Made in Britain, Alan Clarke (1982)


Voilà un film facile à résumer : on suit pendant quelques jours, le parcours d’ un jeune skinhead anglais de 16 ans, Trevor, incarné par Tim Roth, dont c’était le tout premier rôle. On y observe la dernière chance d’un système judiciaire anglais à bout de souffle qui voudrait essayer d’éviter d’envoyer un mineur en prison. On y voit un jeune homme en colère, dont la colère semble impossible à éteindre, quoique l’on fasse, quoique l’on dise. Existe-t-il vraiment des gens irrécupérables ?

Le film fait l’effet d’un coup de poing au plexus. Non seulement il vous coupe le souffle, mais il est en même temps impossible à lâcher (il dure 72 minutes, menées à un rythme d’enfer) et épuisant sur le plan émotionnel, tant on cherche (en vain) une petite chose à laquelle se raccrocher chez ce jeune homme perdu.

Quand on connaît l’histoire personnelle de Tim Roth (qu’il a transposée / modifiée dans sa seule réalisation à ce jour : l’éprouvant The War Zone), on se demande à quel point sa colère intime personnelle a servi à construire son rôle. Sur des années, Tim Roth a avoué qu’il avait été abusé sexuellement par un proche lorsqu’il était enfant, puis que ce proche n’était autre que son grand-père paternel, et enfin que son père aussi avait été abusé dans des conditions similaires.

Si vous voulez voir naître en direct un des plus grands acteurs de sa génération, je ne peux que vous conseiller la vision de ce Made in Britain.

(Film vu en DVD, édition Potemkine, VOSTFR).