The Banner saga trilogy

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Découvert grâce au blog du Dragon Galactique (que je remercie chaudement), la trilogie Banner Saga est un RPG tactique tour par tour qui se passe dans une Scandinavie de fantasy avec des géants, des magniens (magiciens) et des dieux.
C’est très chouette, très prenant.
Ce n’est pas sans défaut, l’interface est assez peu intuitive et une erreur de placement peut vous coûter une bataille.
Ceci dit, la plupart de ces défauts sont rectifiés dans le 2.
Si l’histoire est assez classique, les mécanismes du jeu font qu’on s’intéresse et on s’attache à beaucoup de personnages très différents, dont une jeune archère, mais aussi un géant qui a perdu un bras à la guerre et un lancier à la psychologie pour le moins particulière. C’est pas forcément le personnage sur lequel on mise au départ, mais il devient assez vite (disons à partir du niveau 4) très puissant pour percer les armure ennemies (en pierre) et achever les blessés.

Les graphismes, très dessins animés et même parfois un peu manga sur certains détails, sont magnifiques.
Je regrette des traductions un peu bâclées (« la fille avec des couettes » traduit « la fille avec la queue de cochon », ça pique un peu).

Il y a des idées très chouettes : si les combats s’éternisent, vos héros fatigués ne font quasiment plus de dégâts et n’ont quasiment plus de volonté.

Là, je suis au milieu du 2 qui est à mon sens plus réussi que le premier sur le plan technique, plus agréable à jouer, mais un peu moins poignant (pour le moment).

On trouve la trilogie en neuf à 30 euros port compris ; vue la durée de jeu, c’est vraiment une bonne affaire, surtout que l’histoire n’est pas linéaire et donc peut être rejouée (un peu) différemment.

Men and chicken

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A la mort de leur père, Elias (Mads Mikkelsen, comme vous ne l’avez jamais vu) et Gabriel (David Dencik, bluffant) découvrent que leur père défunt n’était pas leur père biologique et que celui-ci, Evelio Thanatos (ah ah ah), habite sur une île du sud du Danemark peuplée par 42 personnes. Ils s’y rendent et découvrent un sanatorium quasi à l’abandon, peuplé de poulets et autres animaux domestiques dont un taureau de compétition. Leurs trois demi-frères habitent là : Josef, Gregor et Franz, tous plus frappés les uns que les autres. La première rencontre ne se passe pas bien : Gabriel est roué de coups (peu après, il passera sous une voiture) et puis chacun commence à apprivoiser l’autre. Pendant que Gabriel (qui a très bien supporté de se faire rouler dessus, chapeau) enquête sur les secrets peu reluisants de son père biologique.

Je me suis fait avoir…

Hier le 30 janvier, c’était le dernier jour pour le regarder en replay sur Arte et je me suis dit banco, ça a l’air rigolo, décalé (j’avais vu Les Bouchers verts du même réalisateur). Et en fait c’est certes rigolo (si on aime l’humour à base de scatologie, masturbation, zoophilie, gérontophilie, troubles psychiques, blague sur les handicapés, maltraitance infantile…), mais c’est surtout terriblement dérangeant, glauque et pour tout dire un brin éprouvant. Car Men and chicken n’est pas (mais alors pas du tout) une comédie colorée à la Wes Anderson, comme pourrait le laisser croire sa jaquette de DVD, c’est un film de science-fiction (oui oui) ultra-sordide, une sorte de collision frontale entre Freaks et L’Île du docteur Moreau mis en scène par les frères Coen, période O’Brother ou les Monty Python, quand ils faisaient preuve de méchanceté gratuite. Il y a de nombreux morceaux de bravoure dans le film, dont une hallucinante visite à la maison de retraite où quatre des cinq frères sont à la recherche de « filles », une denrée rare sur l’île d’Ork.

Et vous n’oublierez jamais l’apparition de la cigogne.

