[Série TV] The Undoing, David E. Kelley (2020)

(Un couple de légendes)

Jonathan Fraser (Hugh Grant) est un spécialiste du cancer pédiatrique, son épouse Grace Fraser (Nicole Kidman) est psychiatre, ils se sont rencontrés à Harvard. Ils se sont mariés. Ils ont un fils de 12 ans. Ils sont beaux, riches, heureux. Un jour Elena Alves, une artiste fauchée, mère d’un garçon de dix ans (boursier), débarque dans la vie de Grace. Cette femme vient tout juste d’avoir un bébé et jure un peu dans l’entourage très snob, très huppé de Grace. Le soir d’une vente aux enchères au profit de l’école privée de leurs garçons, Elena est sauvagement assassinée à coups de marteau, dans son atelier d’artiste. Pour Grace Fraser, la descente aux enfers peut commencer.

Cette série sur l’adultère et la trahison est à la fois banale et prenante. Elle est banale car on l’a déjà lue, vue mille fois et le milieu des new-yorkais très aisés n’est pas l’environnement criminel le plus original qui soit. Elle est prenante car les acteurs (sauf un, j’y reviendrai) sont exceptionnels. Edgar Ramirez dans le rôle du flic agaçant. Donald Sutherland, extraordinaire, dans le rôle du père de Grace. Nicole Kidman, sans fausse note, qui semble avoir trouvé dans le format de série télé son meilleur terrain de jeu. Ils sont tous excellents, parfois éblouissants, sauf un : Hugh Grant. C’est embarrassant tellement il est à côté de la plaque, pas dans le ton, à l’extérieur du tableau. Si on considère que Nicole Kidman a le premier rôle, il a le second rôle, tout tourne autour de son adultère; de ses secrets, de ses mensonges. Et ça ne le fait pas. Pour moi le souci principal c’est qu’il n’est pas doué pour l’ambiguïté, contrairement à Michael Fassbender ou Mads Mikkelsen. Le couple qu’il forme avec Nicole Kidman est assez peu convaincant, il lui manque une flamme, un truc. Une alchimie. Hugh Grant n’a jamais été très bon dans les drames, là il crève le plancher et atteint un niveau de nullité qu’on ne lui connaissait pas.

Grosse erreur de casting.

Je suis donc déçu, et en même temps je suis allé jusqu’au bout sans souci.

Destroyer, Karyn Kusama (2018)

Destroyer

Erin Bell (Nicole Kidman) est une flic qui a des problèmes de flic et des problèmes de mère. D’une certaine façon, elle est au bout du bout du bout. Sa gueule pue l’alcool, sa démarche pue l’alcool, ses collègues soit la plaignent soit se foutent ouvertement de sa gueule (cela dit « ceux qui savent ce qu’elle a enduré » la plaignent). La fille d’Erin, âgée de seize ans, part en vrille, elle a plus ou moins abandonné ses études et traîne avec un connard plus âgée qu’elle, avec qui elle fait la tournée des bars. Un jour, Erin reçoit par la poste, à son bureau, un billet marqué, résultat d’un braquage qui a mal tourné (euphémisme). Ce billet taché de violet va la renvoyer des années et des années en arrière… quand elle était flic infiltrée dans un gang de Los Angeles et essayait de faire tomber Silas (Toby Kebbell).

Destroyer est un géant aux pieds d’argile. Le film s’effondre (et se vautre) pour pas grand chose. 1/ une erreur scénaristique si grosse qu’elle laisse pantois, d’autant plus que toute l’audace du film tient sur la scène (d’ouverture) durant laquelle a lieu ladite erreur. 2/ la performance forcée de Nicole Kidman, qui au jeu du avant (belle) et après (Bell défoncée), fait le job, tout en faisant  sans cesse penser à la prestation de Charlize Theron dans Monster de Patty Jenkins. Destroyer est raté, se traîne un peu (deux heures), mais reste attachant. On se surprend à pardonner beaucoup à Karyn Kusama qui tente quelque chose à la Michael Mann ou à la Kathryn Bigelow (Blue Steel, sans doute à réévaluer), avec certes moins de Maestria en termes de mise en scène pure. La réalisatrice s’aventure dans un genre cinématographique dans lequel ne s’expriment quasiment que des hommes.

Et puis il y a quelque chose de singulier dans ce film, une volonté de montrer le coût réel d’une erreur. La réalisatrice met les doigts dans la plaie à vif, encore et encore. Cette obstination, cette fascination laisse à penser que Karyn « Girlfight » Kusama reste une réalisatrice à suivre. Et qui lui faudrait filmer quelque chose de plus conséquent que le concept « enlaidir Nicole Kidman pour montrer que c’est une putain d’actrice ».