Killers, Mo Brothers (2014)

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Au Japon, Nomura est un riche oisif qui torture puis tue des jeunes femmes. Il met des vidéos en ligne. Un jour, il rencontre une fleuriste qui abandonne son petit frère autiste au milieu de la route en espérant qu’il va se faire écraser. Mais la tentative foire et l’automobiliste freine au dernier moment.

A Jakarta, Bayu est un journaliste d’investigation séparé de sa femme. Il a enquêté sur l’homme d’affaires Dharma et a échoué à le faire tomber. Bayu, fasciné par les vidéos de Nomura, tue en légitime défense un chauffeur de taxi et son complice. Bayu est-il lui aussi devenu un tueur ? En tout cas, il a filmé ses victimes, mis une vidéo en ligne. Et c’est à Nomura qu’il demandera des réponses.

Sur le papier, Killers ressemble à ces ambitieuses fresques criminelles sud-coréennes dont je ne me lasse pas (The Murderer, Old boyThe Chaser, New World, Memories of murderLe flic aux hauts-talons…) La durée du film 2h17 plaide aussi pour cette hypothèse. Au visionnage, l’impression est autre. Le film est certes ambitieux dans ses thématiques, mais il privilégie les effets gore aux questions morales. Les meurtres de Nomura n’ont rien d’intéressant en soi : un type tourmenté, sadique, au passé traumatisant, qui tue de jolies jeunes femmes. Ok, on a déjà vu ça mille fois. En beaucoup mieux. La partie internet/réseaux sociaux/voyeurs aurait pu relever la sauce, il n’en est rien. A peine effleurée, elle est en outre à l’origine de la plus grosse erreur scénaristique du film. La partie indonésienne, avec Bayu, est nettement plus intéressante sur le plan moral, mais elle est complètement plombée par des seconds rôles qui jouent à côté et les scènes de l’hôtel de luxe (je ne spoile pas, enfin j’essaye) totalement grotesques dans leur volonté de suspens.

Qui plus est, quand les deux versants du film se rejoignent au sommet, une fois encore ce n’est pas convaincant. Ce qui est d’autant plus rageant qu’à peu près tout est là : Kazuki Kitamura (Nomura) est inquiétant voire terrifiant à certains moments, Oke Antara (Bayu) ne s’en tire pas trop mal et s’en tirerai probablement mieux si le film avait été mieux écrit, mieux réalisé. Certaines scènes sont très réussies, je pense à celle du coffre de voiture dans la partie japonaise de l’intrigue.

J’ai visiblement passé l’âge de regarder avec plaisir un serial killer ouvrir la gorge de sa victime au sécateur. Le tout en full frontal. S’il y a de la profondeur dans ce film, on la trouve davantage dans les plaies que dans l’esprit. Killers manque d’ambition philosophique et morale. D’un véritable metteur en scène, aussi.