[Coffret DVD] Baba Yaga / Baba Yaga – La Forêt des damnés


Alors que je viens de publier l’excellent roman de GennaRose Nethercott sur Baba Yaga : La Maison aux pattes de poulet, je me suis laissé tenter par ce coffret DVD (vraiment pas cher, chez un célèbre dealer en ligne) en me disant que ça pourrait être intéressant (au pire, même devant un film d’horreur mauvais je n’ai pas l’impression de perdre mon temps). Je croyais que les deux films se suivaient et j’ai donc commencé par Baba Yaga, dont le titre anglais Don’t Knock Twice est, à la réflexion, plus approprié.

La sculptrice Jess a abandonné sa fille Chloé pendant qu’elle était en proie à divers problèmes, dont une toxicomanie avérée. Des années plus tard, clean, elle invite sa fille devenue adulte à venir vivre chez elle. Jess possède, avec son nouveau mari, une magnifique propriété, du genre un chiffre et six zéros derrière. Le problème c’est que sa fille Chloé a été le témoin d’une disparition particulièrement traumatisante : son ami Danny a frappé deux fois à la porte de la sorcière. Une fois de trop. Et maintenant Baba Yaga est à ses trousses.

Ce film de Caradog W. James se laisse voir. Il n’a malheureusement pas grand intérêt. La légende de Baba Yaga est vraiment secondaire et l’ensemble a la subtilité d’un semi-remorque texan qui roulerait sur une famille de hérissons. Le réalisateur tente le coup du double twist/mindfuck, sans convaincre totalement. Mouais. Passons.

J’ai été nettement plus surpris/conquis par La Forêt des damnés (qui aurait dû plutôt être titré La Forêt des oubliés). Premier choc, le film est en russe. Après cinq minutes à jouer avec ma télécommande (à la recherche de la langue d’origine), j’en suis arrivé à la conclusion totalement improbable qu je regardais un film russe (et donc absolument pas la suite du précédent). Je veux dire : en se fiant aux cinq premières minutes, ça ne ressemble pas à un film russe. Une banlieue parfaite, des immeubles neufs et colorés, un soleil unanime, des adolescents relous. Dans ce film, on suit Egor qui a perdu sa mère. Son père s’est remarié avec une autre femme et ils ont eu ensemble une petite fille. Cette autre femme, qui ne travaille pas mais arrive quand même à être débordée, engage une nounou. Arrive donc dans la famille une jeune femme sexy, totalement imbuvable, qui prend Egor de haut. Celui-ci ne se laisse pas faire et soupçonne vite l’intruse d’être dangereuse (une nounou bombasse, sérieux, existe-t-il sur terre quelque chose de plus dangereux pour un couple). Quand sa petite sœur disparait, Egor passe de l’autre côté du miroir : son père et sa belle-mère ont totalement oublié qu’ils avaient eu un enfant et la nounou est étrangement sortie du tableau. L’adolescent va donc demander de l’aide à sa voisine Dasha.

Très honnêtement, c’est un traitement à la Stephen King de la légende de Baba Yaga : un groupe d’ados russes décident de récupérer la petite sœur de l’un d’entre eux et de faire la peau à la sorcière qui a kidnappé le bébé. Il y a quelque chose de vraiment épique dans cette histoire, cette lutte du bien contre le mal. Le rendu esthétique, totalement contre-intuitif, de cette banlieue russe cossue, colorée, parfaite m’a fait penser à plusieurs romans de J.G Ballard (dont Le Massacre de Pangbourne). L’ensemble est plein de trouvailles, notamment esthétiques. Et déploie sa propre mythologie « contemporaine » développée à partir de celle de Baba Yaga. On se laisse prendre par l’intrigue qui est rondement menée, à défaut d’être d’une immense originalité. Pour un film d’une heure et trente-sept minutes, c’est sacrément riche, l’air de rien.

Au final : un film anglais sans intérêt et un film russe classique dans son approche kingienne du mal et, en même temps, vraiment convaincant.

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