12e forum international de la bande-dessinée de Tétouan

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Tétouan by night. Une ville entière qui respire au rythme du match Real Madrid / Bayern de Munich. Des cafés remplis d’hommes (aucune femme) les yeux rivés sur l’écran de télévision. Dans la médina, odeurs de savon noir, d’épices, de cannelle, de café torréfié, de viande, de tannerie. Il fait 13°. Il pleuvote. On imagine les mêmes odeurs, déjà à la limite du supportable, amplifiées par la chaleur de l’été nord-africain. La ville grimpe à la montagne comme les favelas de Medellín. Les maisons andalouses ont un charme certain, avec leurs magnifiques portes. Envie de pâtisserie, de dattes. Pour boire du vin, il faut aller dans les restaurants espagnols (conseil d’un autochtone), visiblement les seuls habilités à vendre de l’alcool. Presque tout le monde s’adresse à moi en espagnol. Il faut dire que les nombreux touristes (certains emmitouflés comme aux sport d’hiver) sont quasiment tous de cette nationalité. Il est 22h15 heure locale ; la ville commence à s’apaiser un peu. L’hôtel est tellement bien insonorisé que j’ai l’impression que les murs sont en papier toilette.

Tattoo, Robert Schwentke (2002)

Tattoo

Une femme blessée court dans la nuit, poursuivie, est heurtée par un bus qui s’écrase ensuite sur un autre véhicule et le tout prend feu. Le médico-légal détermine assez vite que la femme a été partiellement écorchée avant son accident fatal. Il lui manquait un magnifique tatouage japonais mis en vente sur un salon privé d’internet. Deux flics commencent leur enquête : une jeune recrue et un vétéran brisé par la mort de sa femme et le départ de sa fille. Le vétéran « tient » la recrue qui en bon teufeur prend volontiers des substances illicites pour s’éclater.

Tattoo est le premier long-métrage de Robert Schwentke, réalisateur ultra-doué IMHO, qui s’est perdu à Hollywood, tournant à la chaîne des films de commande plus ou moins réussis, à l’exception notable d’Hors du temps, adaptation très réussie du best-seller The Time traveler’s wife. Donc Tattoo est le premier film, entre thriller et horreur, façon Seven, d’un réalisateur doué. Et comme de juste c’est assez inégal. Le scénario n’est pas très convaincant : on ne croit ni aux procédures policières décrites, ni au déroulé de l’enquête (la coïncidence qui permet de résoudre l’enquête a quelque chose de grotesque), ni au duo de flics. Ça fait beaucoup, sans doute trop, et pourtant le film résiste à ça, il a un côté « plongée dans un monde aussi inconnu que glauque » assez fascinant, la réalisation est suffisamment tendue pour qu’on ne se pose pas trop de question sur les trous du scénario. Le cinéma est un art assimilable à la prestidigitation, Schwentke, dès ses débuts, l’a bien compris. Il remplit les trous de son scénario avec de la tension et des images fortes : éros / thanatos. Du côté d’Eros, Nadeshda Brennicke est plutôt convaincante en patronne de galerie d’art tatouée comme un yakusa.

Inégal car plein de défauts, pour adultes consentants, mais somme toute plaisant.