Le jeune juge Steven Hardin (Michael Douglas, parfait), du genre idéaliste, est confronté à un cas de conscience épouvantable. Un enfant a été torturé, violé et assassiné. Deux hommes ont été arrêtés, mais la chaussure de l’enfant, trouvée dans leur van, n’a pas été récupérée grâce à un mandat en bonne et due forme. Cette preuve est donc irrecevable et Hardin ne peut que prononcer le non-lieu. Il se rapproche alors de son mentor et ancien professeur, le juge Benjamin Caulfield (Hal Holbrook, très bien) qui lui dit qu’il existe peut-être une solution…
Dix ans après le fort réussi Magnum Force, dans lequel jouait déjà Hal Holbrook dans un rôle très proche, Peter Hyams se penche sur les grains de sable qui grippent la machine judiciaire américaine. Son constat est très intéressant et son film ne manque pas de faire fonctionner les méninges à plein régime. Il n’y a pas de réponse simple face à un problème complexe. Sans fusillades tonitruantes, Peter Hyams livre un thriller cérébral qui ne manque pas d’atouts, à commencer par un casting impeccable et un sens extraordinaire du rythme. Ça ne vaut sans doute pas le cinéma de Sidney Lumet sur la justice, la police et la corruption, mais ça reste toutefois d’un très bon niveau.
Peter Hyams a tout réalisé dans sa vie, du navet d’action avec Jean-Claude Van Damme au très bon film policier comme cette Nuit des juges.
Le monde tel que nous l’avons connu a pris fin. La société nord-américaine s’est effondrée, victime du capitalisme.
« J’ai toujours pensé que les humains étaient une espèce toxique. Des super prédateurs. Les humains, à part tout bousiller et rendre ce monde plus laid, je ne sais pas à quoi ils servent… Celui qui nous a inventés, il aurait pas dû, car au final, il faut bien reconnaître qu’on est juste des gros cons… Les gros cons de la création. » 4e de couverture.
Une jeune femme (activiste d’Extinction Rébellion) prend la route vers le nord, vers le Yukon où elle veut rejoindre un groupe de rebels. Son odyssée va la mener à faire une autre rencontre.
[Attention critique avec spoilers]
Femme sauvage de Tom Tirabosco est une belle BD noir&blanc publiée en 2019 par Futuropolis. Sur le plan politique, elle ne convaincra que les convaincus de l’équation capitalisme+patriarcat=fin de l’humanité (c’est sa principale faiblesse, à mon humble avis). Le propos est naïf, même si le texte est farci de nombreuses citations de Henry David Thoreau, mort de la tuberculose à 44 ans, faut-il le rappeler. Mais bon cette naïveté, ce concentré d’idéaux est totalement raccord avec le projet, donc difficilement attaquable, tout ça a l’air produit par une saine colère et une formidable sincérité. Là où Tirabosco surprend d’avantage c’est dans son scénario qui au final mêle naturalisme et imaginaire. Il nous montre deux femmes sauvages : l’héroïne (autrefois urbaine) et l’amérindienne géante qu’elle va rencontrer dans les bois. La rebelle des villes et la chamane des bois. Cette autochtone avec ses gros seins qui pendent, son surpoids et sa force de colosse évoque à la fois la vénus de Willendorf et une déesse de la fertilité. La rencontre des deux femmes, ce qui les rassemble est assez émouvant, tout comme ce qui les sépare d’ailleurs. Leur destin final est plus symbolique, foudroiement technologique pour l’une et engloutissement naturel pour l’autre.
Car il y a beaucoup de symboles dans cet ouvrage, les événements ont presque tous un sens, ils mènent quelque part, ils servent le discours, il rappellent les idéaux, aiguillonnent la réflexion. Évidemment cela renforce l’aspect naïf de l’ensemble (on a presque envie de dire programmatique – alors qu’en fiction l’adjectif a quand même tout d’un gros mot).
Très honnêtement, car des ouvrages post-apocalyptiques j’en ai lus des dizaines dans ma vie, ce que j’ai le plus aimé ici, c’est le dessin, il est souvent très inspiré. Certaines visions sont magnifiques. Comme dans la vraie vie, le vulgaire et le sublime se côtoient.
« Nous sommes capables de faire des choses merveilleuses, nous sommes capables de faire des choses terribles », disait Sam J. Miller au sujet des personnages de son roman La Cité de l’orque.
C’est le nœud du problème, rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc.
Femme sauvage est un album vraiment intéressant ; je ne regrette pas de l’avoir acheté et lu. Par contre, je regrette que le dessinateur ne se soit pas associé à un scénariste plus ambigu.