The Endless, Justin Benson & Aaron Moorhead


Deux frères, Aaron et Justin (comme les réalisateurs) ont échappé a une secte qui d’après eux fonçait droit vers le suicide collectif. Isolés, sans proches, ils ont dû mal à joindre les deux bouts et font des petits boulots de nettoyage. Jusqu’au jour où ils reçoivent une cassette vidéo de la part d’Anna, une femme de la communauté pour laquelle Aaron a le béguin. Aaron veut y retourner pour dire bonjour, juste dire bonjour, Justin y est opposé. Aaron insiste (il se sent tellement mal, alors que dans la secte, qu’il ne considère d’ailleurs pas comme une secte, il se sentait tellement mieux). Et il ne croit pas à cette histoire de suicide collectif. D’ailleurs personnage n’a jamais parlé du moindre suicide dans cette communauté comme il y en a tant d’autres en Californie du nord. Justin finit par céder. Ils retournent dans le camp où tout le monde est légèrement allumé, où leur vision de l’amour libre est peut-être un peu tordue, mais bon la bouffe est bio, la bière est bonne et globalement on vous demande juste un coup de main de temps en temps pour rester. Très vite Aaron veut rester (surtout qu’il est sur le point d’emballer Anna), Justin veut partir. Le gourou, ou ce qui en fait office (on dirait un informaticien qui se remet de son burnout chez Tesla), lui dit alors « tu fais ce que tu veux, mais la vérité est au fond du lac à l’aplomb de la bouée ». Ce que Justin va découvrir en plongeant dans le lac est tout simplement impossible. Quant à la vérité il leur faudra attendre la nuit de la troisième lune pour la saisir dans son entièreté ; d’ailleurs cette fameuse nuit approche : la deuxième est déjà visible dans le ciel.

The Endless c’est le pari d’un film lovecraftien (cité en exergue) a petit budget et quasiment sans effets spéciaux, c’est aussi le pari d’une fausse piste qui dure à peu près la moitié du film, avant que le changement de paradigme soit total. On peut lui trouver plein de défauts, il est un peu longuet, il y a des petits trucs qui accrochent sur le plan scénaristique, mais je l’ai vraiment beaucoup aimé. Je l’ai trouvé original, malin et traversé par une humanité qui fait plaisir à voir, surtout dans le cadre d’une fiction « lovecraftienne » ou disons en hommage à Lovecraft.

Justin Benson & Aaron Moorhead sont vraiment des réalisateurs à suivre, car après avoir vu The Endless, je me suis acheté Synchronic en blu-ray et je l’ai trouvé aussi plein de petits défauts, mais quand même très chouette.

Shining Girls, série télé adaptée du roman de Lauren Beukes


Kirby Mazrachi (Elizabeth Moss) a été agressée pendant qu’elle promenait son chien sur une plage de Chicago. Son abdomen a été ouvert en croix et son agresseur a laissé un objet en elle. Elle a survécu.

Dix ans plus tard, une autre jeune femme est agressée de la même façon à Chicago, mais ne survit pas.

Kirby qui travaille comme archiviste dans un journal local, se penche sur l’enquête et demande l’aide de Dan Velasquez (Wagner Moura), un journaliste alcoolique au bout du rouleau.

Ce qu’ils vont découvrir ensemble dépasse l’entendement : un tueur en série opère dans la région de Chicago depuis des dizaines d’années et la police n’a jamais fait le lien entre ses différents crimes au modus operandi pourtant très particulier (une incision en croix, un objet laissé à chaque fois à l’intérieur de la blessure). Ceci étant, Kirby n’a pas dit toute la vérité à Dan Velasquez, car elle ne veut pas finir dans un hôpital psychiatrique. Chaque fois qu’un meurtre a lieu, la vie de Kirby est mise sans dessus dessous : son chat est remplacée par un chien, elle a changé d’appartement ou vit de nouveau avec sa mère, qui elle a changé de métier ou de petit-ami, etc.

Shining Girls est une série qui m’a laissé un sentiment mitigé. C’est un colosse au pieds d’argile – globalement, quand on réfléchit à la seule intrigue policière, elle ne fonctionne pas. J’ai beaucoup aimé Wagner Moura à contre-emploi, fragile, sur lequel on ne peut pas compter, pas même son fils de 13 ans. Les distorsions temporelles sont très bien rendues. Mais voilà, il n’y a globalement aucun suspens, on sait que Jamie Bell est le tueur dès le prologue du premier épisode et toutes les explications sur ce que sont les shining girls ont été zappées. Tout ceci précisé, le pire est ailleurs, c’est Elizabeth Moss qui fait du Elizabeth Moss à 150% et qui est globalement insupportable. A sa dixième grimace de crapaud, j’ai commencé à avoir envie de tirer au .38 sur mon écran plat. Kirby n’est pas attachante du tout et sa quête personnelle y perd beaucoup. Presque sans surprise, le meilleur épisode de la série est celui où elle n’apparaît pas.

Le casting international est résolument étrange : Wagner Moura est brésilien, Jamie Bell est anglais. Tout ce petit monde se concentrant pour essayer de sonner américain avec un succès relatif. A réserver aux fans d’Elizabeth Moss dont malheureusement je ne fais pas partie.