La Veuve noire, Bob Rafelson (1987)


Alors qu’elle fait des recherches sur la mort dans son sommeil d’un parrain de la mafia, l’analyste du FBI Alexandra (Debra Winger, qui opère une métamorphose impressionnante au fil du film) entend parler pour la première fois de sa vie du syndrome d’ondine. Késaco ? Le syndrome d’Ondine est une maladie génétique rare due à une atteinte du système nerveux autonome. Il est caractérisé principalement par une hypoventilation alvéolaire sévère (hypercapnie associée éventuellement à une hypoxémie) due à une anomalie du contrôle autonomique de la respiration. Vous voilà bien avancés. Ben, disons qu’on peut crever paisiblement dans son sommeil à cause de ce truc difficile à détecter. Poussant ses recherches plus avant, Alexandra trouve deux autres hommes très riches qui sont morts dans des conditions similaires. Elle pense plutôt à un poison indétectable, qui n’est pas sur la liste des soixante produits testés lors d’une autopsie. Il lui suffit maintenant de chercher la femme : blonde, la trentaine, fatale. Alexandra engage alors un bras de fer avec sa direction pour enquêter, mais comme sans doute c’est une femme, on lui dit de rester bien sage derrière son bureau et de pas faire perdre de temps aux forces de police. Après avoir vendu sa voiture pour 6000 dollars, Alexandra s’envole pour Hawaï en quête de la Veuve noire.

Quel film ! Je ne l’avais pas vu depuis des années et j’avais oublié à quel point il est bon, fort, ambiguë. Le face à face érotique entre Debra Winger et Theresa Russell est un grand moment de cinéma. Évidemment on pense à une sorte de décalque féminin du Limier (Sleuth) de Mankiewizc. Et c’est bien à une sorte de partie d’échecs que Bob Rafelson nous invite à suivre du regard. On notera la complexité des personnages, la Veuve noire n’étant pas seulement une femme qui tue des hommes âgés pour les dépouiller. Les seconds rôles ne sont pas en berne, Denis Hopper (en multimillionnaire du jouet), Nicol Williamson en riche anthropologue, Sami Frey en entrepreneur visionnaire.

La Veuve noire est un grand film, autrement plus fort que le Basic Instinct de Paul Verhoeven sorti cinq ans plus tard et dont il semble une des sources d’inspiration.