richard Bates Jr a réalisé d’autres films, malheureusement introuvables en France : Suburban gothic, Trash fire, Tone-Deaf. Je regrette sincèrement de ne pas pouvoir y avoir accès, mais j’ai peut-être mal cherché.

Excision n’étant pas disponible en DVD ou Blu-Ray français ; je garde ma copie digitale VOSTFR avec conviction.

The Villainess, Buyng-gil Jung (2017)

Villainess

Une femme (mais on ne le saura pas tout de suite, la scène est filmée en vue subjective) entre dans un immeuble et commence à tuer tout le monde. Au pistolet, avec des armes blanches. Après avoir laissé des dizaines (!) de morts derrière elle (et environ 7000 litres de sang de gangster), la police la capture.

Plutôt que d’être condamnée à mort, elle est réinsérée dans un programme gouvernemental qui va faire d’elle l’arme ultime (une intéressante vision capitaliste de la justice où la vigilante ultra-douée devient un investissement à protéger/faire fructifier). Premier petit problème : la jeune femme est enceinte. Second problème : aveuglée par son désir de vengeance, elle s’est peut-être trompée de cible (ou a été manipulée) et n’a pas éliminé le gang qui était vraiment à l’origine de la mort de son père.

The Villainess est un film aussi prometteur qu’idiot ; c’est comme ça, on n’y peut pas grand chose. La première scène totalement what the fuck est un mix de la fameuse scène du marteau de Old Boy (souvent copiée, rarement égalée) et du concept-film Hardcore Henry. Bon, passons. Toute la partie entrainement pour devenir la super agente de la mort qui tue est pompée sur Nikita de Luc Besson, jusqu’à la scène du mariage qui rappelle la scène à Venise (c’est quand même un chouia problématique, non ?). D’ailleurs Nikita et Old Boy ne sont pas les seules références embarrassantes ; comme si ça ne suffisait pas, les scénaristes (ils sont deux) se sont lourdement inspirés du diptyque Kill Bill de Quentin Tarantino.

On sait depuis les années 80 / The Expendables qu’un film d’action con comme un boulon peut être aussi honteusement plaisant ; The Villainess n’y arrive pas, car le spectacle qui nous proposé est terriblement sérieux, plombant. Quant à la parenthèse enchantée de son mitan, elle ressemble davantage à un ventre mou qu’au calme avant la tempête. Le réalisateur ne fait preuve de presque aucun humour, presque aucun second degré, aucune distance autre que le WTF des scènes d’action. Et certaines mises à mort, montrées frontalement, tangentent l’insupportable… comme souvent dans le cinéma d’action coréen.

Ce n’est vraiment pas très bon, mais si l’idée de voir un duel au katana sur des motos lancées à 200 km/h dans les rue de Séoul vous fait saliver, ok, tentez le coup. Vous vous ennuierez probablement moins que devant une de ces affligeantes comédies françaises qui pullulent comme les orties à l’entrée de l’été.