Never let me go, Mark Romanek (2010)

Never-Let-Me-Go

Enfants, ils ont grandi dans le pensionnat de Hailsham où ils ont découvert l’horrible vérité : ils ne sont pas des êtres humains à part entière, mais des réserves d’organes condamnées à mourir après un troisième ou quatrième don, condamnés à la « complétion » – le don ultime des organes qu’il leur reste. Comment vivre dans ces conditions-là ? Et ont-ils droit à l’amour puisqu’ils n’ont pas le droit de vivre ?

Never let me go / Auprès de moi, toujours est l’adaptation du roman éponyme de Kazuo Ishiguro. Je n’ai pas lu le roman, mais le film m’a donné envie de hurler à peu près tous les cinq minutes (enfin quoi, c’est en Angleterre que les Sex Pistols ont vu le jour… et la nuit). On ne croit jamais à cette uchronie médicale où, à partir de 1952, les progrès de la médecine ont été tels que l’espérance de vie dépasse les cent ans (à condition toutefois de changer régulièrement quelques pièces détachées). Ces jeunes clones (à défaut d’un autre terme) acceptent leur condition, ne se rebellent jamais, ne la remettent quasiment jamais en question, ou alors du bout des lèvres. J’ai attendu un sursaut de Keira Knightley, de Carey Mulligan et d’Andrew Garfield jusqu’au bout du film… attendu, attendu. Même cette histoire de triangle amoureux (puisque visiblement c’est ce qui intéressait l’auteur avant tout) aurait pu être plus intéressante, plus intense, plus bouleversante. Kazuo Ishiguro a inventé le concept de « dystopie polie ».

Utiliser une idée de science-fiction terrifiante pour ne rien en faire d’autre qu’un drame (vaguement) romantique mais assurément dépressif, avec de belles vues de la campagne et des plages anglaises, c’est soit criminel soit rageant, voir les deux.

Il existe un contre-Never let me go, une œuvre pleine de foutre et d’hormones, qui déborde de partout, où tous ces gentils clones-réserves-d’organes foutent un boxon pas possible, ça s’appelle Outrage et rébellion de Catherine Dufour et c’est autrement plus intéressant.