L’Homme invisible – Leigh Whannell (2020)

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Cecilia Kass (Elisabeth Moss) étouffe dans sa relation de couple avec Adrian, un génie de l’optique. Ce sentiment d’étouffement est un euphémisme, elle est tout simplement terrorisée. Un soir, elle décide de s’enfuir. Elle drogue le richissime beau gosse, saute le mur et monte dans la voiture de sa sœur Emily au moment où Adrian, furieux, les rejoint. Il casse la fenêtre passager, mais les deux jeunes femmes arrivent à s’échapper et prennent la route de San Francisco. Quelques semaines plus tard, Cecilia apprend le suicide d’Adrian et hérite de cinq millions de dollars qui lui seront versés pendant un peu plus de quatre ans en mensualités de 100 000 dollars.

L’histoire finit bien ? Non, elle ne fait que commencer, car Cecilia se sent épiée et commence à se convaincre qu’Adrian n’est pas mort… qu’il l’observe, devenu invisible. Évidemment tout son entourage trouve cette idée particulièrement ridicule et lui conseille de consulter.

Il est tout à fait possible de prendre du plaisir à voir ce petit film d’horreur, il faut juste débrancher entièrement son détecteur à conneries scénaristiques. Il y en a plein (deux caisses et un peu de reliquat dans la réserve), dont une tellement grosse qu’il est impossible que le réalisateur (et ses producteurs) soient passés à côté ; ils ont donc pris le parti de passer en force. Et c’est là le talent principal de (l’acteur de Saw 1 à 3 devenu réalisateur) Leigh Whannell : il est fort, il sait comme peu de réalisateurs créer des moments de tension extrême (je dois admettre que plus d’une fois je me suis retrouvé cramponné à mon siège). Du même, j’avais bien aimé Upgrade.

Étrangement cet Homme invisible m’a ramené au regretté écrivain de science-fiction Charles Sheffield et à sa nouvelle « The Lady Vanishes » (Science Fiction Age, novembre 1996) qui me semble, pour le souvenir que j’en ai, entretenir un point commun troublant avec cette variation moderne sur L’Homme Invisible et le pouvoir que confère l’invisibilité (déjà considéré par Platon, ce qui ne nous rajeunit pas).

Sinon en cette époque précise, celle d’Adèle Haenel et de l’affaire Violanski, en cette époque où Virginie Despentes exhorte les femmes à se lever et à se casser, le film acquiert un peu malgré lui une vraie puissance métaphorique.

 

Upgrade, Leigh Whannell (2018)

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Futur proche.

Grey Trace répare des vieilles voitures. Un jour, il propose à sa femme de ramener une de ses voitures à son propriétaire. La surprise est totale pour Asha : elle se retrouve en face d’Eron Keen, inventeur génial qui travaille comme elle dans le domaine des implants intelligents/connectés. Sur le chemin du retour, la voiture connectée d’Asha est déroutée dans un quartier mal famée où le couple a un terrible accident. La jeune femme est assassinée devant les yeux de son mari. Lui est laissé tétraplégique par une blessure à la nuque.

Quelques jours après l’agression, Eron Keen propose à Grey une opération qui n’a jamais été tentée, une opération totalement illégale, mais qui pourrait lui rendre ses bras et ses jambes. Bien décidé à retrouver les assassins de sa femme, Grey accepte. Eron lui greffe alors une puce intelligente dans la nuque.

L’heure de la vengeance a sonné.

Upgrade est une série B australienne, dans tout ce qu’une série B peut avoir de plus noble : sincérité, maladresses scénaristiques, fautes de goûts, refus des standards scénaristiques hollywoodiens, envie de donner du plaisir brut aux spectateurs. J’ai beaucoup aimé ce petit film, même si, me semble-t-il, il était totalement inutile de faire du méchant un clone d’Adolf Hitler, même si l’inévitable twist n’en est pas un, tant on a compris dès le début de quoi il était question et où le film allait nous mener. Il y a une vraie belle faille scénaristique qui s’ouvre sur la fin. Elle était facile à combler ; le scénariste et réalisateur Leigh Whannell n’a pas jugé nécessaire de le faire. Son ambition semble ailleurs : produire une science-fiction éloignée des standards hollywoodiens, très nostalgique trouvé-je de la science-fiction fauchée des années soixante-dix. Upgrade est très chouette. Malgré tous ses défauts, vous pouvez lui donner une chance.