The Ghost Writer, Roman Polanski (2010)


L’ancien premier ministre britannique Adam Lang (Pierce Brosnan) a écrit ses mémoires avec l’aide d’un de ses fidèles collaborateurs. Mais voilà que l’homme est retrouvé mort sur une plage et qu’il doit être remplacé de toute urgence. La maison d’édition qui a acheté à prix d’or les mémoires d’Adam Lang fait appel à un nègre (Ewan McGregor, parfait). En villégiature sur une île des USA, Adam Lang se trouve mis en examen par la cours pénale internationale pour des faits de crimes de guerre (pour rappel, les USA ne reconnaissent pas la CPI). C’est dans cette ambiance que le nègre commence son travail et fait la connaissance de Ruth (Olivia Williams, impressionnante), la femme d’Adam. Alors que l’ancien premier ministre a l’air d’un parfait idiot dont on ne comprend pas bien comment il a pu accéder à autant de responsabilités, Ruth semble au contraire une femme remarquable, d’une intelligence aussi aiguisée qu’un scalpel.

Chaque fois que je vois ce film, je suis impressionné, et je l’ai vu plusieurs fois dans ma vie. C’est un des rares films (à ma connaissance), avec Misery, à bien parler d’écriture… qu’est-ce qu’écrire ? A quoi ça sert ? Au-delà de cette problématique, qui m’intéresse pour des raisons évidentes, Roman Polanski dresse un portrait au vitriol du passage de Tony Blair au 10 Downing Street. La partie écriture est intéressante, la partie politique est passionnante. Roman Polanski sait mieux que quiconque installer une atmosphère angoissante (le film nous rappelle indirectement que Polanski réalisa Rosemary’s Baby en 1968). Passée la première heure du film, The Ghost Writer verse dans le thriller de haut-vol et ne faiblit jamais, malgré ses deux heures bien tassées.

Je conseille.

Chinatown, Roman Polanski (1974)


J.J. Gittes (Jack Nicholson, parfait), détective privé spécialisé en affaires d’adultère est engagé par madame Mulwray pour espionner son mari, car elle est convaincue qu’il a une affaire. Gittes suit l’homme qui dirige le département des eaux de Los Angeles (récemment devenu un service public) et finit par le surprendre avec une très jeune fille. Des photos sont prises, un scandale éclate et plus tard la vraie madame Mulwray (Faye Dunaway, sublime) le contacte. L’affaire s’annonce nettement plus compliquée que prévu. Ce que confirme la mort apparemment accidentelle d’Hollis Mulwray.

Bon, sans oublier la batterie de casseroles que Roman Polanski se trimballe depuis les années soixante-dix, on peut se pencher sur son cinéma remarquable. Chinatown a tout du classique instantané. L’interprétation est parfaite. Le méchant (incarné par John Huston !) est incroyablement abject. Les non-dit sont nombreux. Le film est d’une beauté renversante. Et cette affaire de corruption autour de l’eau potable à L.A a quelque chose d’absolument visionnaire. Le film enchaîne les scènes cultes dont le repas entre Noah Cross et J.J. Gittes, est peut-être la plus mémorable, après la fameuse scène de la gifle qui malheureusement spoile toute l’intrigue, donc : je n’y reviendrai pas.

Polanski est devenu infréquentable, mais son cinéma reste admirable.

(Si on ne fréquentait que les œuvres de gens absolument remarquables et parfaits, on se ferait bien chier… à mon avis).

Once upon a time in… Hollywood

onceupon

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Rick Dalton (Leonardo Di Caprio) est un acteur sur la pente descendante, il a été le héros d’une série télé western du type Au nom de la loi et contrairement à Steve McQueen (dont il ne cesse de croiser la route, d’une façon ou d’une autre) il n’est jamais devenu une star hollywoodienne. Il n’arrête pas d’incarner les méchants d’un soir et se noie dans l’alcool. Rick est ami avec sa doublure Jeff (Brad Pitt) qu’il emploie aussi comme homme à tout faire et chauffeur (Rick ne peut plus conduire après un énième accident en état d’ivresse). Un jour Sharon Tate et son mari Roman Polanski viennent s’installer dans la maison d’à côté. On est en 1969. A une époque charnière. Le monde va changer. Hollywood va changer et il n’y aura pas de retour en arrière.

Once upon a time in… Hollywood est un film étrange qui progresse de bal(l)ade en voiture dans Los Angeles nocturne en dialogues ciselés, qui s’arrête le temps de deux morceaux de bravoure (la scène avec Bruce Lee, la scène avec la famille Manson et le pneu crevé). Et puis survient le final, explosif, audacieux, paroxystique et tellement jouissif. 2H30 de bla bla et de crissements de pneus pour en arriver là. Trop long ? Oui et non, car chaque scène a son rôle, non pas dans ce qu’elle dit de la carrière de Rick Dalton, mais ce qu’elle dit d’Hollywood en 1969.

Leonardo Di Caprio est bluffant. On n’en attendait pas moins et on n’est jamais déçu. Brad Pitt est méconnaissable, non pas qu’il soit grimé, mais il navigue dans un registre qui lui est inhabituel. C’est plein de clins d’œil, de références, c’est pétillant comme ces trucs chimiques atroces qu’on se mettait sous la langue, enfants, jusqu’à en avoir les larmes aux yeux.

J’ai bien aimé, ça m’a réconcilié avec Tarantino dont je n’avais pas tellement aimé les derniers films, boursoufflés par une certaine prétention, alourdis par une auto-complaisance certaine.