
Après un drame qui l’a touchée dans son cœur, son âme et sa chair, Sadie a décidé de se mettre au service des femmes battues, des enfants en danger. Contre un peu d’argent, un peu de nourriture, ce que vous pouvez donner, elle vous débarrasse de votre mari violent, sans le tuer, elle vous protège le temps de contacter les services sociaux. Sadie est cabossée, dans un sale état, physique et psychologique, mais elle arpente sa voie, comme un samouraï sans maître qui a su garder un code d’honneur indestructible, que nul ne pourra remettre en cause.
Les films qui mettent en scène des justiciers m’ont toujours intéressé, que ce soit Magnum Force (1973), Un justicier dans la ville (1974), Le Droit de tuer (1980), Vigilante (1982), Tir groupé (1982), La Nuit des juges (1983), A vif (2007), Death sentence (2007) (tout comme les Rape&revenge, d’ailleurs). Ils sont rarement aussi sulfureux / démagogues qu »on veut bien le dire et souvent très révélateurs de la période durant laquelle ils ont été filmés. Certains sont atroces comme Un justicier dans la ville 3, qui est un des pires films de l’histoire du cinéma, mais la plupart sont presque « documentaires » pour ne pas dire salutaires. Ils nous poussent à réfléchir aux notions de vengeance, de justice, d’injustice, etc. Et il me semble qu’il est très important d’y réfléchir régulièrement.
A Vigilante apporte sa pierre à l’édifice. Une pierre très Me too, mais pourquoi pas. Olivia Wilde porte le film sur ses épaules mal cicatrisées ; son personnage n’est pas indestructible, n’est pas sans faille, elle est même fêlée presque à se briser. Elle veut faire le bien, là où il n’y a que du mal. Le traitement narratif choisi par la réalisatrice est aussi radical qu’exemplaire, on ne découvre l’histoire de Sadie que fragment après fragment. Les épisodes les plus terribles ne sont pas montrés ou sont filmés hors-champ. Sarah Daggar-Nickson a opté pour un traitement naturaliste, sobre, anti-spectaculaire, presque art&essai. Intéressant. A Vigilante est un film de vigilante mais aussi une réflexion sur ce genre souvent d’exploitation. Ce n’est sans doute pas un film parfait (il y a une scène vers la fin qui peine à convaincre), mais je l’ai trouvé marquant, tendu, sans une once de gras et très sincère. Très éloigné de Peppermint son alter ego hollywoodien sorti la même année, presque à l’autre bout du spectre cinématographique.
Par certains aspects, A Vigilante m’a rappelé Aucun homme ni dieu de Jeremy Saulnier. C’est plutôt un compliment.