The Sacrament, Ti West (2013)



Un frère se rend avec une équipe de tournage dans un pays étranger (Amérique du sud, Caraïbes ?) pour retrouver sa sœur qui fait partie d’une communauté évangélique qui vit en autarcie. Dès le départ, les choses tournent mal : il y a des gardes armés et la présence du journaliste et du caméraman semble beaucoup déranger Father, le leader de la Paroisse de l’Éden. Paradoxalement, les gens ont l’air heureux et plutôt bien installés, il y a même une petite clinique.

Avant de voir ce film (que j’ai acheté à cause de son réalisateur) j’ignorais totalement qu’il « rejouait » de nos jours un fait divers de 1978 très célèbre, en intégrant internet, les téléphones portables, etc. Si vous ne voulez pas être spoliés, n’allez pas plus loin que ce paragraphe. Le film n’est pas terrible et ne vaut que par le long face à face entre Father (Gene Jones) et le journaliste new-yorkais (A.J. Bowen) venu l’interviewer sans y être invité. Il n’est pas tenu, c’est un found footage partiel/pataud qui trahit les règles du genre chaque fois que ça arrange le réalisateur. On n’est pas pris dans le truc parce que justement le truc ne fonctionne pas sur le plan technique et donc ne crée pas la sidération qu’il voudrait créer.

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X, Ti West (2022)


Texas, 1979.

Wayne (Martin Henderson) embarque deux de ses stripteaseuses, un jeune réalisateur qui croit pouvoir faire de l’art tout en faisant du porno, une jeune perchiste (Jenna Ortega) dans une ferme isolée pour tourner un film X avec un acteur noir. Dès le départ, les choses ne se passent pas très bien avec le propriétaire, un homme âgé qui a fait deux guerres et a une certaine idée de ce que doit être l’Amérique. Mais bon, Wayne ruse et tourne sans trop de problèmes deux scènes, une avec Bobby-Lynne (la blonde) dans la chambre, une autre avec Maxine (la brune) dans la grange, Maxine (Mia Goth) qui rêve de devenir une star et se balade nue sous sa salopette à peu près tout le temps.

Émoustillée par ce qu’elle a vu sur le tournage, Lorraine (Jenna Ortega) se propose à son tour pour tourner une scène, ce qui bouleverse son petit ami – le réalisateur – qui ne voyait pas la jeune femme sous cet angle.

Frustrations, désirs exacerbés, corps nus, chaleur… tout est en place pour qu’un drame ait lieu.

X de Ti West rend un hommage limpide (et qui sera difficilement surpassable) au Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974) (et même au Crocodile de la mort du même réalisateur). Même Texas rural, autre famille à problèmes. Le réalisateur (très inspiré dans sa mise en scène) aborde le sexe frontalement : désir, pornographie, nudité, frustration, jalousie. Tout est extrêmement explicite, les filles sont à poil (même si les poils pubiens n’apparaissent jamais), les hommes sont à poil (full frontal) ou en slip moulant. Le corps est célébré. Il est montré aussi dans ce qu’il a de plus cruel : la vieillesse, la disparition définitive de la beauté, de la peau douce et des seins fermes.

Le film est très précis, la mise en place dure environ une heure (durant laquelle on ne s’ennuie à aucun moment), et le climax quarante minutes de tension extrême.

Ti West surprend sans cesse, joue avec les attentes du spectateur de films d’horreur et les clichés du genre. Il ose des choses assez rarement vues dans ce genre de films.

X est un sale gosse plein de foutre et d’hormones qui vous fait un doigt en vous tirant la langue. Il agacera prodigieusement certains, tant il insiste sur le pouvoir de la pornographie, du corps féminin, non sans reléguer les sentiments en arrière-plan. C’est justement tout le sel du film, saisir à bras le corps le paradoxe américain, premier producteur de pornographie au monde et premier producteur de télévangélistes au monde.

Les scènes d’horreur sont particulièrement brutales, « graphiques » si vous préférez.

Voilà un réalisateur que je vais suivre de très près.

(Les fans de Jenna Ortega/Wednesday risquent de passer un sale quart d’heure ; les voilà prévenus.)