Titane, Julia Ducournau (2021)

Quand elle était enfant, Alexia a eu un terrible accident de voiture (un peu petit bras dans la façon d’être filmé) dont elle était en partie responsable. On lui a vissé une plaque de titane sur la boîte crânienne. Devenue adulte, Alexia tue les hommes (et les femmes) qui tentent de coucher avec elle ou qu’elle séduit mais finit par massacrer quand même. Après une énième tuerie, elle se fait passer pour Adrien, le fils disparu d’un commandant de sapeurs pompiers (Vincent Lindon) qui a de graves problèmes de stéroïdes.

Par où commencer ?

Titane est une expérience.

Si Julia Ducournau a un style bien à elle, et un imaginaire féminin horrifique à base de seins qui pendent, grossesses, chairs torturées, cicatrices, plaies ouvertes, chirurgie non-esthétique, règles douloureuses, avortement artisanal et j’en passe, Titane semble avoir quand même été accouché sous le double parrainage de David Cronenberg (Chromosome 3, Crash) et David Lynch (Sailor et Lula) ; Nicolas Winding Refn n’était pas très loin non plus. Sur le plan technique, le film souffre de plusieurs défauts, si les choix musicaux sont impeccables, les dialogues sont pauvres pour ne pas dire pire et en plus mal mixés, certaines répliques étant difficilement compréhensibles. Certaines scènes font vraiment fauchées comme l’accident de voiture qui ouvre le film. Titane est éprouvant : plaies, cicatrices, coups et blessures, agressions sexuelles incessantes, automutilation, situations embarrassantes. Il est surtout pauvre sur le plan intellectuel. Tout ça reste très superficiel, sans avoir l’humour noir de Grave, même si certaines scènes sont assez drôles. Le plus réussi dans le film ne relève pas des films de genre. Julia Ducournau s’intéresse à la façon dont les hommes se sentent, se montrent virils et c’est plutôt bien vu.

Titane est une expérience.

Je l’ai vu ; je ne le reverrai sans doute jamais.

(Que ce film ait eu la palme d’or à Cannes me laisse rêveur.)

Grave (bien!)

grave-film-critique

Pour certains (je crains d’en faire partie), voir un film français se solde dans 99% des cas par une expérience douloureuse. Je ne goûte guère à la comédie hexagonale produite à la pelle, ni vraiment au polar hexagonal… à quelques exceptions près qui doivent tous avoisiner le demi-siècle d’existence, voire davantage. Quant aux drames français, oui, drame est bien le mot approprié. D’ailleurs, si on me demande quel est dernier film français que j’ai vraiment aimé, je risque de remonter à Trouble Every Day de Claire Denis, pas vraiment une nouveauté.

Après une série noire, Gods of Egypt (ridicule, baroque jusqu’à la nausée et même pas marrant), Blade Runner 2049 (trois tentatives, une semaine où j’ai beaucoup travaillé, il est vrai), perdu pour perdu, je me suis dit j’allais regarder Grave (Raw) que j’avais en blu-ray depuis parution.

Tout le monde connait l’histoire, je crois : une jeune étudiante végétarienne, ultra-douée, entre en première année d’école vétérinaire et est obligée lors du bizutage de manger un rein de lapin cru. Ce qui va éveiller en elle un appétit trop longtemps contenu.

Eh bien, je me suis régalé. C’est con, mais con : la scène de pisse, la scène d’épilation, le bras dans le cul de la vache. C’est un espèce d’imaginaire horrifique féminin que j’ai trouvé complètement rafraîchissant. Assez inédit à dire vrai. Laurent Lucas est excellent, comme souvent. La jeune Garance Marillier crève l’écran. Julia Ducournau fait parler les jeunes comme ils parlent vraiment. Il y a quelques scènes (de fête estudiantine, notamment) qui ont presque un caractère documentaire. Ça m’a un peu rappelé Excision de Richard Bates Jr.

J’attends maintenant le prochain film de Julia Ducournau avec impatience.

(La musique adoucit les morts ?)