De si jolis chevaux, Billy Bob Thornton (2000)

Passion torride au ranch mexicain

(Passion brûlante dans le ranch Nalgas bonitas – Harlequin 843.)


John Grady Cole (Matt Damon, falot) et son ami Lacey Rawlins (Henry Thomas, sous-employé) s’imaginent comme les derniers cow-boys (nous sommes aux USA à la fin des années 40). Ils partent donc au Mexique, travailler dans un immense ranch. Leur truc ce sont les chevaux, qu’ils dressent avec un talent indéniable. Pour être franc, c’est surtout John qui a le sens des chevaux. Mais voilà que ce demi-puceau tombe amoureux d’Alejandra (Penelope Cruz, très pub espagnole pour cosmétiques hors-de-prix), la fille du riche propriétaire mexicain. Un drame est en marche.

Ce film, je l’ai vu au cinéma quand il est sorti. J’avais lu le livre avant et je l’avais adoré ; je me souviens bien c’était un Actes Sud dans ce format étroit qu’ils ont fini par abandonner, me semble-t-il. Ce livre, je l’ai offert à plusieurs reprises dans ma vie (pour constater au final qu’en termes de technique de drague c’est très approximatif). A l’époque (circa 2001) je n’avais pas aimé le film. Vingt ans plus tard, trouvant le DVD a vil prix dans un bac d’occasions, je me suis dit que j’allais retenter l’expérience. Des fois, et je n’ai jamais trop compris pourquoi, on passe à côté d’un film. On le revoit et boum! on découvre que c’était en fait un chef d’œuvre. Soyons clairs : ça n’arrive pas souvent.

Visiblement Billy Bob Thornton et moi n’avons pas lu le même livre. De si jolis chevaux est un roman âpre, puissant, orageux, traversé par des fulgurances métaphysiques sur la vie, la mort, l’amour et évidemment (on est chez Cormac McCarthy) Dieu. Les dialogues sont typiques de l’auteur. Le film, lui, c’est une espèce de romance hollywoodienne avec de jolis chevaux, de beaux couchers de soleil et une histoire d’amour hollywood chewing-gum qui finit mal. OK… il y a comme un gouffre là. Quant à la scène la plus terrible du livre, une scène qui vous noue les tripes et que vous n’oublierez jamais… Dans le film, c’est juste un sparadrap qu’on arrache, et encore, un petit sparadrap. C’est anecdotique. Voilà, j’ai trouvé le bon mot, d’un chef d’œuvre de la littérature, Billy Bob Thornton a tiré un film au mieux anecdotique.

« T’as fait quoi ce week-end ?

– J’ai regardé De si jolis chevaux en DVD, c’était vraiment pas top. »

Gerald’s game / Jessie – Mike Flanagan (2017)

geralds-3

Un homme (qu’on suppose très aisé puisqu’il achète des steaks Kobe à 200 dollars pièce) emmène son épouse Jessie dans leur maison au fil de l’eau. Il n’y a personne à 800 mètres, lui précise-t-il. Ils viennent là pour tenter quelque chose, se rabibocher, jouer à un jeu sexuel de domination. Gerald a emmené des menottes (des vrais, solides, pas des trucs couverts de moumoute rose) et un flacon de viagra. Pendant qu’il se prépare (et hop je gobe une petite pilule bleue), Jessie donne un des steaks à un chien errant. « Le meilleur repas de sa vie. » Puis le jeu de rôles sexuel commence et Jessie se rend compte que son mari a des fantasmes encore plus tordus que ce qu’elle craignait et surtout que ça ne l’amuse pas, mais alors pas du tout (pour des raisons qu’elle n’a pas envie d’aborder). Ils se disputent et Gerald fait une crise cardiaque, laissant Jessie seule menottée au lit… alors que le chien approche et qu’une menace bien pire rôde autour de la maison.

Susciter la peur au cinéma n’est pas chose facile, Mike Flanagan n’y parvient pas tout à fait, même s’il réussit quelques scènes de forte tension. Par contre, il propose un portrait absolument immonde (et convaincant) de la gente masculine. Et atteint sans trop se forcer des sommets de l’horreur psychologique. La scène de l’éclipse restera sans doute comme une des scènes d’abus sexuel les plus impressionnantes jamais réalisées. Si Bruce Greenwood et Henry Thomas sont particulièrement impressionnants, notamment dans l’expression frontale de leur misère sexuelle, Carla Gugino est un peu en retrait dans le rôle principal, elle n’arrive pas à se hisser au niveau d’actrices comme Carrie Coon, Jessica Chastain ou Brit Marling. Elle manque un poil d’incandescence.  Dans un rôle très proche, celui de Claire Spencer dans Apparences de Robert Zemeckis, Michelle Pfeiffer était autrement plus mémorable.