
Dans une banlieue londonienne grisâtre, qui semble en perpétuelle construction, de très jeunes filles sont violées.
L’inspecteur Johnson est un des nombreux policiers qui mènent l’enquête.
Un soir, un suspect en état d’ébriété, couvert de boue et de sang, est amené au poste.
Johnson en est certain : cet homme est le coupable.
Toutes les pièces sont en place pour que l’interrogatoire tourne mal.
The Offence de Sidney Lumet est un film d’une rare noirceur. On y retrouve d’ailleurs des points communs avec Serpico, tourné par le même réalisateur la même année. Même si les deux films parlent de policiers, ils sont profondément différents. The Offence est aride, parfois proche de l’abstraction et en même temps quasi-documentaire. Serpico est plus romanesque, avec une grammaire cinématographique plus hollywoodienne (tout en étant très réaliste dans le vocabulaire des uns et des autres, policiers, criminels et prostitués, si réaliste que le film fit scandale).
The Offence met en scène un flic au bout du rouleau, Sean Connery, à contre-emploi, formidable, qui ose interpréter un être à la limite de l’abject, indéfendable à bien des niveaux. Mais Lumet ne se contente pas de filmer un policier coupable d’une bavure, il montre tous les rouages du drame et, surtout, ses racines profondes. Il va au-delà des simples apparences. Ce qu’il cherche, ce sont les circonstances (atténuantes ou pas).
Le plus glaçant, sans doute, c’est de se rendre que de son point de vue, l’inspecteur Johnson fait son métier de la seule façon envisageable : avec détermination. Broyé par les crimes auxquels il a été confronté, il ne trouve que dans la colère, l’amertume et l’alcool le moyen d’avancer.
Méconnue, The Offence est une œuvre séminale ; on voit planer son ombre sur de nombreux films postérieurs, Garde à vue de Claude Miller, bien évidemment, mais aussi Heat de Michael Mann, je pense à la fameuse scène de ménage où Diane Venora demande à son époux, interprété par Al Pacino, de partager avec elle son métier de policier.