Yummy, Lars Damoiseaux (2019)

[Facebook au temps du coronavirus.]

Alors que je cherchais un film d’Halloween pour animer le facebook d’Albin Michel Imaginaire, je me suis dit que j’allais jeter mon dévolu sur Ça d’Andy Muschietti que j’avais acheté il y a un moment en coffret blu ray et que je n’avais encore jamais regardé.

Bon, après trois soirées pénibles, j’en suis venu à bout, mais j’ai plus ou moins détesté le diptyque. A mes yeux, les producteurs, les scénaristes et le réalisateur n’ont rien compris au roman de Stephen King. Ça n’est pas un roman sur un clown tueur d’enfants, mais plutôt une exploration via la métaphore fantastique de cette Amérique qui n’a pas sur devenir « la promesse » qu’elle portait en elle dans les années 60. King y reviendra à de nombreuses reprises, notamment dans Cœurs perdus en Atlantide et 11/22/63.

C’est pour ça qu’à mon sens changer les baby-boomers du roman en membres de la génération Y est un contresens [inacceptable]. Le clown tueur n’est juste qu’un moteur narratif qui permet à l’auteur de lui opposer le même groupe d’individus à 27 ans d’écart ; en lui-même le clown n’a guère d’intérêt, voire aucun.

J’ajouterai à cela une réalisation horripilante, des scènes d’action illisibles et trop sombres, des acteurs souvent à côté de la plaque ou honteusement sous-employés, une version du personnage de Beverly qui cède à la pression « politically correct » hollywoodienne qui est en train de devenir une sorte de norme déplorable, j’en passe et des meilleurs. Ça aussi c’est une forme d’infantilisation, passons…

Exit Ça.

Après, je me suis penché sur Prémonitions que je devais avoir depuis trois ans en stock, quelque chose comme ça. Bon, c’est intéressant, mais pas très Halloween, malgré une scène d’autopsie d’un enfant (voilà, vous êtes prévenus).

Donc, dernière cartouche : Yummy.

[\Facebook au temps du coronavirus.]

Une jeune femme qui subit un harcèlement de rue permanent à cause de la générosité de sa poitrine, décide de se rendre dans un pays de l’est pour une réduction mammaire bon marché. Sa mère qui a prévu tout un tas d’interventions chirurgicales inutiles (sur le plan esthétique son cas est désespéré, sauf à vouloir absolument ressembler à une vieille prostituée vitriolée) l’accompagne, ainsi que son petit copain qui a fait sa première année de médecine (et qui visiblement trouvait ses seins très biens).

Bon à moment, peu après leur arrivée à la clinique de la forêt noire un truc part en couille et des zombies débarquent.

Yummy c’est donc des gros seins, des zombies, quelques centaines d’éviscérations et un homme qui prend feu par là où il a pêché (après une augmentation pénienne, cela va de soi), franchement il vous faut quoi de plus ?

Prémonitions, Afonso Poyart (2015)

L’agent du FBI Joe Merriwether (Jeffrey Dean Morgan, excellent) est confronté à une affaire inexplicable, trois personnes sans lien entre elles ont été tuées d’un coup de poinçon dans la nuque, une méthode instantanée et indolore qui ne plaide pas pour un tueur en série classique. Un enfant fait partie des victimes, ce qui rend l’affaire très sensible. Bloqué dans son enquête, et contre l’avis de sa partenaire Katherine Cowles (agente du FBI et docteur en psychologie), Joe contact le docteur John Clancy (Anthony Hopkins, plus sobre qu’à l’habitude) qui, dans le passé, a aidé le FBI dans plusieurs affaires épineuses. Cet homme, médium de fait, ne croit pas au paranormal, il croit en la science et donc essaye de comprendre comment fonctionne son sixième sens (la version « grand luxe » de ce qu’on appelle l’intuition, selon ses dires), il veut une réponse logique et comme elle n’existe pas il refuse d’aider une nouvelle fois le FBI. Mais pour comprendre ses démons, il n’aura pas d’autre choix que de les affronter face à face.

Si Prémonitions n’est pas un grand film et accumule bien des défauts, c’est un film qui a une énorme qualité : il pousse à la réflexion, sur ce qu’il dit et comment il le raconte. D’abord, on notera que le titre français, banal, est beaucoup moins évocateur que le titre anglais Solace. Consolation. Réconfort. Au niveau des défauts, on pointera du doigt quelques choix malheureux : David Fincher avait évité de mettre le nom de Kevin Spacey au générique de Seven, les producteurs de Solace n’ont pas pu s’empêcher de spolier le face à face Anthony Hopkins / Colin Farrell. Dommage. Ensuite, il y a plein de détails qui ne fonctionnent pas, l’enquête du FBI ressemble plus à une enquête de police, les pouvoirs de John Clancy sont beaucoup trop étendus. Quand il explique à l’agent Cowles avec qui elle a perdu son pucelage, dans quelles circonstances etc. c’est nettement moins intéressant que si tout ce qu’il voyait pouvait prêter lieu à interprétation, comme c’est souvent le cas par ailleurs dans le film où certaines visions changent sont instables.

Prémonitions n’est donc pas un film parfait, loin de là, le scénario flotte un peu (surtout si on le compare à la mécanique narrative millimétrée du Zodiac de David Fincher, par exemple), la réalisation est un peu terne, mais il comporte de bons moments, une ou deux scènes bluffantes et une vraie réflexion sur ce que c’est d’être en dehors de l’Humanité d’une façon (la maladie) ou d’une autre (les pouvoirs paranormaux) ou encore une autre (la mort). Tous les acteurs sont assez sobres.

Tout comme on peut s’en passer, on peut aussi le regarder.