
Ça commence un peu comme les 17 première minutes muettes de There Will Be Blood (2008) de Paul Thomas Anderson : un type qui ne décroche pas un mot, cherche de l’or en Laponie alors que la Seconde Guerre Mondiale prend fin. Il finit par trouver un bon filon, remplir deux sacs d’or et lever le camp, avec son cheval et son chien, frisé, qui ne ferait pas peur à une mouette malade (nous sommes minute 10). En chemin vers Helsinki, il croise un side-car nazi, deux camions (un plein de soldats, l’autre plein de « femmes de réconfort ») et un tank (c’est un modèle russe, la production n’avait pas de quoi s’offrir un tank allemand). Les soldats jaugent le chercheur d’or et le laissent passer en riant. Plus loin, notre vieux finlandais taciturne tombe sur un groupe de nazis retardataires qui, malheureusement pour eux, décident de lui chercher des poux dans la tête. Nous sommes à douze minutes (environ) de film et voilà déjà quatre morts au compteur. Rassurez-vous : ça ne fait que commencer, car le chercheur d’or n’est pas un vieux type comme un autre, on raconte qu’il a fait la Guerre d’hiver contre les Russes et qu’après avoir tout perdu il a renoncé à mourir.
Sisu est une coporoduction Finlande/Grande-Bretagne qui mélange film de guerre, film d’horreur, comédie et film de super-héros. Le générique de fin confirme ce qu’on comprend assez vite, c’est en film l’équivalent d’un comics indé outrancier, trash et complètement décomplexé (genre The Boys). Même si ce n’est pas du grand cinéma, on ne peut que saluer l’inventivité de la mise en scène (qui rappellera celle de Dead Snow de Tommy Wirkola) et le sens des paysages du réalisateur qui filme la Laponie comme Kevin Costner avait filmé l’Alberta pour Open Range (et c’est un vrai compliment). Autre surprise, Aksel Henni qui interprète l’inévitable méchant nazi, a choisi la carte de la sobriété plutôt que d’interpréter un x-ième officier SS pervers et hystérique, ce qui rend son personnage presque sympathique, surtout à mesure que ses hommes meurent dans d’atroces circonstances. Avec ce film, Jalmari Helander s’impose comme une sorte de Robert Rodriguez finlandais.
Sisu est improbable, gore, fun et de très mauvais goût. Donc : hautement recommandable.