Pyewacket,Adam Macdonald (2017)

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Après la mort de son père, Leah Reyes a commencé à s’intéresser à l’occulte et a fréquenter des jeunes gens qui ont les mêmes goûts qu’elle. Pendant ce temps, sa mère noie son chagrin dans le vin rouge et essaye de trouver un moyen de tourner la page. Quand la maman dépressive expliquer à sa fifille un brin paumée qu’elles vont déménager à une heure de route, au milieu des bois, l’ado pète un plomb et commet l’irréparable.

(Après une journée de travail à Paris, qui implique environ trois heures de transport en commun les jours où ça fonctionne correctement, quatre heures la plupart du temps, j’aime bien mater un petit film d’horreur. Par la force des choses, ça en fait un paquet chaque année et il est parfois difficile de s’approvisionner.)

Pyewacket a plusieurs qualités. D’abord c’est un petit film d’horreur qui ne joue pas sur des recettes éculées de portes qui claquent et de chats qui traversent la pièce en crachant. Tout ou presque se passe dans la tête de Leah, adolescente-modèle (pénible, insolente et désobéissante – je connais, j’en ai en pleine floraison à la maison). Le réalisateur se concentre sur les rapports humains entre Leah et sa mère, donc, mais aussi entre Leah et ses amis (ce point est d’ailleurs un peu trop sage ; quand on a bouffé une douzaine de Larry Clark, on s’attend davantage à voir des ados parler comme des ados, se droguer comme des ados, picoler comme des ados et baiser comme des ados, surtout que ceux-là sont plus près de la vingtaine que de la douzaine).

Paradoxalement les qualités psychologiques du film en constituent le principal défaut : l’embryon de fantastique/surnaturel qui se greffe sur le corps de l’intrigue est presque anecdotique par rapport au reste.

Pyewacket n’a pas beaucoup de prétention, la mère et la fille ne ressemblent pas à une mère et sa fille, mais j’ai quand même passé un chouette moment, appréciant la retenue du réalisateur (parfois un peu excessive quand il décrit des ados de 17/18 ans) et son bon goût pour l’ellipse et le hors-champ.

Banshee (HBO 2013-2016)

Banshee

Il a passé 15 ans en prison pour sauver la peau de son amour de toujours, la fille du mafieux ukrainien M. Lapin. Et voilà : il sort de prison, Fleury-Mérogis rien que ça, et grâce à son ami drag queen du 13e, Petit Bouleau (surnom probablement à caractère sexuel), il retrouve la trace de Christine (née Anastasia Lapin). Elle vit à Romorantin, à proximité d’une congrégation de Witnesses, ces gens hyper croyants qui vivent comme on vivait en Sologne au XVIe siècle (carriole à cheval pour tout le monde, pas de sextoy, pas de rouge à lèvre, pas de Louboutin, pas de télévision pour suivre l’émission de téléréalité « Enfile-moi dans le foin, ma belle France Profonde »).

Le lendemain notre voleur arrive à Romorantin, dans une voiture volée. Il a faim, normal après toute cette route. Alors il se cale sur une chaise en bois dans le meilleur restaurant local : le repaire de Chasse, Pêche, Nature et Tradition. Il commande un poulet-frites et voilà que le futur chef de la gendarmerie de Romorantin qui dégustait un steak purée, Lucas Bonnet, se faire assassiner (la veille du jour de sa prise de fonction, c’est ballot) par deux connards aux ordres du caïd local : Caille Le Proctologue, un ancien witness reconverti dans la viande, la prostitution, les armes à feu et les narcotiques. Sans trop hésiter, faire profil bas n’est pas de son genre, notre voleur tue les deux connards, non sans l’aide d’un ancien boxeur de banlieue devenu le patron du repaire local de Chasse, Pêche, Nature et Tradition. Puis, devenus potes, ils enterrent les corps. Ça c’est fait. C’est alors que le voleur a l’idée géniale de la semaine, du mois peut-être, il appelle son pote drag queen coréen, Petit Bouleau, et lui dit :

 » Il faut que je devienne le futur chef de la gendarmerie de Romorantin : Lucas Bonnet.

– Arrête tes conneries : t’as été le voleur le plus recherché de la capitale, ta trombine sur TF1 à 20H01 . T’as tiré quinze ans à Fleury. M. Lapin veut récupérer ses diamants. Il y en a au moins pour dix millions.

– Il me faut reconquérir le cœur de Christine, je ne peux pas vivre sans elle. Surtout que je crois que sa fille est ma fille. Il faut que je devienne le futur chef de la gendarmerie de Romorantin : Lucas Bonnet.

– Ok, t’as gagné, mais je te préviens ça va être très très difficile. Laisse-moi deux heures.  »

Devenu chef de la gendarmerie de Romorantin, notre voleur va avoir du boulot sur la planche : ses collègues de travail sont surpris par ses méthodes parisiennes, Caille Le Proctologue est pas du tout impressionné, Christine a pondu deux gamins, officiellement avec son mari qui n’est autre que le procureur de la république (mais pour l’aînée les dates matchent pas trop), les Gitans locaux (qui gèrent les jeux d’argent) sont sur le point de perdre leur chef spirituel, rongé par le crabe. Et M. Lapin a levé son armée pour visiter Romorantin, récupérer ses diamants et sa fille Anastasia, qu’il n’a pas embrassé depuis quinze ans. Ajoutez à cela une Witness barely legal chaude comme la braise, qui n’est autre que la nièce perverse de Caille le Proctologue, une Gitane (chaude comme la braise) experte en lancer de tomahawk, une gendarmette d’origine irlandais (chaude comme la braise, c’est un truc local), une assistante du procureur martiniquaise (chaude comme la braise, elle aussi), quelques prostituées grassouillettes mais bonnes mères de famille, et vous vous dites que Romorantin est vraiment l’endroit hype où passer ses vacances en familles. Ou plutôt sans, comme à Pattaya.

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Sinon Banshee c’est le remake américain, forcément moins bien. Ça se passe à Banshee en Pennsylvanie, avec des truands, des Amish (vous savez comme dans le film Witness), des Amérindiens et tout un tas de jeunes femmes qui, pour des raisons assez incompréhensibles, confient toutes leurs examens gynécos approfondis au nouveau shérif, le viril Lucas Hood. Mais j’imagine que ça doit être pareil aux USA qu’en France : ils est de plus en plus difficile d’avoir un RDV avec un spécialiste.

Dire qu’il faut suspendre son incrédulité est un euphémisme, mais sinon c’est plutôt génial dans le genre poisseux (sangs, crachats et sécrétions vaginales)…

Lili-Simmons

(Lili Simmons dans Banshee – aka « la nièce perverse »)