Mysterious Skin, Gregg Araki (2004)


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J’ai acheté le DVD de Mysterious Skin début 2008, il y a donc treize ans. Et durant toute cette période, je n’ai pas ressenti le besoin de le regarder. Je savais ce qu’il contenait et ça m’effrayait sans doute un peu. Depuis cet achat, j’ai vu deux des trois films qu’Araki a tourné durant cette période : Kaboom et White Bird, deux films qui, comme souvent chez ce réalisateur, parlent de bisexualité et/ou d’homosexualité refoulée. Aucun des deux n’a la force de Mysterious Skin. Apparté : Araki dit que la façon dont il communique sur sa sexualité dépend de son interlocuteur ; pour quelqu’un de droite ou partageant les convictions conservatrices de Sarah Palin, il se dira « gay » (en hommage à toute les victoires que les activistes gays ont remporté durant l’histoire récente), mais pour quelqu’un capable d’assimiler la chose et d’en discuter avec lui, il se dira plutôt bisexuel ayant en majorité des partenaires masculins.

Araki said that « [I] don’t really identify as anything », adding « [I] probably identify as gay at this point, but [I] have been with women ».

Mais revenons au film, Mysterious Skin.

Quand il avait huit ans, Neil McCormick (le meilleur joueur de l’équipe) a eu une histoire d’amour passionnée avec son entraîneur de baseball. Huit ans ? Oui, il n’y a pas de faute de frappe. A la même époque, Brian Lackey, le pire joueur de la même équipe de baseball, a perdu cinq heures de sa vie. Les années passant, il s’est persuadé qu’il avait été enlevé par des extraterrestres. Une certitude que sa rencontre avec Avalyn Friesen, qui se dit régulièrement enlevée par des extraterrestres depuis l’enfance, va fragiliser. Car la jeune femme lui donne un bon conseil : enquêter sur le garçon que Brian voit dans ses rêves… Ce garçon c’est Neil, évidemment.

Il n’y a pas de suspense dans Mysterious skin. Ce que Brian va découvrir, le spectateur le sait depuis longtemps. Il n »y a donc pas de véritable enquête, mais il y a une quête (de vérité) et le portrait de deux victimes : d’un côté, Neil qui se prostitue (Joseph Gordon-Levitt, bouleversant), de l’autre, Brian (incapable de nouer une relation amoureuse) qui voudrait retrouver les cinq heures qu’on lui a volées.

Mysterious Skin est le film le plus sérieux d’Araki, mais aussi le plus éprouvant. Certaines scènes sont à la limite du supportable (et se révéleront sans doute insupportables pour certains spectateurs). Il marque durablement.

(Trigger warning : il contient une scène de viol extrêmement brutale.)