Suspect N°1 – série télé

Suite au décès d’un enquêteur, l’inspectrice de police Jane Tennison arrache de haute lutte la direction d’une enquête de meurtre sur une jeune femme. Elle a un suspect, George Marlow, elle le soupçonne d’être un tueur en série, mais encore lui faut-il trouver des preuves. Non seulement la tâche est difficile (le suspect n’a pas laissé grand chose au hasard), il a même un alibi, mais les collègues de Jane (des hommes principalement) ne sont pas toujours d’une grande aide. Certains voient sa rigueur et son professionnalisme d’un bien mauvais œil.

Prime suspect est une série britannique qui a connu sept saisons (entre 1991 et 2006) durant lesquelles on suit le parcours professionnel de Jane Tennison (Helen Mirren), de sa première grande enquête (George Marlow) jusqu’à sa dernière enquête avant la retraite. Jane est une ambitieuse femme flic (ce qui lui sera souvent reproché). La série est particulièrement dure ; on y croise des féminicides bien évidemment, mais aussi des crimes pédophiles, des meurtres liés au trafic de drogue ou d’autres à la guerre en Serbie. On est parfois estomaqué par la tournure tragique que prennent les événements. Certaines scènes sont à la limite du supportable, notamment une scène d’autopsie filmée en full frontal (dans la saison 6). Plus léger : on s’amusera à reconnaître Mark Strong, David Thewlis, Peter Capaldi et Ralph Fiennes dans de petits rôles ou des rôles secondaires.

Le plus remarquable là-dedans, outre l’interprétation incandescente d’Helen Mirren, ce sont les ellipses et les non-dits (tout ce qu’on peut lire entre les lignes). Si Jane Tennison réussit sa carrière contre vent et marées, elle rate à peu près tout le reste : ses relations avec ses proches, ses aventures romantiques ou sexuelles. Plus crainte que respectée, refusant la dimension « politique » du métier de commissaire de police, forme de compromission qu’elle trouve inacceptable, elle passe souvent pour quelqu’un d’ingérable car trop rigide, voire dangereux ; ce qui ne serait sans doute pas le cas si elle était du sexe opposée. Si le féminisme de la série est évident, ses réflexions sur le racisme, la ghettoïsation et la xénophobie ne manquent pas non plus d’intérêt.

Si un homme sacrifie volontiers sa vie familiale sur l’autel de sa carrière, ce choix semble interdit à Jane Tennison. Pour avancer sur le plan professionnel, elle doit tout perdre sur le plan personnel ; d’une certaine façon sa hiérarchie, l’institution policière (et la société pour le dire autrement) ne lui laisse aucune choix. Année après année, elle doit abandonner des choses pour continuer à progresser. C’est déjà très dur, mais pour tout arranger son ambition est régulièrement vécue comme indécente par ses pairs, pour ne pas dire injustifiée. Quant à la relation quasi maternelle que Jane va développer dans la dernière saison, elle ne fera qu’un peu plus lui rappeler à quel point sa vie personnelle n’est pas satisfaisante.

A la fin, Jane aura tout réussi et tout raté. Tout gagné et tout perdu.

C’est ce paradoxe et ses incroyables fulgurances de cruauté qui rendent cette série si impressionnante (malgré une première saison, deux épisodes d’une heure et quarante minutes, certes bien interprétée mais assez mal filmé, avec une image régulièrement passable, qui manque de définition).

PS : série regardée en coffret 15 DVD.

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