
Quand un illustrateur, Christophe Blain (Gus, Isaac le pirate) et un ingĂ©nieur spĂ©cialisĂ© dans le changement climatique, Jean-Marc Jancovici (crĂ©ateur du bilan carbone, excusez du peu) s’associent pour produire une Ă©paisse BD (191 planches) sur l’impasse Ă©nergĂ©tique et le changement climatique, il y a de quoi ĂŞtre intĂ©ressĂ©. Surtout quand ladite BD a un succès phĂ©nomĂ©nal (plus de 300 000 exemplaires vendus depuis le 18 octobre 2021).
L’objet-livre est imposant, lourd, et pour tout dire un peu tristoune. Bon, passons. L’essentiel est Ă l’intĂ©rieur. Avec humour, Christophe Blain met en images le constat totalement terrifiant que Jean-Marc Jancovici dresse de notre dĂ©pendance Ă©nergĂ©tique et de ses consĂ©quences concrètes sur le climat. On va dans le mur et on y va en appuyant sur la pĂ©dale d’accĂ©lĂ©rateur Ă fond. Youpi !
C’est clair, argumentĂ©, effrayant. Le raisonnement global est difficile Ă mettre en Ă©chec ; mais certains s’y essayeront, sans doute pour continuer Ă toucher leurs jetons de prĂ©sence.
Problème : je me suis largement ennuyĂ©. J’ai eu l’impression, Ă quelque dĂ©tails près, de n’avoir rien appris de plus et juste rĂ©pĂ©tĂ© tout le travail de recherches que j’avais fait pour mon recueil de nouvelles 7 secondes pour devenir un aigle… il y a presque dix ans maintenant. Le coĂ»t d’extraction du pĂ©trole a augmentĂ© de façon spectaculaire durant la dernière dĂ©cennie ce qui, malheureusement, pousse les industriels Ă chercher l’or noir dans des endroits oĂą avant on n’allait pas. Bon, j’ai dĂ©jĂ Ă©crit lĂ -dessus et il n’y avait pas besoin d’ĂŞtre devin pour analyser la trajectoire de la chute.
Ne vous mĂ©prenez pas, je pense que c’est une bonne BD, doublĂ© d’un très bon projet de vulgarisation / pĂ©dagogique, mais Ă rĂ©server Ă des lecteurs qui n’y connaissent pas grand chose.
Une fois cette BD refermĂ©e, le constat est doublement dĂ©sespĂ©rant : 1/ ça fait maintenant quarante ans, voire plus, qu’on sait TOUT ça (le vocabulaire s’est affinĂ©, les outils d’analyse se sont diversifiĂ©s et ont gagnĂ© en prĂ©cision, mais la problĂ©matique de la pollution n’est pas nouvelle, loin de lĂ , ni celle des Ă©nergies dites fossiles) ; 2/ depuis quarante ans nous n’avons fait AUCUN progrès, bien au contraire, et Ă©videmment ce n’est pas en pissant sous la douche ou en Ă©changeant nos ampoules par des LED que la situation va changer.
Face Ă des dirigeants qui sont dans le dĂ©ni ou croient Ă une transition Ă©nergĂ©tique magique du type lapin blanc qui sort immaculĂ© et bien nourri d’un chapeau noir charbon, le citoyen se trouve complètement abandonnĂ© ou presque.
La prochaine Ă©tape ? Ce sera celle des pĂ©nuries, des tempĂŞtes et de la violence, c’est ma conviction, et j’espère de toutes mes forces avoir tort.
Comme dirait l’autre : » a storm is coming « .