The Terror (série TV)

the-terror-serie-ridley-scott1845, deux navires très bien équipés, le Erebus et le Terror, quittent l’Angleterre pour cartographier l’arctique canadien et si possible trouver le passage du nord-ouest. C’est l’expédition Franklin. Nul n’y survivra.

De cette tragédie, Dan Simmons a tiré un livre extrêmement documenté Terreur. Où aux maladies, à la famine, à l’empoisonnement au plomb que subirent les participants de l’expédition, il ajoute une créature du grand nord : le Tuunbaq, inspiré de la mythologie inuite.

De cet énorme roman, sans doute trop long, sans doute trop détaillé, AMC a tiré une série de dix épisodes produite par Ridley Scott. Il y a des choses remarquables dans cette série. L’interprétation des trois officiers : Jared Harris (formidable de bout en bout), Ciaran Hinds (tout à fait convaincant dans son aveuglement boosté à la fierté mal placé), Tobias Menzies (qui montre lentement mais sûrement son humanité). Nive Nielsen (groenlandaise) interprète très bien la femme inuite surnommée Lady Silence. Paul Ready (un des deux tueurs d’Utopia) est formidable dans le rôle de l’anatomiste. Toute la partie historique semble extrêmement convaincante.

Et puis là, c’est le drame 1/ la bête apparaît : mélange d’équidé et d’ours polaire à visage vaguement humain. 2/ Hickey est trop ignoble, trop visqueux (il cumule tous les vices humains, dont évidemment l’homosexualité). Il y avait moyen de ne pas en faire un méchant de mauvais cinéma, mais juste une ordure, ordinaire, si prédictible dans sa volonté égoïste de survivre. Les hommes du Terror sont confrontés à deux maux, en plus du froid et de la faim, et dans cette surenchère de dangers tout s’effondre, l’ambiance, le suspense. On se raccroche comme on peut aux personnages de Lady Silence, de l’anatomiste et du commandant Crozier. On se raccroche…

Il aurait été tellement plus fort qu’on ne voit pas la bête… Qu’une ambiguïté demeure, au moins jusqu’au dernier épisode. AMC en a décidé autrement.

Grave (bien!)

grave-film-critique

Pour certains (je crains d’en faire partie), voir un film français se solde dans 99% des cas par une expérience douloureuse. Je ne goûte guère à la comédie hexagonale produite à la pelle, ni vraiment au polar hexagonal… à quelques exceptions près qui doivent tous avoisiner le demi-siècle d’existence, voire davantage. Quant aux drames français, oui, drame est bien le mot approprié. D’ailleurs, si on me demande quel est dernier film français que j’ai vraiment aimé, je risque de remonter à Trouble Every Day de Claire Denis, pas vraiment une nouveauté.

Après une série noire, Gods of Egypt (ridicule, baroque jusqu’à la nausée et même pas marrant), Blade Runner 2049 (trois tentatives, une semaine où j’ai beaucoup travaillé, il est vrai), perdu pour perdu, je me suis dit j’allais regarder Grave (Raw) que j’avais en blu-ray depuis parution.

Tout le monde connait l’histoire, je crois : une jeune étudiante végétarienne, ultra-douée, entre en première année d’école vétérinaire et est obligée lors du bizutage de manger un rein de lapin cru. Ce qui va éveiller en elle un appétit trop longtemps contenu.

Eh bien, je me suis régalé. C’est con, mais con : la scène de pisse, la scène d’épilation, le bras dans le cul de la vache. C’est un espèce d’imaginaire horrifique féminin que j’ai trouvé complètement rafraîchissant. Assez inédit à dire vrai. Laurent Lucas est excellent, comme souvent. La jeune Garance Marillier crève l’écran. Julia Ducournau fait parler les jeunes comme ils parlent vraiment. Il y a quelques scènes (de fête estudiantine, notamment) qui ont presque un caractère documentaire. Ça m’a un peu rappelé Excision de Richard Bates Jr.

J’attends maintenant le prochain film de Julia Ducournau avec impatience.

(La musique adoucit les morts ?)