Octobre, série télé d’après le roman de Soren Sveistrup

(Disclaimer : Le roman Octobre de Soren Sveistrup est publié par Albin Michel, maison dont je suis salarié.)

Une femme est retrouvée morte dans un parc public, sa main a été sciée. A côté de son cadavre on a trouvé un bonhomme de marrons. Problème, l’objet porte l’empreinte de Kristine Hartung, la fille disparue de Rosa Hartung, ministre des affaires sociales du gouvernement en place. Un assassin a été arrêté et jugé pour cette disparition, il a avoué le meurtre, une machette pleine de sang a été retrouvée dans son véhicule. Il dit avoir enterré les morceaux du cadavre de Kristine dans les bois, vers le nord, mais ne se souvient plus d’où. Sa pathologie, schizophrénie paranoïde, ne lui permet pas de distinguer ses fantasmes de la réalité. Les enquêteurs chargés de l’affaire aimeraient beaucoup interroger à nouveau les Hartung, mais leur hiérarchie s’y oppose. Néanmoins, ils passent outre…

Bon, si vous voulez une série policière qui vous scotche à votre canapé pour six épisodes d’une heure environ, Octobre est un très bon candidat. Je n’ai pas lu le roman (assez épais, dans mon souvenir) et donc j’ignore si l’adaptation est fidèle, mais c’est très réussi avec des personnages très fouillés. Ça ne pourrait être qu’une banale histoire de psychopathe qui tue et démembre des femmes pour son plaisir, mais un sujet central émerge très vite : la maltraitance sur les enfants. C’est une série très noire, très humaine, mais pas inutilement gore. Certains détails scénaristiques m’ont fait tiquer (dès le second épisode, il y a un indice très fort qui est totalement passé sous silence par les Hartung alors que c’est en fait très important pour eux ; et vers la fin, il y a une scène d’action un peu capillotractée). Mais bon, ce ne sont que des détails, c’est vraiment prenant sans être follement original (même si, fait remarquable, on évite le portrait du flic veuf noyé dans l’alcool). Il y a du Millénium là-dedans, sans être une copie carbone.

Je conseille.

Les Meurtres du Valhalla, série TV Netflix

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Un homme est tué de plusieurs coups de couteau sur le port de Reikjavik, puis ses yeux sont crevés. Peu de temps après un second homme est tué chez lui de la même manière : un riche entrepreneur qui ne semble pas avoir de liens avec la première victime qui, elle, était plutôt du genre dealer pathétique. Kata est mise sur l’affaire et un policier, Arnar, est demandé en renforts d’Oslo. L’Islande n’a jamais connu de crimes pareils, à tel point qu’elle n’a pas de médecin légiste à temps plein. Quand le lien est enfin fait entre les deux victimes, grâce à la vieille photo d’une maison d’accueil pour garçons, cette affaire peut désormais rester dans l’histoire islandaise comme celle des meurtres du Valhalla.

Tout était rassemblé dans cette série pour que je la déteste : une sordide affaire de pédophilie et de maltraitance dans une maison d’accueil, des policiers antipathiques, une construction scénaristique très fabriquée avec un cliffanger de rigueur à chaque fin d’épisode et pas mal de manipulations scénaristiques pour repousser le plus loin possible la résolution de l’affaire.

Et en même temps, je me suis laissé attraper comme un bleu, comme un perdreau de l’année, par les paysages (somptueux), les problèmes personnels des uns et des autres, par Kata, qui une fois sur deux prend quand même la pire décision possible (et se demande, par ailleurs, pourquoi c’est pas elle la cheffe de service). Les personnages sont humains et épais, à défaut d’être attachants, ils sont durs comme le pays qui les a vu naître. Quant aux crimes anciens, ils continuent à avoir des répercussions tangibles et fortes.

A défaut d’être originale, cette série (d’une terrible et réaliste noirceur) est prenante. Elle réserve quelques moments d’une rare intensité, notamment quand à la fin on re-déroule toute la vie de certains personnages dont on ne comprenait pas bien pourquoi ils étaient tellement cabossés.