Hellboy, le reboot de la mort qui te tue…

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Il était une fois Arthur, Excalibur, Merlin et la sorcière Vivienne Nimué (une putain de française ? avec un nom pareil, je vois que ça…). Donc Arthur galope fièrement vers l’arbre de la sorcière immigrée clandestine, Merlin lui donne un coup de main, un prêtre aussi, pendant qu’on y est. Clic-clac Kodak, avec l’aide notoire d’Excalibur, on coupe la sorcière en morceaux, on met tout ça en boîtes bento et (comme on le fera plus tard avec Voldemort) on éparpille les happy meals aux cinq coins de l’Angleterre. On est au VIe siècle, un truc comme ça, et un prêtre ne voit aucun problème à s’associer avec un magicien du nom de Merlin. Bon, il faut dire que c’est pour tuer une sorcière aux petits seins qui pointent. Nécessité fait loi.

Quelques siècles plus tard, un démon-goret manipulé par plus maligne que lui décide de ramasser les morceaux de la sorcière, de rassembler tout ça et de foutre l’apocalypse chez les Anglais (alors qu’ils ont déjà Boris Johnson, vraiment… était-ce nécessaire ?) Heureusement le BPRD veille et Hellboy va pouvoir brandir son énorme pistolet (non, ce n’est pas un symbole phallique, pas plus que les cornes cassés et limées sont symboles de castration ou une épée enfoncée bien profond dans un rocher récalcitrant est symbole de panne sexuelle royale).

Alors, comment dire… Pendant tout le film je me suis dit qu’après le suicide au cheddar de Marc Veyrat, quelqu’un avait eu la bonne idée de refiler son restaurant deux étoiles (au guide Micheline, trois qui la tiennent deux qui la…) à l’ancien gérant du McDonald’s de Palavas les flots. Guillermo Del Toro sort, Neil Marshall entre et dépense 50 millions de dollars pour pondre cette bouse hallucinante. Tout est mauvais, les acteurs qui cachetonnent, les blagues à deux balles, les effets spéciaux, le scénario (quel scénario ?). La seule chose qu’on ne peut pas reprocher à Neil, c’est une certaine constance dans la médiocrité.

Moi je veux bien qu’on me file 50 millions de dollars (même 49…) pour rebooter Star Wars, j’ai le cast ! Moderne, me too et tout et tout. Leila Bekthi dans le rôle de la princesse Leia, Léa Seydoux dans le rôle de Léa Skywalker, Sergi Lopez dans le rôle de Han Solo, Vincent Cassel dans le rôle de Dark Vador, Benoît Poelvoorde dans le rôle de Chewbacca et Isabelle Huppert dans le rôle de l’Impératrice. Putain, si ça ça envoie pas du rêve, je veux bien être castré !

(Non, peut-être pas, quand même…)

 

 

C’est arrivé entre midi et trois heures, Frank D. Gilroy (1976)

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Un gangster, Graham Dorsey (Charles Bronson), fait un rêve prémonitoire juste avant l’attaque d’une banque. A la première occasion, il fausse compagnie aux autres membres de son gang. Cette première occasion est… une veuve, Amanda Starbuck (Jill Ireland, Mme Bronson à la vie), qui possède une incroyable maison au beau milieu du désert. Entre midi et trois heures, donc, ils vont faire l’amour trois fois, danser, s’habiller comme pour un gala, se baigner dans une crique paradisiaque et dévorer un poulet grillé (cuisson : 75 minutes, pour ceux qui l’ignoreraient). Quelle santé !

C’est arrivé entre midi et trois heures de Frank D. Gilroy (réalisateur et auteur du roman) est tout autant un western que John McCabe de Robert Altman, c’est dire à quel point ce n’en est pas un. Charles Bronson joue un gangster ordinaire, un peu pleutre, qui va être complètement dépassé par ce qui lui arrive : une histoire d’amour. Pour le moins à contre-emploi (il a tourné Un justicier dans la ville deux ans plus tôt), Charles Bronson casse son image de macho indestructible et fait des merveilles. Jill Ireland (qui joue avec lui, ici, pour la treizième fois) n’est pas en reste.

Si le film s’apparente à une comédie, il est étonnamment amer.

C’est fort probablement le premier western où il est ouvertement question de problèmes d’érection (en tout cas, je n’en vois pas d’autre).

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The Darkness, Greg McLean (2016)

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Deux couples vont camper dans le Canyon de Chelly, sur les anciennes terres des Anasazis. L’un des enfants, Michael Taylor (qui est par ailleurs autiste) tombe dans une crevasse et récupère cinq pierres magiques, libérant des forces qui n’avaient pas arpenté la terre depuis plusieurs siècles : celle du loup, du serpent, du bison, du coyote et du corbeau.

