A la frontière, le sheriff Leland (Ian McShane) abat un crétin qui trafiquait des munitions « copkiller » entre les USA et le Mexique. Ce n’était pas vraiment un cas de légitime défense et le shériff Wallace (Patrick Wilson) est envoyé sur place pour remplacer le vieil alcoolo. Mais 250 000 dollars ont disparu et le cartel n’a pas du tout l’intention de laisser passer ça. Par conséquent, ils envoient « le boucher » (John Leguizamo, moins survolté que d’habitude) régler son compte à quatre personnes dont les noms figurent sur une simple liste écrite à la main sur un minable bout de papier blanc.
De Gonzalo López-Gallego, j’avais été probablement la seule personne sur Terre à penser plutôt du bien de son Apollo 18 (sur la Lune, ils ont tous adoré). Et, avec ou sans surprise, comment dire ?, je pense encore plus de bien de son The hollow Point (à tel point que je me refuse à utiliser son minable titre « français » Desert Gun – et ta sœur, elle déserte Gump ?).
The Hollow Point est un petit noir, serré, plutôt une boisson d’homme ; a priori rien de nouveau sous le soleil du Nouveau-Mexique. Sauf que vers la quinzième minute, vous n’allez pas croire à ce qui arrive. Vous allez être bluffé (horrifié aussi) par une scène totalement inattendue et jamais vue, je pense, dans un film de ce genre (j’imagine la gueule des producteurs quand ils ont reçu le scénario de Nils Lyew : heu là, cette scène page 16, c’est du interdit au moins de 18 ans avec avertissement aux cardiaques et aux femmes enceintes ?). Bon, quand ce cher Gonzalo nous refait à peu près le même coup une demi-heure plus tard, ça marche certes moins bien, mais disons que la première action du Boucher est estomacante (adjectif colombien peu usité et à double sens ; une scène estomacante vous laisse sans voix et vous soulève le cœur jusqu’aux amygdales).
Le scénario est plein de petites trouvailles. La violence est aussi sèche que réaliste, et quand un personnage se prend une balle dans ce film, il ne court pas le marathon derrière pour poursuivre un voleur de bonbons.
Un polar atroce dans son exposition frontale de la violence des cartels, sans gras, sans grande ambition, aussi, mais plein de petites surprises, de trouvailles scénaristiques. Vous n’oublierez jamais la première confrontation du shériff Wallace avec le Boucher.
Après Bone Tomahawk, où il était excellent, je me dis que Patrick Wilson a l’art de choisir des « petits » films où son personnage en chie à mort. Ce garçon fort sympathique (et terriblement sexy, me souffle une voix féminine dans l’oreille gauche) doit être masochiste.
(Je suis partial, bien évidemment, en tant que grand fan de John Leguizamo. En tout cas, ça fait plaisir de le voir dans un autre rôle que celui du mexicain de service fast-talker déjanté, comme il l’a déjà fait 854 fois au cours de sa carrière, et notamment dans les deux John Wick).