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Richard Dadier, ancien marines, professeur d’anglais (littérature) trouve un emploi dans un lycée technique. Il remarque dès son entretien d’embauche qu’il y a un sérieux problème de discipline dans l’établissement. Après quelques cours, et après avoir empêché le viol d’une professeure, il identifie deux leaders : Gregory Miller (Sidney Poitier, dans un de ses tous premiers rôles) et Artie West (Vic Morrow, le père de l’actrice Jennifer Jason Leigh qui trouva la mort dans l’un des plus étranges accidents de l’histoire du cinéma américain). La situation dégénère encore plus quand Dadier et un de ses collègues sont violemment agressés après les cours.
Graine de violence est le huitième long-métrage de Richard Brooks. On y retrouve tout (ou presque) ce qui fait la particularité de ce réalisateur : son indéniable avance sur son temps, son féminisme malin, son antiracisme militant. La première chose qui saute aux yeux, c’est que le titre anglais Blackboard jungle est bien meilleur que le titre français et raconte une toute autre histoire. Glenn Ford est excellent en professeur idéaliste confronté à un problème qui le dépasse, mais à dire vrai je ne l’ai jamais vu mauvais. L’histoire est poignante et terriblement violente pour l’époque. D’une certaine façon, Graine de violence est un film séminal qui annonce le mauvais, mais totalement réjouissant Class 84 de Mark L. Lester et Esprits rebelles de John N. Smith où le personnage principal interprété par Michelle Pfeiffer vient aussi du corps des marines..
Il y a une morale, évidemment, dans Graine de violence, mais elle passe derrière la rencontre Miller/Dadier qui l’éclipse (il n’est pas interdit de penser à Gran Torino de Clint Eastwood). Sans aucun angélisme, Brooks célèbre la tolérance, l’ouverture d’esprit, le dialogue et la transmission. Il livre un film fort, universel et presque intemporel.