Il y a tout les bons ingrédients dans The Darkness : les mythes Amérindiens, le mystère qui entoure la fin de la civilisation anasazi (ou du moins la désertion de leurs cités), un couple (Kevin Bacon et Radha Mitchell) qui ont des problèmes de couple : la parentalité, l’infidélité du mari, la perte de désir, l’anorexie de l’aînée, l’autisme du cadet. Il y a tout et, paradoxalement, Greg Mclean n’en fait pas grand chose. Il copie (involontairement, supposera-t-on) tout un pan du Poltergeist de Tobe Hooper.

The Darkness ronronne, il devient vite ennuyeux et ce qu’il y a de plus intéressant tourne autour des relations entre les personnages : relations de travail, relations de couple, etc (on notera d’ailleurs un beau portrait de mari complètement odieux). Toute la dimension surnaturelle (et spirituelle) du film est bâclée par le réalisateur, les contradictions s’accumulent pour laisser place au sensationnel. Et malgré de très bonnes scènes et deux trois trouvailles graphiques assez bluffante, la mayonnaise ne prend jamais. Les Anasazis (et leurs croyances) méritaient mieux.

 

Les prédateurs, Tony Scott (1983)

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Miriam (Catherine Deneuve) et John (David Bowie) s’aiment depuis longtemps, très longtemps. Ce sont des vampires. Et c’est Miriam qui a fait de John le vampire qu’il est. Il sont unis par l’amour, la musique (lui au violoncelle, elle au piano) et le meurtre. Car il faut bien nourrir leur appétit pour le sang humain.
Un jour, John se met subitement à vieillir. Comme il ne comprend pas ce qui lui arrive, il s’adresse à une spécialiste du vieillissement, Sarah Roberts (Susan Sarandon). Mais Sarah ne s’intéresse pas à lui, et quand elle commence à comprendre qu’il y a peut-être quelque chose à creuser dans le cas de John, il est trop tard. En tous cas pour John…

Les Prédateurs, tiré du roman de Whitley « je me suis fait kidnapper et sodomiser par les extraterrestres » Strieber est le premier long métrage de Tony Scott, juste avant Top Gun, qu’il réalisera en 1986. C’est un film qui accumule les défauts, notamment des scènes érotiques inspirées de David Hamilton, assez clipesques, qui tangentent le ridicule (ou y sombrent carrément, question de goût). Néanmoins, ça reste un assez chouette film de vampires, au dénouement assez surprenant. Si Catherine Deneuve requiert à des doubles pour toutes les scènes érotiques, il n’en est rien de Susan Sarandon qui, comme on dit dans ces cas-là, donne de sa personne.

Un classique qui s’ouvre sur Bela Lugosi’s Dead de Bauhaus que, malheureusement, Tony Scott finit par saccager (pour en effet de mise en scène / montage tout sauf convaincant).

NB : Pour la première fois de sa carrière, Tony Scott utilisait The Flower duet (Lakmé) de Léo Delibes. Il réutilisera ce morceau dans True Romance, durant le face à face de légende (sur les Siciliens) qui oppose Dennis Hopper à Christopher Walken.

Bag of bones, Mick Garris (2011)

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Mike Noonan, écrivain à succès, se retrouve veuf du jour au lendemain. C’est d’autant plus dur que sa femme était enceinte au moment où elle a perdu la vie dans un accident de la circulation. On a toujours dit à Mike qu’il ne pouvait pas avoir d’enfants et il a du mal à imaginer que sa femme le trompait. Ce mystère, cette possible faute, le hante, s’ajoute à son deuil. Il finit par se convaincre que les réponses se trouvent dans la maison près du lac où sa femme se rendait parfois pour peindre. Mike emménage pour écrire son nouveau roman et commence à s’intéresser à la vie locale de Dark Score Lake, un endroit où a eu lieu un nombre statistiquement élevé de noyades d’enfants.

Bag of bones n’est pas le roman le plus connu de Stephen King. L’histoire est assez banale et sa résolution, bien que très kingienne, se révèle assez peu satisfaisante. Décevante.

Depuis 1992 et son médiocre La Nuit déchirée, Mick Garris met beaucoup d’énergie à massacrer l’œuvre de Stephen King en voulant l’adapter en téléfilms et longs métrages : Le Fléau, sa calamiteuse version de Shining, et j’en passe. Bag of bones n’est pas très réussi (cela dit, je l’ai trouvé moins mauvais que le Shining sus-cité que je n’ai jamais réussi à finir), Pierce Brosnan joue régulièrement à côté et on ne peut pas s’empêcher de se demander ce que Frank Darabont ou Rob Reiner auraient fait avec une telle histoire. Il y a quand même une ou deux choses réussies : tout ce qui tourne autour de l’arbre féminin (je ne spoile pas davantage), le personnage de Mattie Devore (incarnée par l’actrice australienne Melissa George, vue dans Triangle de Christopher Smith), le personnage de Sarah Tidwell (incarné par Anika Noni Rose).

