
A un enterrement, David Packouz (Miles Teller) revoit son copain d’enfance Efraim Diveroli (Jonah Hill). David essaye de fourguer des draps en coton égyptien à des maisons de retraite de Floride, sans trop de succès, pendant qu’Efraim vend des armes au Pentagone, utilisant un site d’appel d’offres où certains contrats (« les miettes ») n’intéressent pas grand monde, mais représentent quand même des milliers de dollars de commission. Les deux hommes s’associent. Leurs aventures prennent un tour particulier quand ils doivent se rendre en Jordanie récupérer un lot de Beretta bloqué en douanes.
» La guerre est une économie, toute personne qui t’affirme le contraire est soit stupide soit impliquée « .
Evidemment basé sur une histoire vraie, War dogs n’est pas un film d’une originalité transcendante, les similarités avec Le loup de Wall Street (renforcées par la présence de Jonah Hill dans les deux films) sont tellement nombreuses qu’on a parfois l’impression de voir un remake situé dans le monde des marchands d’armes. Le film fait la part belle à la comédie, et ne possède pas toute la profondeur du Lord of war d’Andrew Niccol. War dogs dit toutefois quelque chose d’intéressant sur la fascination qu’exerce encore de nos jours le film de Brian de Palma Scarface. Comme toujours, ce qu’en retiennent les personnages c’est la montée en puissance d’un self-made-man avide de pouvoir et d’argent, qui n’a peur de rien, même quand on découpe son copain d’enfance à la tronçonneuse. Comme l’amour la fascination rend aveugle et tout le monde (ou presque) oublie la chute, quand Tony tue son meilleur ami, provoque la mort de la seule personne qu’il aime au monde (sa soeur) et suit de très près ses tripes (libérées par une décharge de chevrotines) dans une fontaine pleine de sang.
Si le film pêche par son manque d’originalité, War dogs a d’autres atouts : la réalisation est inventive, le rythme est soutenu, les acteurs sont épatants et le ton résolument adulte (on se drogue et on se fait sucer dès que possible, car l’argent y pourvoie). C’est une vraie boule puante (d’ailleurs le réalisateur ne s’embarrasse d’aucune pincettes politically correct en matière de clichés antisémites ; il offre à Jonah Hill (né Jonah Hill Feldstein) à peu près tout le catalogue, avec la légèreté d’un merkava lancé à 60 km/h). Efraim est un personnage odieux, absolument indéfendable, mais il devient inquiétant dans une des scènes a priori les plus anodines du film, quand il vire un de ses employés car celui-ci vient de lui expliquer que l’acronyme IBM a un sens, que derrière ces trois lettres se cache une ambition industrielle : International Business Machines. L’intelligence et la culture générale sont alors clairement désignés comme ennemis des bonnes affaires. Est dangereux celui qui pense trop. Les officiers supérieurs le savent que trop bien : un soldat ne doit pas penser, jamais ; il faut l’occuper, tout le temps.
War dogs est un solide divertissement pour adultes consentants. Si vous n’en attendez pas trop, il vous donnera sans doute beaucoup.
