Peau d’homme, Hubert & Zanzim (Glénat)

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(3615 my life : Je profite des vacances d’été pour lire enfin quelques unes des bédés que j’ai accumulées ces derniers mois, cadeaux ou achats. Celle-là, bien qu’elle soit publiée par mon éditeur, Glénat, je l’ai payée avec mes sous.)

L’histoire ? Tout le monde la connaît, non ?

Dans l’Italie de la Renaissance (ou un fantasme de l’Italie de la Renaissance, peu importe), la jeune Bianca doit se marier avec Giovanni. Dans sa famille, on possède un secret bien gardé, une peau d’homme. Bianca s’en sert pour devenir le jeune Lorenzo, et s’en va découvrir le monde des hommes. Ce qu’elle découvre la choque : tout ce mépris pour les femmes, toutes ces infidélités qui ne sont tolérées que dans un seul sens.

Alors que le frère de Bianca, fou de Dieu consumé par son désir pour les corps féminin, n’a de cesse de gagner en puissance au conseil de la cité, la jeune femme entame une relation homosexuelle avec Giovanni sous la peau de Lorenzo et s’aperçoit bien vite que son futur mari n’aime que les hommes, et surtout qu’il n’aime que Lorenzo. Catastrophe !

Voilà un mariage qui s’annonce mal.

Sans grand suspense, j’ai beaucoup aimé cette bande-dessinée, ce conte qui parle de notre époque en faisant semblant de parler de la Renaissance. Il y est beaucoup question de sexe, sexualité, genre, pratiques sexuelles et j’ai été assez surpris d’y voir des sexes en érection, des scènes d’amour homosexuelles et même une scène de massage prostatique. A toute cette joie, ces plaisirs de la chair décomplexés, le scénariste oppose l’ignominie de la nuit de noce avec le drap taché de sang exposé au balcon. Il oppose une sexualité imposée, cadrée, notamment par les us et l’Église à une sexualité nettement moins hypocrite et beaucoup plus épanouissante.

Quelques anachronismes mineurs n’émoussent en rien la portée universelle du conte. Et ma foi Peau d’homme me semble presque d’utilité publique, à partir de 13 ans. Toute une partie de l’ouvrage m’a semblé rendre hommage au Moine de Matthew Gregory Lewis, mais j’ai sûrement surinterprété.

Taboo (série TV) – Steven Knight (2017)

1814.

James Keziah Delaney (Tom Hardy, dans ce qui est sans doute son meilleur rôle à ce jour, loin très loin de ses cabotinages usuels) est de retour à Londres.

Son père vient de mourir, empoisonné à l’arsenic. Le vieux fou laisse derrière lui un empire maritime fantôme dont il ne reste que quelques bâtisses désertées sur les quais de la Tamise.

Métisse, moitié amérindien par sa mère, moitié anglais par son père, James Keziah Delaney est l’objet de toutes les rumeurs. On dit qu’il est le Diable, pas moins. Qu’il est mort en Afrique. On dit qu’il est amoureux de sa demi-sœur. On murmure même qu’il lui a fait un enfant. On dit qu’il parle avec les morts, qu’il entend chanter les noyés. Qu’il mange le cœur de ses ennemis vaincus.

James ne veut qu’une chose : récupérer le Détroit de la Nootka que son père a négocié à la tribu de sa mère et ainsi avoir le monopole du commerce du thé avec Canton. James n’a qu’un ennemi : la Compagnie des Indes Orientales qui veut exactement la même chose, mais sans payer ce que le détroit vaut vraiment. Il ira jusqu’au bout de sa volonté ; qu’importent les morts qui s’entasseront, les horreurs qu’on colportera à son sujet. Et celles, bien réelles, qu’il commettra. Car son âme est noire comme la poudre, comme une flaque de sang à l’aplomb de la pleine lune.

Waouh !

Putain !

Sérieux !

Ça faisait longtemps que je n’avais pas été cloué à ce point par une mini-série de huit épisodes. Tom Hardy est impressionnant. Le reste du casting suit : Stephen Graham en tueur tatoué, Jonathan Pryce en grand méchant, Franka Potente en prostituée allemande, etc. Série sanglante, violente, vénéneuse, érotique, malsaine, carnassière. C’est bien simple on dirait qu’elle a été extraite avec des pinces brûlantes du cerveau en surchauffe d’un Lucius Shepard au sommet de sa forme littéraire.

« A gothic gem » a écrit un critique américain. Oui, bon, ok, pas mieux.