J’ai toujours eu du mal à comprendre Queen, ce groupe capable du meilleur (« Bohemian Rhapsody », « The show must go on ») comme du pire (« I want to break free »), sans même parler des dérives disco improbables (cela dit The doors, aussi, s’y sont risqués). Donc du rock de stade, parfois opéra, souvent pompier, parfois populaire, des paroles bien trouvées ou complètement bullshit (« We are the champions »). Autant j’arrive sans mal à écouter une chanson de temps en temps sur youtube, autant aucun album ne trouve vraiment grâce à mes yeux (à part peut-être Innuendo qui traîne quelque part sous la poussière et les coccinelles mortes – il est peut-être temps de faire un peu de rangement dans les CD).
Étonnamment le film de Bryan Singer Bohemian Rhapsody donne quelques pistes de compréhension. Même s’il n’échappe pas à certains raccourcis / passages obligés du biopic hollywoodien, il faut reconnaître qu’il touche sa cible sur le plan de l’émotion (notamment dans la scène où Freddie Mercury, qui se sait malade du sida, présente son ami Tim Hutton à ses parents) et du spectacle, l’impressionnante reconstitution de Live Aid / Wembley.
J’ai lu une critique qui disait que la plus grande faiblesse du film avait été d’avoir voulu faire un film « familial » ; alors certes le côté extravagant, décadent de Freddie Mercury est minimisé, mais de là à parler de film familial, il ne faut pas pousser. Même si on ne verra évidemment rien de la New Orleans party.
Bohemian Rhapsody est une bonne surprise, certains bloqueront sans doute sur la denture factice dont est affublé Rami Malek, mais dans la seconde partie du film, le côté prothèse dentaire semble moins proéminent et l’acteur incarne sans mal l’icone gay « cuir et moustache » qu’était devenu Freddie Mercury au crépuscule de sa vie. Je n’ai pas pu m’empêcher de regretter Sacha Baron Cohen ; il aurait sans doute fait un très bon Freddie Mercury. Dans un univers parallèle, c’est lui qui marche vers le succès et la mort devant la foule de Wembley.
Le film fonctionne sur le plan de l’émotion (et sur la dynamique du groupe aussi). La reconstitution du Live Aid est extraordinaire. Mais trop de petits arrangements avec la réalité nuisent vraiment au film. Un autre regard, un poil décalé : http://larrierecuisine.com/le-cinema/2018/cine-club-sandwich-bohemian-rhapsody/
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