The Fall – série télé (2013-2016)

theFall

Belfast, 2012. Un tueur (Jamie Dornan) étrangle des femmes, les lave, les laisse mortes dans des positions suggestives. Une commissaire londonienne (Gillian Anderson) est appelée en renfort par la police de Belfast ; elle a mené les investigations de l’affaire Moon, son expérience en la matière ne peut être remise en question. Le tueur s’appelle Paul Spector, il est psychologue, spécialiste du deuil. Il est marié à une infirmière ; ils ont deux enfants. La commissaire s’appelle Stella Gibson, elle est célibataire, bisexuelle, libérée mais fragile. Sous le masque de glace d’un professionnalisme acéré, elle cache une psychologie craquelée par l’empathie et la compassion. Stella (la souris) poursuit Paul (le chat). Stella (la blonde) fascine Paul (qui ne tue que des brunes). Il ne peut en rester qu’un(e).

Rarement une série télévisée ne m’aura fasciné à ce point ; je me suis surpris à revoir des épisodes, pour savourer la précision des détails, la méticulosité du scénario, le jeu de Gillian Anderson. La mécanique narrative est un modèle d’horlogerie suisse, régulier, sans fausse note. Dès le premier épisode, l’identité du tueur est connue. Dès le premier épisode, la fragilité de Stella est palpable. Le suspense est ailleurs, dans les procédures, les expertises médico-légales, les points presse, les erreurs que commettent les uns et les autres.

Gillian Anderson joue là le rôle de sa vie ; elle n’a jamais été aussi belle (elle fête ses cinquante ans cette année, ce qui de son point de vue est sans doute un « mauvais cap »), jamais elle n’a été aussi fragile, aussi forte, aussi lumineuse dans sa volonté de faire le bien. De faire ce qui est juste. Jamie Dornan est époustouflant en serial killer méticuleux, mais toutefois dominés par ses pulsions perverses. C’est un anti Hannibel Lecter, un anti Dexter. Il est tellement vivant, anti-romanesque, quotidien, incarné, probable dans ses moindres détails. Effrayant dans son apparente banalité de bon père de famille. Mais aussi dans sa capacité intellectuelle à construire des meurtres, des actes, des alibis. Les seconds rôles ne sont pas en reste. Colin Morgan est habité, presque incandescent, dans son interprétation du policier Tom Anderson, amant malheureux de Stella. Il s’est approché trop près de l’étoile, il s’est brûlé les ailes.

The Fall est épouvantable, éprouvant, à réserver aux adultes avertis ; les scènes de meurtre sont abominables. Les scènes de violence sont aussi rares qu’explosives. Les secrets des uns et des autres sont souvent inavouables. Mais derrière cette radicalité, se cache une ambition de marbre, inébranlable. Celle d’approcher au plus près la nature du mal. Ce qui, à mon sens, est le rôle primordial de l’art.

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