Mick Garris n’a jamais su adapter Stephen King ; pitié, qu’on lui interdise de ré-essayer. Le monde ne manque pas de formidables réalisateurs. D’ailleurs Christopher Smith (pour n’en citer qu’un) vaut beaucoup plus que sa malingre réputation.

Disponible dans toutes les bonnes librairies…

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C’est aujourd’hui que sort mon album de bande-dessinée Macbeth, roi d’Ecosse – tome 1 : Le Livre des sorcières, avec Guillaume Sorel aux pinceaux.

Quelques chanceuses et chanceux l’ont reçu en avant-première :

Le challenge est réussi pour Quoi de neuf sur ma pile ?

Une adaptation qui fonctionne à merveille pour Lorhkan.

Un dessin sublime et crépusculaire pour Just a word.

Thomas Day et Guillaume Sorel ont produit un monstre, pour l’Epaule d’Orion.

Une réussite dont on attend impatiemment la suite Au Pays des cave trolls.

La seconde (et dernière partie) est prévue pour le printemps prochain.

 

 

 

Polar, Jonas Åkerlund (2018)

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Duncan Vizla est un tueur professionnel. Du genre à être payé un million de dollars par contrat. Il travaille pour Damoclès, une entreprise criminelle qui lui doit pas loin de huit millions de dollars de pension. Pour Duncan, l’heure de la retraite a sonné. Il a cinquante ans et chez Damoclès on part à la retraite à cinquante ans. C’est comme ça et la CGT n’a pas son mot à dire, pas plus que le MEDEF. Alors qu’il ne lui reste plus que quinze jours à tirer avant sa retraite effective, on lui demande de régler un dernier problème de cent trente kilos, viagra non compris : un tueur mexicain du nom de Pedro, qui a eu le bon goût de se planquer en Biélorussie. Avec l’aide d’une pute locale et de son gamin de huit ans environ, Duncan honore son contrat et s’aperçoit alors qu’il a été piégé.

Jonas Åkerlund est un réalisateur capable du pire et du encore plus pire que pire. C’est pas donné à tout le monde. Sa marque de fabrique : le mauvais goût totalement assumé. Du genre à filmer Johnny Knoxville avec une érection de vingt-trois centimètres, des filles réduites à leur popotin savamment écarté par la ficelle d’un string fluo ou à leur poitrine généreuse en pleine acrobatie aérienne. Outres les culs bombés et les nichons parfum quarante mégatonnes, il aime filmer le sang qui remonte dans l’aiguille juste avant un fix, les plaies ouvertes, les giclures de sang, les gens au crâne éclaté ou à l’œil arraché à la cuillère à pamplemousse. Généralement il filme ça – über-cool – comme un clip de gangsta rap faisant l’éloge du corps féminin ou une vidéo de Ramnstein sur l’éducation des petites filles. Blood, brains and boobs. On est très loin de Peter Greenaway ou de Stanley Kubrick. Même en étudiant sa filmo à la loupe ou à l’endoscope, il est vraiment très difficile de trouver un bon film. Jonas aime le poisseux, le visqueux et le répugnant ; ce qui peut vite devenir épuisant dans le cadre d’un long-métrage.

Mais bon, Jonas n’est pas infaillible, nul ne l’est à part mon maître à penser Laurent Wauquiez, et donner le rôle de Duncan Vizla à Mads Mikkelsen semble être, pour le moins, la meilleure idée de sa carrière (celle d’Åkerlund, pas celle de Wauquiez). Au programme : Duncan tue, Duncan bois, Duncan va aux putes, Duncan morfle, Duncan baise, Duncan loue un film, Duncan fait une bonne action, Duncan essaye de devenir humain, Duncan se fait trahir, Duncan morfle comme jamais, Duncan tue tout le monde. En résumé, Mads nous fait toute la palette, la totale. Avec le super bonus. La cerise sur le gâteau. Le cocktail au litchi en entrée et la gnôle avec la Viêt à poil fond du godet en digestif. Il y a plein de morts qui clignotent façon guirlande de bordel. C’est joli comme une ligne de coke sur le cul d’une black.

J’ai bien aimé. Ouais, vraiment. C’est un peu comme Sabotage de David Ayer : on sent que c’est foncièrement, irrémédiablement mauvais et en même temps c’est plutôt cool, ça glisse tout seul comme une bonne bière ambrée bien glacée.

