The Perfection, Richard Shepard (2018)

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Pendant dix ans, Charlotte (Allison Williams, formidable), s’est occupée de sa mère mourante. Elle a laissé de côté sa carrière de violoncelliste, passant du statut de virtuose promise à une immense carrière internationale à celui d’amatrice douée. Confrontée à l’agonie, pendant des années, elle a perdu beaucoup de sa santé mentale et a besoin de se reconstruire. Enfin libérée par la mort de sa mère, elle se rend à Shanghai pour renouer avec ses professeurs de violoncelle de la Bachoff Academy. Les retrouvailles sont chaleureuses et elle se voit propulsée au rang de juré pour un concours de jeunes talents locaux. Tâche qu’elle partage avec une autre violoncelliste virtuose de la Bachoff Academy : Lizzie (Logan Browning, qui n’est jamais aussi bonne que quand elle devient absolument insupportable – notamment lors de la scène d’anthologie où elle tombe malade dans un bus de la Chine profonde). Les deux femmes sont ensuite invitées à jouer ensemble. Et malgré le trac, le manque de pratique, Charlotte s’en sort haut la main. Tout finit ensuite dans de beaux draps d’un hôtel de luxe où Charlotte et Lizzie s’envoient en l’air, boivent plus que de raison et décident de faire un voyage roots dans la Chine continentale. Un voyage à la dure qui va terriblement mal tourner.

J’ai abordé The Perfection sans savoir de quoi le film parlait et ma foi ça m’a plutôt bien réussi. Peut-être que si j’avais su qu’il y était question d’une épidémie de fièvre hémorragique en Chine, j’aurais repoussé à plus tard sa vision.

Faire un film (comme écrire un roman ou une novella) est un tour de prestidigitation ; il n’est pas important que ça soit réel, ou même réaliste ; par contre il est important que le tour ne s’effondre pas sous le poids d’une illusion trop gauche. The Perfection tourne autour d’une idée qui ne fonctionne pas, on peut la tourner dans tous les sens, ça ne marche pas, ça n’a guère de sens et pourtant l’illusion fonctionne jusqu’au bout, car l’attention du spectateur est sans cesse détournée sur autre chose. Les scènes de musique, par exemple sont formidables, alors que le violoncelle est loin d’être ma passion musicale première. L’interprétation d’Allison Williams est souvent étonnante, loin d’être « calibrée » comme on en a l’habitude dans le cinéma américain.

The Perfection ne fonctionne pas, ou du moins ne devrait pas fonctionner, et se casser en deux au terme de la scène-pivot du premier tiers (je ne spoile pas, volontairement), mais c’est un tour de prestidigitateur qui a fonctionné sur moi : j’ai pris un grand plaisir à aller jusqu’au bout et à accepter le jeu de manipulation du réalisateur, avec le sentiment de jouer avec lui et non qu’il se jouait de moi. Le film est suffisamment fort pour qu’il reste longtemps en tête.  Il m’a rappelé Excision de Richard Bates Jr (dont j’attends toujours une édition Blu-Ray correcte, qui comme d’habitude existe en Allemagne, mais sans sous-titres français ou même anglais).

 

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