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(La vie est Ă©trange, publier Gnomon de Nick Harkaway, fils de l’Ă©crivain John Le CarrĂ©, m’a donnĂ© trĂšs fortement envie de me replonger dans les adaptations audiovisuelles des romans de ce dernier.)
RepĂ©rĂ©e par le Mossad parce qu’elle a assistĂ© Ă un rencontre d’Ă©tudiants avec un jeune Palestinien, Charlie (Florence Pugh, assez peu attachante et grassouillette, ce qui paradoxalement lui confĂšre un certain charme) est une jeune actrice anglaise aux sympathies gauchistes assez Ă©videntes, mais l’Ă©poque veut ça et le besoin de s’intĂ©grer n’est peut-ĂȘtre pas Ă nĂ©gliger. C’est aussi une formidable menteuse qui s’est construit une vie, une histoire de famille en totale rupture avec la rĂ©alitĂ©. Alors que sa troupe est invitĂ©e en GrĂšce par un mystĂ©rieux mĂ©cĂšne pour participer Ă un gala, elle se lie avec un homme mystĂ©rieux qui va se rĂ©vĂ©ler ĂȘtre un ancien soldat de Tsahal et ancien agent du Mossad : Gadi Becker (Alexander SkarsgĂ„rd, impressionnant). Le patron de Gadi, Martin Kurtz (Michael Shannon, comme vous ne l’avez jamais vu) a prĂ©vu de recruter Charlie pour lui faire infiltrer la cellule terroriste de Salim, ce jeune Palestinien qu’elle a rencontrĂ© des annĂ©es auparavant.
Les actrices et les acteurs jouent, c’est leur mĂ©tier, ils rĂ©pĂštent leur rĂŽle, ils se fondent dans leur personnage jusqu’Ă ce que les limites qui sĂ©parent la fiction et la rĂ©alitĂ© se brouillent, voire disparaissent. Mais quand vous infiltrez une cellule terroriste, le jeu devient instantanĂ©ment dangereux et la moindre erreur peut vous ĂȘtre fatale.
Charlie survivra-t-elle aux manipulations de Martin Kurtz et de son bras armé, Gadi Becker ?
J’ai beaucoup aimĂ© cette mini-sĂ©rie de Park Chan-Wook. Je trouve qu’il rĂ©ussit la gageure de faire Ă la fois du Park Chan-Wook (c’est fin, subtile, vertigineux et pervers Ă souhait) et Ă la fois du John Le CarrĂ© (oubliez tout manichĂ©isme, il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© les mĂ©chants terroristes palestiniens et de l’autre les gentils agents du Mossad, il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© de mĂ©chants sionistes assoiffĂ©s de sang et de l’autre de romantiques soldats de la libertĂ© palestiniens ; c’est une guerre, elle a beau se jouer dans l’ombre, sa premiĂšre victime restera l’innocence des uns et des autres).
La petite fille au tambour avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© adaptĂ© en film, une fois, par l’excellent George Roy Hill. Je suis sĂ»r de l’avoir vu, mais je n’en ai aucun souvenir. En brisant le cadre d’une « simple » fiction de 2h00, Park Chan-Wook se permet de prendre son temps et de dĂ©ployer ses personnages avec talent. Il livre une mini-sĂ©rie d’une grande intensitĂ© qui cumule sans doute dans l’Ă©pisode qui se dĂ©roule presque entiĂšrement au Liban. Il joue aussi avec le format tĂ©lĂ©visuel, se permettant de remettre en cause certains de ses codes. Il n’y a qu’Ă voir son choix de cliffhangers, osĂ© : souvent juste une rencontre et non une situation de danger ou une rĂ©vĂ©lation qui balayerait tout.
Je conseille.
PS : (Et je viens de m’acheter le coffret The Night Manager et Un homme trĂšs recherchĂ© pour rester dans l’ambiance.)