La Nuit des juges, Peter Hyams (1984)

Le jeune juge Steven Hardin (Michael Douglas, parfait), du genre idéaliste, est confronté à un cas de conscience épouvantable. Un enfant a été torturé, violé et assassiné. Deux hommes ont été arrêtés, mais la chaussure de l’enfant, trouvée dans leur van, n’a pas été récupérée grâce à un mandat en bonne et due forme. Cette preuve est donc irrecevable et Hardin ne peut que prononcer le non-lieu. Il se rapproche alors de son mentor et ancien professeur, le juge Benjamin Caulfield (Hal Holbrook, très bien) qui lui dit qu’il existe peut-être une solution…

Dix ans après le fort réussi Magnum Force, dans lequel jouait déjà Hal Holbrook dans un rôle très proche, Peter Hyams se penche sur les grains de sable qui grippent la machine judiciaire américaine. Son constat est très intéressant et son film ne manque pas de faire fonctionner les méninges à plein régime. Il n’y a pas de réponse simple face à un problème complexe. Sans fusillades tonitruantes, Peter Hyams livre un thriller cérébral qui ne manque pas d’atouts, à commencer par un casting impeccable et un sens extraordinaire du rythme. Ça ne vaut sans doute pas le cinéma de Sidney Lumet sur la justice, la police et la corruption, mais ça reste toutefois d’un très bon niveau.

Peter Hyams a tout réalisé dans sa vie, du navet d’action avec Jean-Claude Van Damme au très bon film policier comme cette Nuit des juges.

Outland, Peter Hyams (1981)

Le 31 octobre 2020, l’acteur écossais Sean Connery nous quittait. Il a occupé une place importante dans mon enfance, avec les premiers James Bond, puis à l’adolescence avec des films comme Highlander (« Tu ne m’avais pas préparé à ça, vieux coq espagnol »), Le Nom de la rose, Indiana Jones et la dernière croisade, Les Incorruptibles, Pas de printemps pour Marnie. Adulte, je l’ai découvert émerveillé dans ce qui est peut-être son plus beau film : L’Homme qui voulut être roi de John Huston. Et plus tard dans ce qui est à mon sens son meilleur rôle dramatique, celui du detective sergeant Johnson dans The Offence de Sidney Lumet.

Outland, je l’avais vu très tôt (sans doute un soir à la télévision), et j’avais été marqué par les scènes où les corps soumis à une décompression violente explosent dans leur scaphandre. Maintenant on sait que ça ne marche pas comme ça : dans le vide spatial la mort vous frappe en 15 secondes, mais pas de cette manière.

Outland raconte l’histoire du marshall (traduit prévôt en VF) O’Neill qui accepte un poste de direction de la sécurité sur la station minière de Io. There is a new sheriff in town. L’administrateur Mark B. Sheppard (Peter Boyle, excellent) lui demande de ne pas faire de vagues. Il y a de la violence à Io, des bagarres. Il y a des putes, aussi, pour que les ouvriers ne deviennent pas dingues, et de l’alcool bien évidemment. Et de la drogue, forcément. Sans doute vexé d’être considéré comme un policier médiocre qui ne mérité pas davantage que ce poste pourri, O’Neill refuse de se la couler douce et commence une enquête sur une série de morts suspectes. Ce ne sont pas des meurtres, plutôt des suicides incompréhensibles.

Outland a mal vieilli, même si on peut lui reconnaître un travail considérable sur les décors d’intérieur ; les effets spéciaux (souvent ratés) ne rivalisent pas avec ceux de La Guerre des étoiles ou d’Alien pourtant sortis quelques années plus tôt. C’est un western dans une station minière en banlieue de Jupiter, et c’est sans doute sa principale faiblesse : être un remake (non crédité) du Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann (1952). Il lui emprunte d’ailleurs sa plus célèbre réplique (vers la fin, je ne la spolierai donc pas). D’un point de science-fictif, le film ne contient aucune idée, ne propose aucun concept. La réalisation est médiocre, le rythme global d’un autre âge (mais pas forcément désagréable). Reste donc un western spatial, plaisant, dominé de la tête et des épaules par un Sean Connery très juste, bien encadré par quelques seconds rôles convaincants, notamment le docteur Lazarus, incarné par Frances Sternhagen.