Si vos enfants ont plus de dix-sept ans, n’hésitez pas à le regarder en famille, ils vont apprendre des trucs ; ça les changera de Squeezie et de La Casa de papel.

Intégrale N&B de La Voie du sabre en BD

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Il y a quelques années, les éditions Gallimard ont cédé aux éditions Glénat les droits d’adaptation BD de mon roman La Voie du sabre. Deux albums ont paru, avec Federico Ferniani aux dessins et Mathieu Mariolle au scénario. Plus un certain nombre de guest stars pour les contes insérés dans la narration.

Le dernier tome est prévu pour cet automne.

Personnellement, je ne fais rien sur cette trilogie. Mathieu et notre éditeur commun, Benoit Cousin, ont ma confiance depuis les prémices du projet.

En passant sur le forum BD Gest, j’ai appris qu’une intégrale N&B allait voir le jour.

L’aventure approche de sa conclusion et visiblement de fort belle manière.

 

Solitaire / Eaux troubles, Greg McLean (2007)

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Un journaliste spécialiste en voyages (Michael Vartan, impeccable) se rend dans les territoires du nord de l’Australie pour faire une croisière d’observation des crocodiles. Son voyage se passe plutôt mal, on a perdu ses bagages, il y a la chaleur, les mouches et les autochtones ne sont pas forcément accueillants. Mais bon, courage, on va y arriver, il monte avec d’autres touristes à bord de la Suzanne, pilotée par la charmante Kate Ryan (Radha Mitchell, elle aussi impeccable). Évidemment, tout tourne à la catastrophe quand un crocodile de taille exceptionnelle, aux exigences territoriales marquées, endommage le bateau.

On doit la réalisation de Solitaire à Greg McLean,  le réalisateur plutôt doué de Wolf Creek 1&2, Jungle, The Darkness… J’ai beaucoup aimé le premier Wolf Creek et surtout Jungle.

Solitaire est une série B de luxe, avec des paysages magnifiques, des personnages un peu caricaturaux, une ou deux facilités scénaristiques, comme quand Sam Worthington accroche la corde à un arbre mort, alors qu’il y a plein d’arbres tout à fait en bonne santé à proximité. Et en même temps, c’est vraiment un film prenant avec plein de rebondissements et une scène de tension, incroyable, sur la fin. Les effets spéciaux sont exceptionnels. A aucun moment on n’a l’impression que le crocodile est en images de synthèse ou en caoutchouc pourri.

Si vous voulez une petite série B d’horreur, un tantinet poisseuse, ce film est parfait.

 

 

Negalyod, Vincent Perriot

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Pouvais-je passer à côté d’une grosse BD de SF de 208 pages chez Casterman ?

Non.

Mais j’aurais pu. Je m’y suis repris à trois fois pour la finir, vaincre mon ennui mêlé d’exaspération. Quand t’as payé 25 balles, t’as quand même envie de connaître la fin. Quant t’arrives péniblement à la fin, tu te dis que t’as perdu 25 balles. La déception est très forte, à l’aune des efforts que tu as produit pour aller au bout, elle domine tous les autres sentiments, mais elle est d’une grande injustice car Vincent Perriot est le fils spirituel de Moebius, ou le fils que Moebius et Druillet ont eu en secret lors d’un voyage au Mexique.

Des images pleines de détails, des visions SF vertigineuses, des trouvailles graphiques presque à chaque page. Le dessin est magnifique, surtout dès qu’il se fait architectural.
Après Vincent Perriot est un piètre scénariste et on ne croit jamais à son monde (au croisement de Mad Max, Jurassic Park et Alita, Battle angel). Pas plus qu’on ne s’intéresse au personnage principal, éleveur de tricératops qui perd tout son troupeau à cause d’une expérience climatique. (Quant aux autres personnages, ils sont quasiment inexistants.)
La narration est ample, mais globalement Perriot raconte en 208 pages ce que raconte un gros album de 64 pages. Il aime bien les pleines pages muettes, ce qui fait dire qu’il est plus illustrateur que dessinateur de BD. Les maladresses dans la narration BD, dans la création des personnages s’accumulent, comme les péripéties scénaristiques un brin ridicules. Et le monde qu’on nous propose ne fonctionne pas bien, voire pas du tout. Surtout sur le plan politique. Les riches en haut, les pauvres en bas, on en bouffe depuis des décennies maintenant.

Elysium et son wordbuilding plus que bancal ont tué le jeu.

Y ajouter des dinosaures fait gadget, même s’ils sont très bien dessinés.

Negalyod permet toutefois de découvrir un dessinateur majeur qui devrait avoir le bon goût de s’associer avec un bon scénariste de SF (Luc Brunschwig n’est pas dispo ?).