Moebius, Kim Ki-Duk (2013)

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Une mère découvre que son mari la trompe avec la fille de la supérette d’à côté (très jolis nichons, pour les amateurs). Pour se venger, elle décide d’émasculer l’époux volage, mais s’y prend mal (ou comme une bite, si vous préférez) et rate son coup. Comme elle est folle, elle s’en va derechef trancher le zizi de leur fils, en pleine période masturbatoire, pas de bol pour lui. Pour tout arranger, elle bouffe le morceau prélevé, histoire d’empêcher toute possibilité de greffe. Cruellement raccourci, et en plus ça fait un mal de chien, le jeune homme qui n’avait déjà pas une vie facile, va avoir la vie encore plus compliquée, surtout quand ses tourmenteurs du moment l’impliquent dans un viol collectif dont sera victime la bombasse de la supérette.

Heu… alors là, j’en suis presque sans voix (d’ailleurs comme à peu près tous les acteurs du film, qui est presque muet). J’ai vu des films bizarres dans ma vie, chez Pasolini, Takashi Miike, Shin’ya Tsukamoto, David Lynch, mais celui-là me semble exploser absolument tous les compteurs. Donc c’est complètement barrécrado en un seul mot, avec des personnages qui feraient passer ceux de David Lynch pour normaux. C’est perturbant, passablement dégueulasse, limite insoutenable à deux ou trois reprises, a priori d’une misogynie étouffante, mais en fait, à la réflexion, les personnages masculins sont pas forcément meilleurs que les personnages féminins. Ce cinéma de l’abject arbore donc des pastèques en lieu et place des couilles, et c’est un peu ça mon problème, c’est qu’en fait, à trop transformer le spectateur en punching-ball et à trop vouloir le voir changer de couleur puis gerber, ben, finalement tout ça perd en force et finit par faire prout. Le propos, s’il y en a un (il est permis d’en douter) s’étiole dans un sifflement d’intestin crevé, l’odeur avec.

Donc j’ai vu Moebius, j’ai trouvé ça moins intéressant que pénible, et au final je ne le conseille à personne et je doute d’avoir envie de le revoir un jour, contrairement à Salo ou les 120 journées de Sodome que j’ai vu à de nombreuses reprises, en salle d’art et d’essais et à la maison ; car là, même si le spectacle vous met à plusieurs reprises le cœur au bord des lèvres, il y a un propos fulgurant, notamment sur le pouvoir.

En ce qui me concerne, un Kim Ki-Duk à oublier.

The Last Days of American Crime, Olivier Megaton (2020)

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Quelques heures avant la mise en place d’un signal de contrôle mental qui empêchera tout citoyen américain de commettre une mauvaise action, Graham Bricke (Edgar Ramirez), Kevin Cash (Michael Carmen Pitt) et Shelby Dupree (Anne Brewster) mettent au point un plan pour voler 1 milliard de dollars en liquide.

Voilà un film de science-fiction (si si) que je voulais voir, car j’avais été incapable de lire le comics en trois volumes qui en est à l’origine, pourtant scénarisé par un de mes chouchous, Rick Remender. Il y a des dessinateurs auxquels je suis totalement allergiques et malheureusement c’est le cas de Greg Tocchini (qui est très talentueux, là n’est pas la question).

La première chose qui surprend dans The Last Days of American Crime (presque 2h30, quand même) c’est son rythme : tout devient très vite extrêmement long pour pas grand chose. Le montage m’a exaspéré ; j’aurais aimé trouver la puissance narrative d’un Oliver Stone qui peut faire (mais pas toujours, nous sommes bien d’accord) des films de 2H30 sans qu’on s’y ennuie une minute. Là on en est loin. Après, les acteurs ne sont pas mauvais, sauf Michael Carmen Pitt qui s’essaye à une interprétation casse-gueule façon Nicolas-Cage-Show, le problème c’est qu’il n’y a qu’un seul et unique Nicolas Cage sur Terre, quand il est bon il est insurpassable, quand il est mauvais c’est la même chose. Dans le cas de Micheal Carmen Pitt parfois ça passe, parfois c’est d’un ridicule outré franchement embarrassant, un peu comme si on avait les deux Nicolas Cage, le bon et le mauvais, dans le même film. C’est perturbant. Il y a un autre truc qui m’a complètement gonflé, c’est le x-ième duel à la kalachnikov presque à bout portant où tout le monde se rate. Si y’a bien un truc qui fait des dégâts, c’est une kalach’ à quelques mètres de sa cible, si ce n’était pas le cas les pathétiques microcéphales des cités marseillaises préféreraient les lance-pierres ou l’eau bénite. Pareil pour les dégâts sur un véhicule, c’est une arme (de guerre) particulièrement « perforante », donc les balles ne glissent pas sur les carrosseries en faisant de jolies étincelles.

Une vraie déception où tout n’est pas à jeter, loin s’en faut. Il y a des moment où j’ai trouvé Edgar Ramirez très fort, très juste dans son interprétation d’un homme qui a globalement tout raté dans sa vie.