A une époque où il convient de peser tous ces mots pour ne pas heurter telle ou telle catégorie de la population, Anders Tomas Jensen vous regarde droit dans les yeux et vous dit : « le Politically Correct, vous savez où vous pouvez vous le mettre ? Utilisez les deux mains, ça rentrera mieux. »

Je conseille, avec l’avertissement de circonstance : « personnes sensibles s’abstenir ».

La bande-annonce en VOSTFR :

https://www.youtube.com/watch?v=sNLp6V8tMoI

Mr Robot – série télé (4 saisons)

Elliot Alderson travaille comme ingénieur informatique (en open space) chez Allsafe, où travaille aussi son amie d’enfance Angela Moss. Elliot est ingénieur le jour, cyberjusticier la nuit et drogué à peu près à temps complet. Comme tous les drogués, il se ment. Comme tous les malades mentaux, il ne peut pas guérir (et/ou composer avec son trouble psychique) tant qu’il n’a pas compris qu’elle est la nature de sa maladie. Elliot le Hacker a un ennemi juré, c’est Evil Corp (dont le logo rappelle le E de la marque Dell… qui a dû apprécier). Chez Evil corp, il va trouver un antagoniste à sa mesure : Tyrell Wellick. Et puis il y a cet inconnu (Christian Slater) qu’Elliot croise sans arrêt et qui porte sur ses épaules une drôle de veste démodée et sur laquelle a été cousu un écusson Mr Robot très années 80. Et si Mr Robot était en mesure de mettre Evil Corp à genoux ?

J’ai dû lutter plus d’un mois pour finir les quatre saisons de Mr Robot, rarement plus d’un épisode par jour. Je me suis entêté, car j’avais acheté le coffret blu-ray et que je voulais sans doute inconsciemment « optimiser » mon investissement. Arrivé au bout, je ne sais pas trop quoi en penser. Mes sentiments sont pour le moins contradictoires. J’ai aimé Rami Malek dans le rôle d’Elliot (il fait très bien l’halluciné aux yeux globuleux). Christian Slater m’a semblé convaincant, mais parfois aussi nonchalant/jm’enfoutiste. J’ai aimé, que dis-je adoré, Grace Gummer dans le rôle de l’agente du FBI Dominique DiPierro. J’ai détesté certains effets scénaristiques, certaines révélations bidon qui ne sont là que pour faire partir la série dans une nouvelle direction aussi improbable qu’inattendue. J’ai aimé le réalisme de certaines manipulations informatiques, l’utilisation de certains logiciels de notre monde, etc. Je me suis régalé à traquer les clins d’œil et autres easter eggs : Matrix bien sûr (Anderson/Alderson), Blade Runner (Tyrell), Johnny Mnemonic, 1984, Fight Club, Donnie Darko, Strange days, V pour vendetta, Star « je suis ton père » Wars et j’en passe. Il y en a un peu partout.

Et… Et… on arrive au gros problème de la série, à mon sens, mais un problème tout à fait subjectif : c’est qu’elle sacrifie très vite sa dimension politique passionnante (une série américaine qui parle d’anarchie, de redistribution des richesses, de surveillance globale, c’est quand même pas commun) pour la remplacer par tout un tas de considérations psychologiques, psychothérapeutiques qui débordent de traumatismes enfantins, de dédoublements de la personnalité et j’en passe. J’ai trouvé cette partie aussi lourdingue qu’irréaliste, et qui se contredisait sans cesse pour tout arranger (et qui contredit aussi ce qu’on sait des gens à personnalités multiples). C’est fabriqué ; j’ai eu l’impression qu’il n’y avait aucune empathie là-dessous, aucune sincérité, que c’était juste du substrat à rebondissements. Des trucs schizos-rigolos qui permettent aux scénaristes papotant autour de la machine à café d’avoir des « idées de dingue ».

Donc voilà, c’est une série intéressante, avec des choses formidables dedans, mais qui – à mon avis – ne remplit pas ses promesses et entourloupe bien trop souvent ses spectateurs.