Ghost of Tsushima (Jeu vidéo)

Japon. 1274.

Les Mongoles, ces ignobles et infâmes buveurs de lait de jument fermenté, ont envahi ma belle île de Tsushima et, après notre défaite sur la plage de Komoda, ont emprisonné mon oncle Shimura. Enfant, j’ai appris la voie du sabre, j’ai appris à honorer mes ennemis, mais ayant tout perdu à Komoda, j’ai décidé de changer de voie : je crache sur les Mongoles. Je les tuerai au sabre, bien sûr, mais aussi au wakizashi, par derrière, comme un vil assassin, avec mes flèches explosives et mes fléchettes empoisonnées. La mort tombera du ciel, des toits, sous forme de flèches lourdes ou de bombes à la poudre noire. Je les brûlerai et j’achèverai même les fuyards. Je n’aurai aucune pitié et on finira par me surnommer le Fantôme.

Cela dit, même si tuer du Mongole par brochettes de trente est chouette, surtout quand il fait 40° dehors, il faut aussi savoir se relaxer. Le matin j’aime bien pister le renard sous le soleil levant. A midi, juste avant mes sushis, je compose en haiku sur le plaisir d’égorger un ennemi déjà à terre. En fin de journée, je gravis une montagne, j’écoute un musicien, ou je suis un oiseau doré vers un trésor ancien et oublié. En ville, je ne peux pas m’empêcher de me promener sur les toits, de voler des provisions et de grimper au sommet des pagodes avec mon grappin (forgé par le frère de mon acolyte Yuna). Et puis il y a les bains revigorants, sous les érables rouges avec la guerre comme horizon (parfois une patrouille passe de loin en loin alors que je me décrasse les doigts de pied).

Et quand vient la nuit, je redeviens le Fantôme.

(Ghost of Tsushima est un jeu vidéo développé par Sucker Punch et édité par Sony. Ce n’est ni un jeu vidéo historique, on nage dans le n’importe quoi niveau armures, sabres, etc, ni un jeu de fantasy – pas de magie, un peu de réalisme magique sous forme d’animaux qui vous guident de temps à autre. L’ensemble est super chouette et il y a même un mode Akira Kurosawa qui permet de jouer en N&B. Seul reproche, c’est extrêmement sérieux et il n’y aucun moyen de culbuter une paysanne consentante ou la trappeuse qui vient de vous griller un écureuil. Géralt de Riv’ qui s’est forgé d’autres habitudes, serait très déçu de son séjour à Tsushima.

Ghost of Tsushima est aussi le seul jeu vidéo à ma connaissance qui rend un hommage (involontaire ?) à La Ballade de Narayama de Shoei Imamura.)