Light Sleeper, Paul Schrader (1992)

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John LeTour (Willem Dafoe) est un dealer. Pas le genre à battre le pavé au coin de la rue sous un réverbère à l’ampoule cassée à coups de pierre. John travaille pour Ann (Susan Sarandon, magnifique), une femme du New York huppé qui a fait une fortune modérée dans le trafic de drogue et entame sa reconversion (risquée) dans les cosmétiques. John livre la drogue dans les appartements, les boîtes de nuit, les bureaux des avocats. Il facture 200 dollars un gramme de coke qu’on trouve à 80 dollars dans la rue, mais justement tout le truc c’est qu’il vous empêche de frayer avec la racaille de la rue et les dangers qui gravitent autour. John ne dort pas bien, ne vit pas bien, ne se remet pas d’un mariage qui, placé sous le signe de l’addiction, a immanquablement sombré. Il écrit, consulte une voyante aux pouvoirs époustouflants. Alors qu’Ann prépare de plus en plus frontalement sa reconversion, John retombe sur son ex-femme Marianne, de passage à New York pour être proche de sa mère, hospitalisée en soins palliatifs. John se tient au carrefour de la vie, de l’amour et de la mort.

Light Sleeper souvent (abusivement) comparé à Taxi Driver (écrit aussi par Paul Schrader) est un film profond, riche, lent, tout sauf spectaculaire (n’attendez pas la fusillade pyrotechnique, elle n’arrivera jamais). On n’y croise globalement que des âmes en perdition. C’est un film qui ose aussi des choses intéressantes, comme la scène de sexe entre John et Marianne où pour la première fois de leur vie ils vont s’aimer physiquement sans la camisole de la drogue, sans le spectre de l’addiction – ce « singe perché sur l’épaule qui vous mange la cervelle ». Rédemption, sacrifice, culpabilité, symbolique chrétienne, Paul Schrader ne s’éloigne jamais vraiment de ses thèmes de prédilection (il n’est pas le scénariste de La dernière tentation du Christ pour rien !). Light Sleeper n’est pas son film le plus percutant, mais ça n’en reste pas moins un film franchement intéressant. On peut, sans trop se tromper, y voir les germes de l’excellent A tombeau ouvert.

 

 

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