New World, Park Hoon-jung (2013)

NewWorld

Ja-sung (Lee Jung-Jae) est un policier infiltré. Il travaille pour le chef de section Kang (Choi Min-Sik). Il a infiltré Goldmoon, une entreprise florissante derrière laquelle se cache la plus grande organisation criminelle de Corée : immobilier, jeux clandestins, prostitution, drogue. Le président de Goldmoon, Seok, relaxé à la suite d’un immense procès, trouve la mort dans un accident de voiture pour le moins suspect. Une guerre de succession va opposer le chien fou Chung Sung (Hwang Jung-Min), d’origine chinoise, à Joong-gu, Coréen pur jus, mieux placé. La police a son champion, car le chef Kang veut influencer sur le vote. Pour ça, Ja-sung est son meilleur atout. Sauf que Ja-sung commence à oublier qu’il est policier, d’autant plus facilement que sa femme est enceinte.

New World fait partie de ce que le cinéma coréen a proposé de mieux ces dernières années, c’est l’équivalent kimchi des Affranchis de Martin Scorsese. Ce n’est pas un film « facile » : la première heure peut paraître aride, voire lancinante. Mais une fois que le réalisateur a posé tous ses pièces sur l’échiquier, une fois que la machine est lancée, le drame devient inéluctable et se promet d’être pyrotechnique.

New World est d’une violence hallucinante, outrée, filmé avec une adresse chorégraphique qui laisse pantois et rappelle le John Woo d’Une balle dans la tête. New World est aussi un film extrêmement profond sur la loyauté, l’amitié, la morale et l’ambition. Hwang Jung-Min est inoubliable dans le rôle de Chung Sung ; aussi répugnant que séduisant, il rappelle un peu Jack Nicholson au sommet de son art.

 

La Vallée, Barbet Schroeder (1972)

laVallée

Viviane (Bulle Ogier), une femme de diplomate français basé à Melbourne, achète des masques et des plumes en Papouasie Nouvelle Guinée quand elle fait la rencontre d’Olivier (Michael Gothard, vu chez Ken Russell dans Les Diables). Olivier et Gaëtan (Jean-Pierre Kalfon) souhaitent avec leurs amies, et un gamin, rejoindre une vallée inconnue de l’homme blanc, toujours inobservable depuis le ciel car constamment « obscured by clouds » (le titre de la bande originale de Pink Floyd). Contre toute attente, Viviane se joint à eux pour ce qui sera l’aventure de sa vie.

La Vallée de Barbet Schroeder est un film étrange, terriblement marqué par l’ère hippie, l’amour libre, les drogues douces et les musiques planantes. Tour à tour théâtral, brillant (la scène de l’avion), documentaire (les danses des autochtones, le repas de cochons). C’est une sorte d’anti-Cannibal Holocaust (qu’il semble cependant avoir beaucoup influencé).

On peut trouver assez horripilant la naïveté des scénaristes qui ne semblent pas avoir lu Tristes tropiques de Claude Levi-Strauss. Bulle Ogier godille à côté de la plaque. Jean-Pierre Kalfon est en roue libre, mais grave. La toute fin risque de faire vomir certains spectateurs trop cartésiens. Et pourtant, malgré tout ces défauts, j’ai beaucoup aimé. Le film dit quelque chose de profond sur l’ennui et ce qu’on est en droit d’attendre de la vie : rien si on ne tente rien.

C’est à voir (comme quasiment tous les films de Barber Schroeder).