Ratgod – Richard Corben

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 » Arkham, Massachussets, dans les années 1920. Clark Elwood, professeur au sein de la célèbre université de Miskatonic, rencontre la belle Kito, qui va immédiatement le séduire.

Mais Kito est originaire d’un village reculé, dissimulé aux yeux des hommes et de la civilisation moderne dans les vastes forêts ancestrales du Massachusssets, où se pratiquent encore des rituels païens en hommage à de monstrueuses divinités oubliées… »

[En fait Kito parle Tlingit, donc elle est plutôt originaire du sud de l’Alaska. D’ailleurs, il est dit que son village de Lame Dog se trouve à « de nombreux jours de voyage, en voiture, d’Arkham ».]

Ratgod de Richard Corben (77 ans aujourd’hui, 1er novembre 2017) est un comics en cinq épisodes rendant ouvertement hommage à l’oeuvre de H.P. Lovecraft en général et au Cauchemar d’Innsmouth en particulier, mais comme Alan Moore ou Victor LaValle (auteur de The ballad de Black Tom – à paraître au Bélial’), Corben s’amuse du racisme de Lovecraft. Jusqu’à jouer avec la notion de métissage, poussant le bouchon très loin, comme le veut la tradition souvent perdue Heavy Metal / Métal Hurlant. Certains passages de cette BD rappellent Robert E. Howard davantage que Lovecraft, Clark Elwood est un personnage clairement howardien par certains aspects (pas tous).

Ratgod a un peu les mêmes qualités (graphiques) et les mêmes défauts (scénaristiques) qu’un Hellboy de Mike Mignola. En d’autres mots : le dessin est à tomber, mais le scénario est loin d’être exemplaire, avec manipulations scénaristiques un peu lourdingues (la taïga « préhistorique » de la première page), deus ex machina et cartouches explicatifs old school. La narration est parfois heurtée/chaotique (on a, à quelques endroits, l’impression qu’il manque une case de liaison dans l’art séquentiel de Corben qui ne l’a pas dessinée, sans doute car cette case « intermédiare » ne l’intéressait pas sur le plan graphique). Dans d’autres parties de la BD, pages 104 à 107 de l’édition française par exemple, le découpage est magistral.

Malgré ces petites réserves, j’ai beaucoup aimé.