L’Arc, Kim Ki-duk (2005)


Sur son bateau, un vieil homme armé d’un arc traditionnel (on ne saura jamais son nom) fait venir des hommes pour pêcher à la ligne.
Tous sont fascinés par la jeune fille de 16 ans qui ne parle pas et vit avec lui.
Ils la croient muette ; elle ne l’est pas.
On dit qu’il peut prédire l’avenir et si c’était elle ?
Tous sont choqués car le vieil homme va épouser l’adolescente quand elle aura dix-sept ans.
Un jeune étudiant s’en mêle, d’abord en offrant un walkman à la jeune fille, puis en voulant connaître son histoire. Évidemment en se rapprochant trop de la propriété du vieil homme, il va provoquer un drame.

Kim Ki-duk c’est toujours pile ou face avec moi. Là j’avoue que j’ai été impressionné par la beauté plastique du film, les émotions contradictoires qu’il provoque. Les jugements moraux qu’il appelle (un homme peut-il posséder une femme comme si c’était un objet ? Évidemment, non. Mais est-ce si simple que cela dans certaines cultures ?). C’est clairement un film qui met mal à l’aise. C’est surtout un conte, on retrouve d’ailleurs des motifs emblématiques des contes populaires avant qu’ils ne fussent assagis par Disney.

Cruel, pervers, violent, épuré, magnifique. Et très perturbant.

Moebius, Kim Ki-Duk (2013)

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Une mère découvre que son mari la trompe avec la fille de la supérette d’à côté (très jolis nichons, pour les amateurs). Pour se venger, elle décide d’émasculer l’époux volage, mais s’y prend mal (ou comme une bite, si vous préférez) et rate son coup. Comme elle est folle, elle s’en va derechef trancher le zizi de leur fils, en pleine période masturbatoire, pas de bol pour lui. Pour tout arranger, elle bouffe le morceau prélevé, histoire d’empêcher toute possibilité de greffe. Cruellement raccourci, et en plus ça fait un mal de chien, le jeune homme qui n’avait déjà pas une vie facile, va avoir la vie encore plus compliquée, surtout quand ses tourmenteurs du moment l’impliquent dans un viol collectif dont sera victime la bombasse de la supérette.

Heu… alors là, j’en suis presque sans voix (d’ailleurs comme à peu près tous les acteurs du film, qui est presque muet). J’ai vu des films bizarres dans ma vie, chez Pasolini, Takashi Miike, Shin’ya Tsukamoto, David Lynch, mais celui-là me semble exploser absolument tous les compteurs. Donc c’est complètement barrécrado en un seul mot, avec des personnages qui feraient passer ceux de David Lynch pour normaux. C’est perturbant, passablement dégueulasse, limite insoutenable à deux ou trois reprises, a priori d’une misogynie étouffante, mais en fait, à la réflexion, les personnages masculins sont pas forcément meilleurs que les personnages féminins. Ce cinéma de l’abject arbore donc des pastèques en lieu et place des couilles, et c’est un peu ça mon problème, c’est qu’en fait, à trop transformer le spectateur en punching-ball et à trop vouloir le voir changer de couleur puis gerber, ben, finalement tout ça perd en force et finit par faire prout. Le propos, s’il y en a un (il est permis d’en douter) s’étiole dans un sifflement d’intestin crevé, l’odeur avec.

Donc j’ai vu Moebius, j’ai trouvé ça moins intéressant que pénible, et au final je ne le conseille à personne et je doute d’avoir envie de le revoir un jour, contrairement à Salo ou les 120 journées de Sodome que j’ai vu à de nombreuses reprises, en salle d’art et d’essais et à la maison ; car là, même si le spectacle vous met à plusieurs reprises le cœur au bord des lèvres, il y a un propos fulgurant, notamment sur le pouvoir.

En ce qui me concerne, un Kim Ki-Duk à oublier.