La Dixième victime, Elio Pietri (1965)

Futur proche.

Pour empêcher les guerres, un jeu est mis en place par le ministère de la chasse. Ce jeu en légalisant la violence la retire du reste de la société.

Caroline Meredith (Ursula Andress) gagne sa vie en étant tantôt un chasseur tantôt une victime. Le chasseur sait tous de sa victime, ce qui lui donne un avantage considérable, mais la victime sait qu’elle est chassée. Après dix victoires, le participant empoche un million de dollars. Devenue chasseur, Caroline se met sur la piste de sa victime, un italien, Marcello Poletti (Marcello Mastrioanni). Pour gagner le plus d’argent possible, elle s’associe à un importateur de thé et lui promet qu’elle tuera Marcello devant les caméras, non loin du Colisée, mais pas dedans, c’est trop en ruine, c’est trop vieux.

La Dixième victime est l’adaptation de la nouvelle de Robert Sheckley « La Septième victime » (première publication en 1953), au sommaire du recueil que vient d’éditer les éditions Argyll, Le Temps des retrouvailles. Le film est d’un ridicule achevé. Ursula Andress fait sa première victime avec ses nichons revolver ou son soutien-gorge pistolet, on ne sait pas très bien. Marcello Mastrioanni est teint en blond peroxydée, ce qui ne lui va pas du tout, un peu comme si Eminem adoptait une tignasse noire, aile de corbeau. Vous pouvez imaginer sans mal le choc esthétique. Ajoutez à ça des meubles en plastique, des téléphones en plastique, des décors ridicules (mais souvent en plastique), des scènes absurdes, un scénario d’une grande paresse. L’ensemble tient vraiment de la torture. En tout cas, sur le plan visuel, c’est très pénible ; ça évoque une compression en 92 minutes du pire de la SF des années soixante (à côté, Silent Running a plutôt bien vieilli c’est dire). Étonnamment, j’y ai vu une source d’inspiration évidente du très bon Rollerball de Norman Jewison (1975).

Verdict : totalement dispensable, lisez plutôt le recueil de Robert Sheckley chez Argyll.

[Série TV] The Undoing, David E. Kelley (2020)

(Un couple de légendes)

Jonathan Fraser (Hugh Grant) est un spécialiste du cancer pédiatrique, son épouse Grace Fraser (Nicole Kidman) est psychiatre, ils se sont rencontrés à Harvard. Ils se sont mariés. Ils ont un fils de 12 ans. Ils sont beaux, riches, heureux. Un jour Elena Alves, une artiste fauchée, mère d’un garçon de dix ans (boursier), débarque dans la vie de Grace. Cette femme vient tout juste d’avoir un bébé et jure un peu dans l’entourage très snob, très huppé de Grace. Le soir d’une vente aux enchères au profit de l’école privée de leurs garçons, Elena est sauvagement assassinée à coups de marteau, dans son atelier d’artiste. Pour Grace Fraser, la descente aux enfers peut commencer.

Cette série sur l’adultère et la trahison est à la fois banale et prenante. Elle est banale car on l’a déjà lue, vue mille fois et le milieu des new-yorkais très aisés n’est pas l’environnement criminel le plus original qui soit. Elle est prenante car les acteurs (sauf un, j’y reviendrai) sont exceptionnels. Edgar Ramirez dans le rôle du flic agaçant. Donald Sutherland, extraordinaire, dans le rôle du père de Grace. Nicole Kidman, sans fausse note, qui semble avoir trouvé dans le format de série télé son meilleur terrain de jeu. Ils sont tous excellents, parfois éblouissants, sauf un : Hugh Grant. C’est embarrassant tellement il est à côté de la plaque, pas dans le ton, à l’extérieur du tableau. Si on considère que Nicole Kidman a le premier rôle, il a le second rôle, tout tourne autour de son adultère; de ses secrets, de ses mensonges. Et ça ne le fait pas. Pour moi le souci principal c’est qu’il n’est pas doué pour l’ambiguïté, contrairement à Michael Fassbender ou Mads Mikkelsen. Le couple qu’il forme avec Nicole Kidman est assez peu convaincant, il lui manque une flamme, un truc. Une alchimie. Hugh Grant n’a jamais été très bon dans les drames, là il crève le plancher et atteint un niveau de nullité qu’on ne lui connaissait pas.

Grosse erreur de casting.

Je suis donc déçu, et en même temps je suis allé jusqu’au bout sans souci.