Hostile, Mathieu Turi (2017)

Hostile

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Avant la fin du monde… une femme (dealer & végétarienne) rencontre un homme (galeriste riche). Il expose du Francis Bacon (la classe). Elle est entrée dans la galerie pour échapper à la pluie. Il tombe amoureux. Elle résiste un peu.

Après la fin du monde… cette même femme (qui n’a pas vieilli, qui a traversé la fin du monde sans une ride et une lèvre fendue) a un accident de 4X4 alors qu’elle cherchait de la nourriture pour la communauté à laquelle elle appartient. Elle se casse la jambe (fracture ouverte) et se retrouve piégée dans son véhicule retourné, menacée par une créature nue, totalement asexuée.

J’ai un truc malsain avec le post-apocalyptique 😉 j’ai du mal à résister. J’ai ravagé la Terre tellement de fois dans mes textes (les nouvelles de Sympathies for the devil, la novella Lumière noire, dans Sept secondes pour devenir un aigle), il faut croire que ça me plaît. Pareil pour les bouquins et BDs, j’en lis beaucoup… Il y a quelque chose de fascinant dans ces déserts ponctués de constructions en ruine et de carcasses automobiles incendiées ou rouillés. Je crois que c’est J.G. Ballard qui a utilisé le premier l’expression « esthétique de la catastrophe ».

On n’a pas trop envie d’accabler Mathieu Turi, Hostile était son premier long-métrage, il l’a réalisé avec environ un million de dollars, ce qui est un budget incroyablement raisonnable au vu du résultat final. Sur le plan technique, le film est assez convaincant. Le problème majeur d’Hostile est ailleurs, dans son écriture : la collision par friction parallèle (c’est beau, on dirait du Dantec)  du film de couple genre Un homme et une femme (cha ba da ba da cha ba da ba da) et de Mad Max ne marche pas. Jamais (et est assez douloureuse, il faut bien le dire). Comme on ne croit jamais au couple que forment Britanny Ashworth et Grégory Fitoussi. Comme on ne croit jamais au déroulé des événements dans le monde « futur » (pourquoi aller vivre dans un désert quand le continent nord-américain regorge de forêts (nourriture) et de lacs (eau) ? Sans oublier qu’on lit et on regarde de la science-fiction justement pour échapper au (cha ba da ba da cha ba da ba da).

Sinon, Juliette (la bien nommée) fait des trucs de ouf alors qu’elle souffre d’une fracture ouverte de la jambe. La scène de réduction de ladite fracture est au mieux ridicule – surtout n’essayez pas ça chez vous (même en cas de saturation critique des urgences). En termes de science-fiction, on ne croit jamais au basculement monde d’avant / monde d’après que propose le réalisateur/scénariste qui cherchait plutôt à écrire une fable avec des éléments esthétiques forts (les déserts du monde post-apocalyptique, la peinture de Francis Bacon, un appartement trop classe, une très belle maison pour Maman, Papa et le bébé).

Et puis il y a une cerise sur le gâteau, la fin (c’est là qu’on tombe purement et simplement de l’armoire / dans la fable, le film devient « à message » qui clignote en gros et en rouge avec sirènes, pétards et vuvuzelas – sous-titres pour les cons et les mal comprenant). Méfiez-vous : la fin du film peut littéralement vous tuer.

 

Les Survivants, Craig Zobel (2015)

 

lessurvivants

Une jeune femme (Margot Robbie), très croyante, vit dans une vallée épargnée par une apocalypse nucléaire. Un jour, elle tombe sur un homme en combinaison anti-radiations (Chiwetel Ejiofor). Il est scientifique. Il est noir. Ils vont devenir un couple, jusqu’à ce qu’un troisième homme arrive inopinément (Chris Pine), un Blanc, croyant comme la jeune femme, qui, bien malgré lui, va déséquilibrer ce qui avait lentement réussi à s’équilibrer.

Il n’y a pas grand chose à dire sur ce film. C’est beau, car tourné en Nouvelle-Zélande. Les scènes de constructions du moulin à eau sont superbes. C’est fin, car très joliment écrit, plein d’éclipses et de non-dits. Les acteurs sont tous très bons. Et on s’ennuie, poliment, mais on s’ennuie. C’est certes subtil, mais un peu trop cotonneux.