L’Arme à l’œil, Richard Marquand (1981)

L’Aiguille, un espion allemand (Donald Sutherland dans un de ces meilleurs rôles) en poste en Angleterre pendant la Seconde guerre mondiale, se voit confier une mission de la plus haute importance par le chef du renseignement nazi : prendre des photos de l’armée de Patton basée en East Anglia. Une fois les photos récupérées, il devra délivrer le film en mains propres à Adolf Hitler. Un U-Boat attend l’espion en Écosse, il ne restera, à trois kilomètres au large de Storm Island, que sept jours et ne sera joignable par radio que de 6h00 du soir à 6h00 du matin. Mais, pour l’Aiguille, pourchassé par le renseignement britannique, la route sera longue entre le Sud-est de l’Angleterre et les côtes tourmentées d’Écosse. Quand a Storm Island seules quatre personnes habitent l’île, un ancien pilote de chasse qui a perdu l’usage de ses jambes dans un accident de voiture, sa femme Lucy, leur fils de quatre ans et le vieux gardien du phare, un alcoolique bourré du matin au soir.

La première fois que j’ai vu ce film, a la télé, je devais avoir treize ou quatorze ans, quelque chose comme ça, et il m’avait fait grande impression. C’était je crois la première fois que je voyais un film où le « méchant » était interprété par l’acteur principal, où les gentils étaient (à l’exception de Kate Nelligan) presque condamnés à de la figuration. Donald Sutherland est quasiment de tous les plans et, ma foi, il est fort bon dans le rôle de l’Aiguille, un des meilleurs de sa longue carrière. Séducteur comme il se doit, l’aiguille a un côté pervers qui se manifeste par sa façon de tuer, à l’arme blanche (un couteau à cran d’arrêt) et toujours dans le ventre, ce qui est une manière peu militaire (car peu efficace) de tuer quelqu’un avec une arme blanche (un soldat entraîné visera les artères, au cou, à l’aine, à la cuisse, sous l’épaule, ou frappera à la poitrine du côté gauche, pour glisser entre les quatrième et cinquième côtes jusqu’au cœur).

Tiré d’un best-seller de Ken Follett, L’Arme à l’oeil est avant tout un film à suspens, mais il comporte aussi une histoire non pas d’amour mais de désir féminin. Délaissée par son mari qui ne veut plus la toucher, Lucy souffre ne n’être plus qu’une mère. Cet aspect du film, souligné par une scène de nue et deux scènes de sexe explicite, lui donne un cachet résolument moderne. On notera que le film offre parfois une image inversée des Chiens de paille de Peckipah, tourné dix ans plus tôt. Richard Marquand (Le Retour du Jedi, A double tranchant) livre une mise en scène peu inventive, classique, mais assez soignée, où la musique devient volontiers envahissante dans les moments de tension. On ne peut alors s’empêcher de penser à la grandiloquence orchestrale de certains Hitchcock (pas forcément mes préférés). C’est sans doute le seul reproche qu’on peut faire à ce très bon long-métrage.

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