The Fountain, Darren Aronofsky (2006)

🌳

Le Livre :

L’Espagne est à feu et à sang. L’Inquisiteur veut raffermir son pouvoir contre la reine Isabel. Afin de contrecarrer ses plans, elle envoie son meilleur conquistador au Guatemala, pour trouver l’Arbre de Vie.

Le Présent :

Isabel se meurt du cancer. Il ne lui reste qu’un chapitre de son dernier livre à écrire. Son mari Thomas fait tout pour trouver un remède contre son cancer, mais il va trouver autre chose, en inoculant à un singe un peu d’écorce d’un arbre étrange originaire du Guatemala. Alors que l’inéluctable frappe à la porte, Isabel ose l’impensable, elle demande à son scientifique de mari de finir son roman. « Finis-le ».

L’Ailleurs : Thomas vit en symbiose avec l’Arbre, dans un futur, un au-delà (Xibalba), une dimension lointaine. Où il ne reste qu’eux.

J’ai beaucoup de mal avec le cinéma de Darren Aronofsky. Si l’homme est résolument talentueux, il est aussi très prétentieux. Et ses films me mettent souvent mal à l’aise, pour de mauvaises raisons. Requiem for a dream me semble manquer terriblement de sincérité. Black Swan fait preuve d’une certaine complaisance. Mother est aussi irritant que fascinant. Mais il y a deux exceptions : The Wrestler, que j’ai trouvé très bon, très humain, et The Fountain qui malgré ses limitations de budget reste pour moi le meilleur film de Darren Aronofsky… et de très loin. Certains glousseront sur la partie mystico-futuro-branchouille du film (Hugh Jackman dans la position du lotus). Mais en fait, elle est presque secondaire. L’essentiel est ailleurs : jusqu’où où êtes-vous prêt à aller pour sauver la personne que vous aimez le plus au monde. Le Patient anglais nous a donné une réponse, The Fountain nous en donne une autre. Plus métaphysique.

Bon, je dois maintenant l’avouer : j’adore ce film.

Mother ! Darren Aronofsky (2017)

mother

Un couple vit dans une grande maison qui se remet à peine d’un incendie. Lui (Javier Bardem) est écrivain, poète, il souffre du syndrome de la page blanche. Elle (Jennifer Lawrence, très charnelle), c’est la bonniche de luxe : elle bricole, brique, cuisine, peint. Entre deux corvées, elle aimerait bien « prendre un petit coup », mais il ne semble pas très intéressé ; pourtant, elle a ce qu’il faut là où il faut.

Un jour, un homme malade débarque chez eux (Ed Harris). D’où ? Pourquoi ? On ne sait pas trop. Il dit qu’il a cru que la maison était un B&B. Puis l’inconnu enlève son masque, il est le fan n°1 de l’écrivain, il va mourir d’un cancer. Ensuite, son impossible bonne femme (Michelle Pfeiffer) débarque, puis leurs enfants, puis…

Le moins que je puisse dire, c’est que le film m’a laissé un sentiment mitigé. On comprend beaucoup trop vite le fin mot de l’histoire (j’avais tout deviné au bout de vingt minutes, le rôle de chacun, la structure narrative. Résultat : raté pour le mindfuck final), et ce ne sont pas les hallucinantes scènes de la fin qui rappellent tout autant High Rise que The Baby of Mâcon qui sauvent l’entreprise. C’est long, deux heures. Longuet aussi, une fois qu’on a compris et qu’il ne reste plus que le brio de la mise en scène à se mettre sous la dent.

Par ailleurs, on est sans cesse frappé par des réminiscences du cinéma de David Cronenberg et de celui de Roman Polanski. Cronenberg, c’est d’autant plus flagrant puisqu’on retrouve une partie du casting d’A History of Violence (Ed Harris, Stephen McHattie).

Ce n’est pas nul, je ne sais même pas si j’oserai écrire que c’est raté (pourtant, c’est très tentant). C’est aussi surprenant qu’agaçant. Comme souvent chez Aronofsky, je trouve l’ensemble plus prétentieux qu’ambitieux.

Pour tout dire : ça m’a donné l’impression d’être le film d’un réalisateur intelligent (trop intelligent pour son bien) qui prend ses spectateurs pour des cons. Après, d’un point de vue réalisation, esthétique, c’est régulièrement bluffant.