Virus, Kinji Fukasaku (1980)

Virus_Fukasaku

 

Le film démarre en 1983 : il ne reste que huit cents soixante-trois personnes en vie sur toute la planète, dans les bases de l’antarctique. A proximité de Tokyo un sous-marin britannique récupère un échantillon d’air. Après analyse, le professeur Latour est catégorique, le virus est toujours présent dans l’atmosphère. Mais il y a peut-être moyen de faire un vaccin.

Le film va ensuite nous raconter tous les dessous de l’affaire, du vol du virus à Leipzig par un lanceur d’alertes avant l’heure, la libération accidentelle dudit virus dans l’atmosphère, son développement en Italie où il devient la « grippe italienne » (sic), puis l’annihilation quasi-totale de l’humanité. Sans oublier un tremblement de terre dans la région de Washington DC qui risque d’avoir des conséquences inattendues (bon là, il ne s’agit plus de suspendre son incrédulité, mais bien de la mettre sur orbite).

Fresque de 2h36, Virus est un film catastrophe à l’ancienne et une co-production internationale (qui accumule tous les défauts habituels de ce genre d’entreprises), d’ailleurs on y retrouve George Kennedy dans un des rôles principaux, acteur habitué aux films catastrophes s’il en est. Au casting, on repèrera aussi Edward James Olmos en erzatz de Che Guevara, Bo Svenson en soldat américain pénible, Glenn Ford dans le rôle du président des USA, Sonny Chiba en médecin japonais (qu’on reconnait à sa voix si caractéristique), Robert Vaughn en sénateur tenace.

« Les Américains n’ont pas le monopole de l’idiotie. »

Pour tout dire, le film est très intéressant (dans le contexte actuel, mais pas que) mais mauvais comme tout. Très mal écrit, il réserve deux ou trois scènes de pure sidération, notamment quand on explique aux huit femmes survivantes qu’il va falloir qu’elles aient toutes plusieurs partenaires pour la survie de la race humaine (c’est à dire le plaisir de ces messieurs), qu’évidemment il va falloir qu’elles en rabattent un peu niveau goûts personnels et intimité. Cette explication survenant juste après une affaire de viol qui va être purement et simplement passée par pertes et profits (on a bien d’autres soucis, ma petite dame). Le « bien commun » a bon dos, du moment que la femme s’y retrouve (sur le dos). Outre les passages pas du tout me too, et le manque de rigueur scientifique de l’ensemble (on va le dire comme ça), il y a quelques scènes d’un ridicule total que je ne vais malheureusement pas lister, car elles interviennent majoritairement sur la fin. On sent que ce qui intéresse avant tout Fukasaku c’est la Guerre Froide (et sa fin éventuelle). D’ailleurs, le bon Kinji cède comme souvent à son jeu de massacre préféré, l’anti-américanisme primaire, et s’en donne à cœur joie.

Le film existe en trois montages, 101 minutes (un massacre total dont il ne reste que les scènes « américaines »), 108 minutes (un massacre, aussi) et la version intégrale de 2h36, la seule qui ait à peu près un sens (la fin réussit la gageure d’être à la fois très belle et totalement ridicule sur le plan « pratique »).

Kinji Fukasaku (mort en 2003) est un réalisateur japonais important, on lui doit quelques films de yakuzas mémorables comme Combat sans code d’honneur en 1973. Il est d’ailleurs considéré comme l’inventeur du genre : « film de pègre japonais ». Le temps ayant fait son œuvre, il est maintenant surtout connu pour avoir mis en scène Battle Royale en 2000. Il a aussi réalisé quelques navets inoubliables ; je vous conseille tout particulièrement Les évadés de l’espace (1978), sa version « personnelle » de Star Wars.

 

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