Pour ceux qui auraient passé les trois dernières années au fin fond du Salawin National Park, sans téléphone portable, tablette ou ordinateur, je me permets de vous faire un résumé succinct de l’histoire…
Richard Strickland (incarné à la pelle hydraulique par Michael Shannon en pleine auto-parodie), un type très méchant, a ramené d’Amérique du sud un homme-poisson considéré là-bas comme un dieu. Il se fait un plaisir d’électrocuter la bestiole impie chaque fois qu’il le peut. Elisa Esposito, une jeune femme muette au physique quelconque, travaille comme femme de ménage dans le complexe militaro-scientifique dans lequel l’homme-poisson est retenu en captivité. Evidemment elle va en tomber amoureuse. Et va donc lui amener des œufs durs, de la musique, etc. Dans le même temps, une équipe d’espions russes espère bien mettre aussi la main sur la créature extraordinaire.
La forme de l’eau est un film de genre bardé de prix prestigieux, servi par un casting globalement très convaincant, surtout au niveau des seconds rôles (Octavia Spencer et Richard Jenkins sont bluffants). Malgré toutes ces promesses, j’ai réussi à m’ennuyer tout du long, un ennui un peu lancinant qui m’a empêché de ronfler devant l’écran, mais un ennui quand même. C’est un peu comme si L’étrange créature du lac noir (que j’ai beaucoup aimé enfant et que j’ai un peu peur de revoir) avait, sur un malentendu, eu un rapport sexuel peu convaincant avec une Amélie Poulain déboussolée de se retrouver dans la zone industrielle de Baltimore un jour de pluie.
Donc c’est une espèce de conte de fée avec scènes de masturbation, scènes de sexe, doigts arrachés mal rafistolés, meilleur ami homosexuel et j’en passe. C’est traversé par une espèce de discours sur le racisme et la tolérance, un truc fin, genre bouse de vase qui vous tombe direct dans le mug de cappuccino. Et puis il y a Michael Shannon qui se prend pour un méchant outrancier comme arrive si bien à les produire Stephen King et si mal à les incarner Hollywood.
Ça aurait pu être formidable, mais c’est trop long, trop balourd ; tout est « trop ».